Hier, le gouvernement Charest a annoncé le coup d'envoi du Centre hospitalier de l'Université de Montréal. La première pelletée de terre aura lieu ce printemps. Ce projet colossal injectera 2,1 milliards dans l'économie de la métropole et la dotera d'équipements hospitaliers de pointe.
Il devrait s'agir d'une très bonne nouvelle. On comprend que la saga du CHUM ait connu assez de revirements pour émousser l'enthousiasme. Mais on aurait quand même pu dire: enfin! Même pas. Personne n'a applaudi. Personne ne s'est réjoui.
Chacun avait sa petite raison: dépassement des coûts, recours au mode PPP, choix du site de Saint-Luc, doutes sur la probabilité que ce projet voie éventuellement le jour. Toutes ces critiques ont un fondement. Mais il arrive un moment où nous avons un choix. Continuer de chialer ou aller de l'avant.
L'accueil très froid réservé à l'annonce formelle du lancement s'explique largement par les erreurs politiques qui ont ponctué ce dossier depuis une décennie. Mais on ne peut pas toujours tout mettre sur le dos des politiciens. Les retards et les revirements sont aussi le fruit d'un immobilisme qui ne vient pas juste d'en haut. Le dossier du CHUM est, depuis le début, le lieu de convergence de tous les militantismes, croisade idéologique contre le site d'Outremont, bataille contre les PPP, opposition de nationalistes contre l'existence de deux hôpitaux universitaires. Un climat d'affrontement qui mène à ne voir que le côté sombre des choses.
Les coûts ont augmenté? C'est vrai. Ça a commencé à 1,1 milliard. On est rendus à 2,1 milliards. Mais pas parce que le projet est hors contrôle. Plutôt parce qu'on assiste à un lent processus d'ajustement à la réalité. Christian Paire, l'actuel PDG du CHUM, disait il y a plusieurs mois que le coût de construction d'un hôpital universitaire de pointe équivaut au triple de ses frais d'exploitation annuels. Dans le cas du CHUM, ça donne 2,1 milliards. C'est ça que ça coûte. Il y a des normes, des ordres de grandeur. Le vrai problème, c'est que le gouvernement aurait dû le dire plus tôt, au lieu de sous-évaluer les coûts réels, soit pour rendre le projet plus acceptable, soit dans l'espoir qu'on pourrait avoir un gros hôpital moderne au rabais.
Fallait-il faire le projet en partenariat public-privé? Je crois que non. Il y a des avantages à la formule. Mais le projet est trop complexe pour tester un mode de réalisation que nous maîtrisons encore mal. Cela étant, il faudrait arrêter de faire de l'urticaire sur cette question au Québec. Fondamentalement, le fait que ce soit ou non en PPP ne mérite pas l'attention qu'on y accorde.
Le lieu? J'étais un partisan du site de la gare de triage à Outremont. J'estime que le gouvernement Charest a commis une erreur en déménageant le tout à Saint-Luc, notamment parce que cela a brisé un remarquable élan. Mais le site choisi comporte aussi ses avantages. Le fait que cet hôpital voie le jour est plus important que le lieu où il sera érigé. Il arrive un moment où il faut tirer une ligne.
Ce qui est plus troublant, c'est que bien des gens ne croient plus que cet hôpital verra éventuellement le jour. Une foule de signes montrent pourtant que la machine est partie?: les travaux ont commencé au CUSM et au centre de recherche, les consortiums sont prêts, l'enveloppe est établie. Il devient déraisonnable de croire que cela ne se fera pas. Je veux bien que ce doute reflète la crise de confiance envers le politique. Mais cela tient aussi à une certaine complaisance collective dans le cynisme et le défaitisme.
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