Jean-François Cliche - (Québec) Stephen Harper ne comptait sans doute déjà plus sur le Québec pour décrocher un «mandat fort», et les derniers sondages des firmes Segma et GPS ne feront rien pour ranimer ses espoirs. À l'échelle de la province comme dans huit circonscriptions ciblées par l'enquête, le même portrait se dessine, et il ressemble bien à une vague bloquiste.
«Ce qui ressort, c'est la force du Bloc, dit Raynald Harvey, président de Segma, qui projette pas moins de 57 députés pour la formation indépendantiste. On avait choisi ces comtés-là (voir le graphique ci-dessus) parce qu'on pensait que la lutte y serait chaude, mais on se rend compte qu'il n'y a rien de serré là-dedans.»
Dans l'ensemble du Québec, où Segma a interrogé 506 personnes, la formation de Gilles Duceppe obtient 42 % de la faveur populaire après répartition des indécis, ce qui lui donne une avance confortable de 22 points sur le Parti conservateur (PCC, 20 %) et de 24 points sur le Parti libéral (PLC, 18 %). Le Nouveau Parti démocratique (13 %) et le Parti vert (8 %) ferment la marche.
Depuis la mi-septembre, le Bloc québécois a donc gagné neuf points, pendant que le PCC en perdait 11.
Dans les huit circonscriptions sondées, seule Roberval?Lac-Saint-Jean s'avère aussi chaudement disputée que prévu. Le bloquiste Claude Pilote s'y trouve nez à nez avec le député conservateur sortant, Denis Lebel, qui avait pourtant obtenu près de
60 % des voix lors d'une partielle en 2007.
Fortes avances
Ailleurs, le même scénario se répète partout : les candidats bloquistes mènent tous par des marges de 12 points et plus. Leur avantage atteint même des pointes de 44 points dans Sherbrooke et de 30 dans Trois-Rivières, et même le ministre Jean-Pierre Blackburn apparaît en sérieuse difficulté dans Jonquière?Alma, où il accuse un retard de 13 points.
Fait à noter, dans les cinq circonscriptions sondées par Segma (Brome-Missisquoi, Louis-Hébert, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saint-Maurice?Champlain), entre 51 et 58 % des sondés croient qu'il serait «dangereux» que le Parti conservateur obtienne un mandat majoritaire.
Selon M. Harvey, la chute du PCC s'explique par plusieurs faux-pas. Leurs compressions dans les arts, le retrait du soutien fédéral aux organismes de développement régional et leur ligne dure à l'égard des jeunes contrevenants furent mal accueillies au Québec. Leurs prises de bec fréquentes (et même quotidiennes au début de la campagne) avec le gouvernement provincial ont également pu pousser des électeurs vers le Bloc.
«Une chose importante, dit M. Harvey, c'est qu'une bonne partie du vote conservateur est composée de gens qui votent pour les libéraux provinciaux. Alors c'est sûr que les chicanes avec le gouvernement Charest ont pu en faire fuir.»
Soulignons enfin qu'au Saguenay?Lac-Saint-Jean, les gains du Bloc ne se sont pas faits aux dépens du PCC, puisque ce dernier obtient maintenant plus d'appuis qu'à la fin septembre dans Chicoutimi?Le-Fjord et Jonquière?Alma. «Il y a une polarisation du vote, explique le sondeur Roger Boivin, de Groupe Performance Stratégique (GPS). La campagne de ralliement anti-Harper du Bloc fonctionne, ce qui leur donne plus de soutien, mais la campagne de ralliement fédéraliste fonctionne elle aussi.»
Roberval fait encore exception puisque là-bas, c'est une remontée du libéral Bernard Garneau qui a fait perdre au conservateur Denis Lebel l'avance de 10 points qu'il détenait sur le Bloc il y a deux semaines.
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Sondage
Pari perdu pour Stephen Harper au Québec?
LCN 10/10/2008

À quelques jours du scrutin fédéral, un nouveau sondage vient confirmer que Stephen Harper semble avoir perdu son pari québécois.
En effet, un sondage Segma-La Presse publié ce matin démontre que les conservateurs sont en plein déroute. Les résultats donne une confortable avance au Bloc Québecois avec 42 % de la faveur populaire.
Conservateurs et libéraux sont au coude à coude avec respectivement 20 % et 18 % des intentions de vote.
Le NPD récolte 13 % et le Parti vert termine dernier avec 6 % des voix.
Selon ce même sondage, si on regarde les résultats par région, le Parti conservateur est menacé dans cinq des 11 circonscriptions qu'il détenait avant le déclenchement des élections.
Les coupures dans la culture semblent donc avoir eu un impact significatif sur les intentions de vote.