Les hauts cris d’indignation lancés par les vierges offensées libérales par la voix du porte-parole de l’opposition officielle, Jean-Marc Fournier, concernant les mesures proposées par la ministre de l’Éducation, tentent encore une fois de susciter la colère et l’inquiétude des Québécois sur des thèmes majeurs de leur existence, à savoir leur langue et leur culture.
En guise d’éclaircissement, je vous présente lesdites mesures, les arguments du gouvernement et les réactions qu’elles ont suscitées de la part de Jean-Marc Fournier. D’abord, en ce qui a trait à l’enseignement de l’anglais, le gouvernement Marois veut en revoir deux aspects, soit de mettre un frein à l'implantation du programme intensif en sixième année d'ici 2015 et d’abolir les cours obligatoires dès la première année.
Concernant l’implantation du programme intensif en sixième année, Mme Malavoy invoque sa réticence à implanter un tel programme pour tous les élèves, alléguant la prudence sur les conséquences d’une tel programme sur les élèves en difficulté et sur les enseignants qui ont déjà, pour plusieurs, manifesté leur intention d’être mutés à un autre degré si une telle mesure était implantée dans leur école. À cela, M. Fournier réplique que le PQ, en agissant de la sorte, veut pénaliser «l'avenir collectif du Québec en voulant limiter l'aptitude des Québécois à parler plus d'une langue».
En ce qui a trait à l’intention d’abolir les cours d’anglais obligatoires dès la première année, la ministre de l’Éducation soulève un problème, à mon sens, majeur, à savoir celui d'introduire une langue étrangère alors que les enfants commencent à peine à maîtriser les concepts, la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire de leur langue maternelle. Ce à quoi rétorque Jean-Marc Fournier : «Il y a au Québec des Québécois d'expression anglaise, ce sont des Québécois, ce ne sont pas des étrangers…l'intolérance du Parti québécois doit cesser».
L’autre mesure proposée par Marie Malavoy concerne l’intention du gouvernement de faire une plus grande place à la question nationale dans les cours d'histoire du secondaire, la ministre alléguant que l'histoire du Québec, qu’on le veuille ou non, est traversée par le débat national. « On est profondément divisé sur cette question…On doit pouvoir parler de la question nationale. Pas pour dire aux gens quoi penser, mais parce que cela traverse notre quotidien », en citant au passage les divergences d'opinion sur le protocole de Kyoto avec le gouvernement conservateur ou encore la question du registre des armes à feu.
Pour ce qui est du porte-parole de l’opposition officielle, la ministre a «abdiqué de ses responsabilités au profit de l'aile radicale de son parti». En conséquence, le chef libéral par intérim demande à la première ministre Pauline Marois de ramener à l'ordre sa ministre de l'Éducation et de veiller à ce qu'elle «ne se servira pas des écoles québécoises pour amener notre jeunesse dans la trappe à homards de la souveraineté».
En somme, quand on observe objectivement les mesures proposées par la ministre de l’Éducation, on ne peut que constater qu’elles ne visent que des objectifs réalistes et sur lesquels les partis politiques d’opposition, au lieu de crier au scandale, auraient avantage à prendre du recul pour les analyser au lieu d’en faire une tempête dans un verre d’eau aux allures de vil capital politique comme nous y a habitué depuis des décennies le PLQ.
Enfin, j’espère que, dans ces dossiers, le PQ ne ressortira pas encore le spectre de son statut minoritaire pour faire marche arrière comme il l’a fait récemment en ce qui a trait à la taxe santé et à son attitude dans ses relations avec le gouvernement fédéral!
La réplique de la semaine
Si on instituait un concours accordant un prix à la réplique de la semaine, je l’attribuerais sans contredit à Jean-Simon Gagné dans sa chronique parue dans Le Soleil du 12 octobre sous le titre « Le trio amnésique » lorsqu’il fait allusion aux déclarations des trois candidats à la direction du PLQ qui affirment qu’ils ne feront pas de compromis en matière d’éthique : « Les politiciens sont comme les tapis : toujours plus propres après avoir été battus ».
Henri Marineau
Québec
Au sujet des mesures proposées par la ministre de l'Éducation
Une tempête dans un verre d'eau
La réplique de la semaine
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
Cliquer ici pour plus d'information
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
13 octobre 2012Je ne comprends pas la pensée de la Ministre en ce qui touche les écoles privées. Le système public lui-même fait de la sélection:sports-études, programme international, voie enrichie en maths...etc...
Le problème de fond: le financement!
Laurent Desbois Répondre
12 octobre 2012«Où était la gauche durant le tumulte qu'a subit le PQ après l'annonce de l'annulation de la taxe santé....? Invisible !!! Où étaient QS, ON, les syndicats et autres organismes de gauche pour appuyer les mesures de gauche du PQ... Nous ne les avons vu nul part... et ils osent reprocher le volte face du PQ, alors qu'ils savaient très bien qu'un gouvernement minoritaire ne pourrait faire grand chose.
.. Où était la gauche pour soutenir les décisions du PQ. À l'exception de Léopold Lauzon et de l'IRIS, aucune organisation de gauche n'est sortie publiquement pour soutenir le PQ... La droite, par contre ne s'en est pas privée elle....!!!
Quand la gauche sera suffisamment adulte pour unir ses efforts et faire du Québec une société plus juste...» - Linda Bossé
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
12 octobre 2012M. Marineau,
Votre sujet semble vérité de la Palisse: l'opposition s'oppose. Or, il faut surtout appuyer les actions multiples de ce Gouvernement que nous avons élu menotté. Vous dites: "Enfin, j’espère que, dans ces dossiers, le PQ ne ressortira pas encore le spectre de son statut minoritaire pour faire marche arrière comme il l’a fait récemment ..."
Son statut d'alpiniste suspendu dans le vide, toujours sujet à se faire couper la corde par les corrompus non repentis, le condamne à produire à vitesse industrielle des projets démontrant la route à suivre vers la liberté. Marois a donné des missions à tous ses ministres qui s'acquittent l'un après l'autre des démonstrations de ce qu'elle aurait pu faire si nous avions résisté aux peurs libérales le 4 septembre dernier. Fournier fait la preuve de la rage qui sévit encore dans ce parti talonné par la Commission Charbonneau. Legault lance aussi ses chiens atteints du même mal contre chaque mouvement du Gouvernement traqué. Ils s'uniront au moindre prétexte pour ramener dans l'opposition un parti qui n'obéira pas aux accusations "d'intolérance" qui lui sont toujours servies dans "la langue étrangère".
Pour survivre et continuer à démontrer la voie du Québec autonome, le gouvernement n'a pas le choix de proposer des compromis, qui serviront à l'opposition de s'opposer encore.