Une réserve de 2 milliards $ jugée «suspecte» pour des dépenses post-électorales

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Les Anglais appellent cette pratique le «feather-bedding» qu'on peut traduire par « coussinnage »

OTTAWA - Le Directeur parlementaire du budget juge «suspect» le montant de près de 2 milliards $ que le fédéral a mis de côté, dans sa dernière mise à jour économique, pour des dépenses qui suivront tout juste les prochaines élections de 2019.


Dans un rapport déposé mardi, le DPB souligne que l’Énoncé économique de l’automne du gouvernement Trudeau identifie une réserve de 1,9 milliard $ pour des «investissements futurs dans les programmes et les services essentiels» qui sont prévus pour la période allant de 2020 à 2023. Or, le ministère des Finances ne détaille aucune de ces dépenses.


«Il ne faut pas se leurrer. Le fédéral prévoit dépenser 300 millions $ dès 2020, mais on n’a aucune idée de quel programme il s’agit. Ça arrive juste après l’élection, c’est suspect», a analysé le directeur parlementaire du budget, Jean-Denis Fréchette.


Ce dernier invite dans son rapport les parlementaires à poser des questions au sujet des détails de ces investissements pour confronter ce qu’il voit comme un manque de transparence de la part du gouvernement. «Ça saute aux yeux, parce que le reste des dépenses prévues dans la mise à jour sont précisées. Ici, personne n’est capable de dire à quoi sert vraiment l’argent. Il y a une absence d’explications qui est problématique», a-t-il constaté.


La mise à jour économique se borne en effet à dire que la réserve servira à «continuer de répondre aux exigences des programmes et services essentiels à la mission» du gouvernement, une description que M. Fréchette qualifie de «creuse».


Le DPB souligne que ce coussin de 1,9 milliard est d’autant plus inhabituel que les projections économiques du gouvernement fédéral sont déjà très prudentes.


Le nouveau rapport relève également que la mise à jour économique de l’automne ne fait aucune mention d’un plan ou d’un échéancier de retour à l’équilibre budgétaire. Cela faisait pourtant toujours partie des objectifs du gouvernement dans le budget 2016.


«Il semble que cette promesse-là n’est plus tenue. Le gouvernement travaille plutôt maintenant à faire diminuer le ratio de la dette par rapport au PIB», a constaté M. Fréchette.