Un tandem gagnant

Tribune libre

L’histoire s’écrit en l'absence d’agir des uns et avec l’action des autres.

Le Québec, à la veille du 150e anniversaire de la confédération et déjà à la veille d’un oubli du 250e anniversaire du traité de Paris de 1763, écrit sur chiffon blanc, est entre les deux.

Nous avons, depuis ces temps, connu de nombreuses turbulences qu’on oublie trop souvent mais qui font le bonheur de certains qui veulent l’écrire différemment. Soulignons seulement que les Canadiens français d’octobre 1866, par la bouche de 20 députés de l’Assemblée législative, envoyaient un manifeste au ministre de la colonie Lord Carnarvon. Ce manifeste lui faisait part que « ce projet de confédération, et toutes les démarches subséquentes pour le faire adopter sont dues à des exigences de partis et non pas à un désir spontané et général du peuple de faire des changements radicaux dans ses institutions ou relations politiques ».

Le rapatriement de la constitution de 1982 nous rappelle aussi des démarches semblables à Londres. Nous pouvons juger que Trudeau et Boris Lasking ont fait l’inimaginable si l'on se fie à ce que d’aucuns considèrent comme une véritable tentative de coup d’État sans précédent.

Depuis près d’un siècle les Canadiens français ne veulent même pas s’appeler Canadiens tout court comme les anglophones. Ils se disent Québécois et ajoutent aussitôt « et je suis Canadien ». Un deux-pour-un forcé d’identité mal aisé. Une polygamie schizoïde d’appartenance trompeuse obligée qui se refuse à la conscience. Nier l’évidence est le propre de la pensée paradoxale qui nous fige et qui retarde l’action harmonieuse.

En 2014, rien n’a changé de la dynamique de fond. Jean-Charles Bonenfant de la Société historique du Canada rapportait dans Le Journal de Québec, le 17 décembre 1864: « Nous voulons être, un jour une nation, et puisque là est notre destinée nécessaire et le but de nos aspirations, nous aimons mieux la condition politique dont nous serons un élément vital et toujours existant, que d’être jetés, comme une goutte d’eau dans l’océan, au milieu d’un peuple immense où nous perdrions, en quelques années, notre langue, nos lois et jusqu’au souvenir de nos glorieuses origines. »

Malgré toutes nos misères, nos sagesses d’hier font place à celles d’aujourd’hui.

Parfois les choix s'éclairent. Que peut-on demander de plus que de choisir un leader, à un palier, de la stature des grands de ce monde, les dépassant de quelques coudées même, pour combattre à armes égales ces mêmes gens qui nous font de ces peurs d’épouvante depuis des lustres.

Et aussi, d’avoir à nos côtés, à l’autre palier, l’énergie forte et respectueuse de l’histoire, de notre langue et de la culture d'un enraciné.

Avec ténacité, dis-je, pour ne pas être une goutte dans l’océan mais la fraîcheur de ce continent. Et ainsi, non seulement se dire, mais aussi montrer qu’on est capable.

Voilà un tandem gagnant.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 octobre 2014

    J'apprécie beaucvoup un texte bien senti comme le vôtre. Sans nommer personne, vous nous faites défiler des images connues de personnages qui ne font rien et d'autres qui tentent d'agir. Nous Québécois, avons beaucoup de talents, nous agissons dans des sphères différentes mais, il semble que nous ayons un grand défaut commun, la peur, la crainte d'avoir peur. Nous avons encore gardé des réflexes de colonisés, entre autre celui de descendre, au niveau où nous évoluons ou croyons évoluer, ceux qui ont réussi, les gagnants. Récemment, M. Lisée nous en a donné un aperçu très concret. Merci M. Blondin.
    Ivan Parent

  • Marcel Haché Répondre

    7 octobre 2014

    Le lumineux « on est capable » reste encore d’actualité. Il le restera tant et aussi longtemps que l’indépendance à faire n’aura pas été faite.