Une qualité en soi

«Je sais que c'est une femme, mais je ne la vois pas là où elle voudrait être» sans examen objectif de ce qu'elle représente justement en tant que femme.

Emberlificoté, pas fort...



Vivian Barbot - L'auteure a été présidente de la Fédération des femmes du Québec, députée du Bloc québécois et présidente par intérim du Bloc québécois.

Les propos de M. Frigon au sujet de Pauline Marois, qui sont malheureusement aussi proférés inconsidérément par un certain nombre de personnes - dont des femmes -, me découragent au plus haut point.
«Il y a Pauline Marois que je ne peux tout simplement pas voir dans le fauteuil de première ministre du Québec, non pas parce qu'elle est une femme, mais parce qu'elle est Pauline Marois», écrit M. Frigon. Cette restriction m'interpelle tout particulièrement, car le fait même d'avoir à souligner ainsi, par une formulation négative, l'incapacité de voir Mme Marois/femme indique justement que la distinction de genre s'impose.
En effet, si Pauline Marois devenait première ministre du Québec, ce que je souhaite, il s'agirait d'un événement en soi, d'un signe tangible que notre société a changé fondamentalement, d'une indication qu'au Québec comme ailleurs, une femme peut accéder à la plus haute fonction de l'État. Et cela a une valeur en soi qu'il faut considérer autant que les autres qualités de la personne pressentie.
Pour avoir demandé à maintes reprises à certains interlocuteurs «qui ne voient pas Pauline Marois» de préciser leur pensée, j'ai pu constater bien souvent que loin d'avoir accordé une quelconque valeur au fait qu'elle est une femme, ils l'écartent d'un revers de main comme si ça allait de soi. Ce qu'ils disent en fait, c'est tout simplement: «Je sais que c'est une femme, mais je ne la vois pas là où elle voudrait être» sans examen objectif de ce qu'elle représente justement en tant que femme.
Or, on ne peut pas passer à côté du fait que Pauline Marois est une femme qui joue dans les ligues majeures. Cela a une importance particulière dont il faut tenir compte dans l'appréciation de sa candidature.
La question que je pose alors à ces personnes et que j'aimerais poser à M. Frigon est la suivante: «Aujourd'hui, en 2012, accordez-vous une certaine valeur au fait que Pauline Marois est une femme? Se pourrait-il que vous ne la voyiez pas première ministre justement parce qu'elle est une femme, vous laissant ainsi tromper par la perception peut-être inconsciente que «c'est un job de gars» ?
Il ne fait aucun doute que Mme Marois, qui a fait maintes fois la preuve de ses capacités alors qu'elle a été plusieurs fois ministre et dans son rôle de chef de parti, a l'autorité morale gagnée par la force de son caractère et sa vision de la société.
M. Frigon aura beau trouver que le Québec «est devenu pauvre en hommes d'État (sic)», il n'en demeure pas moins que les femmes ont tout un plafond de verre à briser pour que la perception de tout un chacun se projette au-delà des apparences et de l'indicible.
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Mme. Barbeau réagissait à l'opinion de Gaétan Frigon intitulée «On n'est pas sortis du bois».

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L’auteure a été présidente de la Fédération des femmes du Québec, députée du Bloc québécois et présidente par intérim du Bloc québécois





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