Un blogueur a dénoncé le laissez-faire de YouTube, qui permet à des pédophiles de s’échanger des liens et les coordonnées de petites filles en commentant sous les vidéos que publient naïvement celles-ci.
Plusieurs marques, dont Disney, Epic Games, McDonald's ou encore Canada Goose ont suspendu leurs partenariats publicitaires sur la plateforme YouTube. Elles ont pris cette mesure après la diffusion, par un blogueur américain, d'une vidéo dénonçant la permissivité de ce réseau envers les pédophiles.
Dans cette vidéo de 20 minutes publiée le 17 février, visionnée plus de deux millions de fois, le blogueur Matt Watson jette un véritable pavé dans la mare au sujet des pédophiles qui rôdent sur YouTube, ce réseau leur fournissant selon lui tout ce qu'ils recherchent.
«Ici les pédophiles s’échangent des contacts sur les réseaux sociaux, donnent des liens vers des contenus de pornographie infantile, ils s’échangent des liens secrets», s'écrie le youtubeur ulcéré. «L’algorithme de YouTube, à cause de problèmes techniques ou de défauts, facilite la possibilité de le faire», poursuit-il.
Ici les pédophiles s’échangent des contacts sur les réseaux sociaux, se fournissent des liens vers de la pornographie infantile
Depuis, Youtube a censuré des dizaines de millions de commentaires, mais cela n'a pas suffi à étouffer le scandale.
Matt Watson a en effet pris conscience de la prolifération de vidéos publiées naïvement par de petites filles du monde entier pour montrer des figures de gymnastique, leurs poupées ou leur quotidien dans leur chambre. Sur ces images accessibles à tous et dont le visionnage suscite un certain malaise, des petites Brésiliennes, Russes, Philippines ou Américaines de 6 à 12 ans apparaissent parfois en sous-vêtements.
En quelques clics, le blogueur s'est rendu compte que des pédophiles se servaient des commentaires pour se fournir des liens pédopornographiques, échanger leurs coordonnées (ou les donner à la petite fille en question) ou tout simplement écrire des remarques obscènes. Le pire, remarque-t-il, est que YouTube tire profit des visionnages de ces vidéos qui génèrent des revenus publicitaires...
YouTube : terrain de jeu des pédophiles
Matt Watson remarque que certains hommes notent, à l'aide d'un lien, comme le permet la plateforme, le minutage précis de la vidéo correspondant au moment où l'enfant se met à écarter les jambes, adopte une position gênante. Ils commentent également de manière inappropriée des vidéos de petites filles ou pré-adolescentes : «Ouvre, ouvre !», «Jolis seins», «Hé bébé, d'où viens-tu ?»...
Scandalisé par toutes ces pratiques, Matt Watson note que les «les gens le savaient depuis longtemps», avec à l'appui des articles de presse datant de 2017 qui tiraient déjà la sonnette d'alarme à ce sujet. Passant en revue les conditions d'utilisation prétendument durcies par YouTube en 2017, le youtubeur note que si la plateforme assure disposer d'un «algorithme qui détecte les commentaires des prédateurs ou sexuels», celui-ci est au mieux défaillant, au pire totalement inefficace.
Sans jamais être détectées, la plupart des jeunes filles publiant ces vidéos enfreignent les conditions d'utilisation de YouTube, puisqu'un âge minimal est requis pour être titulaire d'un compte Google, qui est de 13 ans aux Etats-Unis, 14 ans en Espagne, 16 ans au Portugal ou en Allemagne...
L'ampleur du scandale suscité par ces révélations a contraint YouTube à réagir, en supprimant de très nombreux commentaires. «Nous avons immédiatement pris les mesures correspondantes, en supprimant des chaînes et des comptes, en signalant toute activité illégale aux autorités et en désactivant les commentaires sur des dizaines de millions de vidéos incluant des mineurs», a en outre fait savoir le 21 février un porte-parole de YouTube.
L'ampleur ce «nettoyage» en dit toutefois long sur l'incurie qui règne en matière modération depuis plusieurs années. La plateforme ajoute cependant avoir agi «au-delà de ce qui avait été signalé», en supprimant des milliers de commentaires inappropriés, en signalant les commentaires illégaux et en supprimant «des dizaines de vidéos mises en ligne avec des intentions légitimes, mais mettant clairement des mineurs en danger».
Lire aussi : Scandales de pédophilie dans l'Eglise : le pape organise un sommet anti-abus sexuels