WASHINGTON | Le président américain Donald Trump a mis son veto mercredi à des résolutions du Congrès bloquant des ventes d’armes controversées à l’Arabie saoudite et à d’autres alliés.
Ces résolutions, adoptées la semaine dernière, «affaibliraient la compétitivité de l’Amérique dans le monde et nuiraient aux importantes relations que nous avons avec nos alliés et partenaires», a dit M. Trump dans un courrier adressé au Sénat et diffusé par la Maison-Blanche.
Elles «nuiraient également à la crédibilité des États-Unis en tant que partenaire fiable en envoyant le message selon lequel nous sommes prêts à abandonner nos partenaires et nos alliés au moment même où les menaces envers eux s’intensifient», a-t-il ajouté.
Or l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont «un rempart contre les activités néfastes de l’Iran et de ses associés dans la région», et les ventes d’armes bloquées par le Congrès augmentent les capacités de ces deux pays alliés «à prévenir ces menaces et à se défendre contre elles», a-t-il jugé.
«Pour ces raisons, il est de mon devoir de renvoyer (ces résolutions) au Sénat sans mon approbation.»
Conflit au Yémen
Ces ventes d’armes d’une valeur de plusieurs milliards de dollars avaient été autorisées fin mai par l’administration Trump, qui avait contourné le Congrès en invoquant une situation d’urgence provoquée par l’Iran.
Mais les élus de la Chambre des représentants, dont beaucoup se sont dits horrifiés par l’assassinat l’an dernier du journaliste saoudien Jamal Khashoggi par des agents de son pays, ainsi que par le conflit au Yémen, ont voté la semaine dernière pour une série de mesures visant à empêcher ces ventes aux Saoudiens et à leurs alliés émiratis notamment.
Le Congrès américain avait déjà approuvé début avril une résolution exhortant le président Trump à cesser toute assistance à la coalition menée par l’armée saoudienne, qui intervient depuis 2015 dans la guerre au Yémen contre les rebelles Houthis soutenus par Téhéran, ennemi commun de Ryad et Washington.
Depuis l’intervention de la coalition, le conflit a fait près de 10 000 morts et provoqué «la pire crise humanitaire au monde», avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l’ONU.
Le rôle de l’Arabie saoudite dans les exactions commises contre les civils yéménites est régulièrement dénoncé par des organisations humanitaires et des responsables politiques du monde entier.
Mais pour le président américain, bloquer les ventes d’armes à Ryad et donc «restreindre la capacité de nos partenaires à produire et acheter des munitions de précision (...) prolongerait probablement la guerre au Yémen et approfondirait la souffrance qu’elle provoque».
«En minant les relations bilatérales des États-Unis et en entravant notre capacité à soutenir nos partenaires-clés à un moment crucial, loin d’aider, la résolution nuirait aux efforts en vue de mettre fin au conflit au Yémen», a-t-il affirmé, alors que «les États-Unis sont très préoccupés par l’impact du conflit sur les civils innocents».
«Et sans les munitions de précision, il est probable que davantage --pas moins-- de civils deviennent des victimes du conflit», a-t-il conclu.