Un PQ en crise ou un Québec en crise ? (3)

Une proposition d’association avec le Canada anglais totalement irréaliste

Les mouvements indépendantistes prennent-ils réellement les moyens pour que vive leur rêve ?

Tribune libre

Le PQ est né dans la mouvance du Maitre chez nous de Jean Lesage, celui-ci croyait fermement que la Constitution canadienne offrait aux Canadiens français suffisamment de marge de manœuvre pour qu’ils puissent s’épanouir dans un Canada fort.
René Lévesque, quant à lui, voyait très bien que cette option était peut crédible, aussi proposait-il aux libéraux une démarche qui prônait une indépendance politique et une interdépendance économique.
Le 14 septembre 1967 avec une soixantaine de personnes, il quitte le parti libéral. Les 18 et 19 novembre de la même année, environ 400 personnes réunies au monastère des frères dominicains de Montréal fondent le mouvement Souveraineté-Association qui sera suivi de la création du Parti québécois, l’année suivante, en octobre, à Québec.
Dès sa création le PQ est politiquement structuré autour de deux orientations qui vont irrémédiablement le conduire vers des confrontations idéologiques incompatibles.
D’un côté, le rêve de faire oublier la défaite des plaines d’Abraham et réanimer chez tous les Québécois l’espoir des premiers colons français pour que vive, enfin pleinement, une liberté jamais possédée, avoir un pays à soi.
De l’autre côté, un pragmatisme terre-à-terre pour accéder à ce rêve. Une proposition d’association politique et économique avec les vainqueurs d’hier.
Je cite René Lévesque dans la présentation qu’il fait du programme du Parti québécois de 1970.
« Ce qui n’exclut absolument pas ces formes nouvelles d’association dont le monde d’aujourd’hui nous offre également des modèles en plein essor, et que notre programme propose d’adapter aux intérêts politique et économique du Canada aussi bien que du Québec.
Négociée d’égal à égal, une telle association remplacera par une coopération souple, décomplexée et stimulante les vieux liens de plus en plus morbides de la relation majorité-minorité et fédéral-province.»

Mais cette proposition d’association avec le Canada anglais me parait totalement irréaliste.
René Lévesque ne pouvait pas ignorer qu’il y aurait une fin de non-recevoir à sa proposition. Comment ce gouvernement qui est, à l’époque, toujours sous domination Britannique, la constitution n’est-elle pas à Londres, aurait-il pu accepter de négocier une nouvelle entente, d’égal à égal, venant de la province de Québec alors que toutes les tentatives de modifications de la Constitution ont toujours été regardées de haut.
Je pense plutôt que René Lévesque, en homme de compromissions, connait très bien son monde. D’une part les Québécois, très prudents lorsqu'ils s’adressent aux dominateurs et possesseurs du pouvoir. René Lévesque ne peut qu’anticiper la réponse. Il sait qu’Ottawa et les provinces anglaises vont tout faire pour empêcher cette séparation.
Aussi, selon moi, ces deux petits paragraphes ciblent deux objectifs globaux.
Le premier étant de sécuriser tout le monde.
Cette démarche sera démocratique, et sans violence.
Les premiers ciblés étant les Québécois soumis par un conditionnement inconscient. Ensuite, toutes les nations de ce monde en leur précisant que si de nombreux peuples ont récemment acquis leur indépendance par des guerres de libération, ce ne sera pas le cas du Québec, ici vit un peuple respectueux des règles de la démocratie. Et puis la Couronne britannique et le Canada anglais en leur signifiant que s’ils refusent la main tendue et en arrivaient à agresser les Québécois, ils devront assumer l’opprobre international.
L’autre objectif, c’est d’offrir une voie alternative aux libéraux nationalistes de Jean Lesage joignez vous à nous, nous serrons pacifiques, mais c’est aussi un appel à la modération, dirigé vers les autres indépendantistes, notamment les militants «purs et durs » du Rassemblement pour l’indépendance nationale, le RIN.
Deux paragraphes prémonitoires puisqu’ils ont été écrits quelque mois avant les évènements d’octobre 1970 où l’on a pu avoir une idée de ce que pourrait être un déchainement fédéraliste si le Québec s’engageait dans une voie « trop revendicatrice. »
Cette prudence est toujours au cœur de toutes les actions du Parti québécois.
Je suis fondamentalement un démocrate et encore plus, un pacifiste, je sais de quoi je parle ayant vécu l’occupation nazie et toutes les guerres de libération des anciennes colonies françaises.
Mais… Questions
Les mouvements indépendantistes prennent-ils réellement les moyens pour que vive leur rêve ?
Et nous tous, québécois, quand cesserons-nous de rêver ?
Pour qu’enfin nous agissions, avec fierté, pour que devienne le pays du Québec?
C’est tellement simple
Ce n’est qu’une question de solidarité nationale.
(à suivre; la question de la pertinence d’un référendum.)
***
Jean-Pierre Pfisterer
Un néo, souverainement, québécois
Retraité, membre démissionnaire de l’exécutif PQ de Vanier.

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Retraité, membre démissionnaire de l’exécutif de Vanier.





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