À partir d’aujourd’hui, les Québécois sont plongés dans une campagne électorale qui pourrait bien être historique.
Non pas parce que les partis mettent chacun de l’avant un programme particulièrement inspirant. De ce point de vue, quoi qu’en disent les propagandistes de chaque camp, les propositions sont fades. Mais parce qu’elles pourraient bien transformer le système partisan dans lequel évoluent les Québécois.
Débat
Cela n’était pas arrivé depuis le remplacement de l’Union nationale par le Parti québécois au début des années 1970. Cela avait entraîné une recomposition de notre vie politique autour de la question nationale. Désormais, la question de la souveraineté était au centre du jeu politique. C’est de ce cycle historique que nous sortirons, si la CAQ remplace le PQ comme principal parti politique francophone.
Que peuvent espérer les partis de cette élection ? Allons-y en suivant leur place dans les sondages.
La CAQ, on le sait, croit que son tour est arrivé. Elle espère profiter d’une forte vague antilibérale. Le parti de François Legault se prépare à l’exercice du pouvoir et entend devenir le principal parti nationaliste, même si son nationalisme est tiède. La CAQ se présente comme un parti de centre droit. On aurait tort, toutefois, de l’assimiler au PLQ, dans la mesure où elle est essentiellement enracinée dans le Québec francophone. Ce dernier, à travers la CAQ, entend reprendre au moins partiellement en main le contrôle de son existence collective.
Le PLQ semble épuisé par un passage presque ininterrompu de quinze ans au pouvoir. Mais il n’est jamais vaincu d’avance et peut toujours surprendre. S’il est fragilisé dans le Québec francophone, il conserve l’appui du vote issu de l’immigration, dont le poids ne cesse de s’alourdir, d’autant que les communautés culturelles ne s’intègrent pas à la majorité historique francophone. Cela dit, le PLQ est handicapé par son chef Philippe Couillard, terriblement arrogant et incroyablement peu charismatique.
PQ
Le PQ, quant à lui, est victime d’un changement d’époque. C’est un parti souverainiste dans une époque où les Québécois ne se posent plus la question de la souveraineté. C’est embêtant. Son objectif, essentiellement, est de survivre. Dans les circonstances actuelles, s’il obtient une douzaine de députés, il pourra crier victoire. Il aura évité la disparition et la marginalisation. Le mouvement souverainiste aura traversé la pire crise de son histoire et pourra entreprendre sa refondation et travailler à recréer un contexte favorable à sa cause. On notera que la base militante péquiste est incroyablement animée.
Quant à QS, le parti de la gauche radicale, il devra surtout chercher à sortir des marges. Il ne lui suffira pas d’ajouter quelques députés montréalais à son caucus pour cela. Il devra, d’une manière ou d’une autre, percer en région. Ce n’est pas gagné d’avance.
On suivra par ailleurs cette élection en gardant en tête que l’électorat, aujourd’hui, est très volatile et peut surprendre en déclassant le favori pour privilégier l’outsider. Pour l’instant, rien n’est joué.