Ironiquement, c’est en revenant de New York qu’on me posa la fameuse question: «Êtes-vous Québécois de souche?»
J’avoue avoir d’abord été un peu décontenancé. L’homme qui me posait la question avec son accent québécois était noir. Je voyais certainement que c’était un sujet qui l’affectait beaucoup. Ainsi, voici ma réponse.
On entend, dans les médias, les gens utiliser l’expression «Québécois de souche» à toutes les sauces, mais réellement de quoi parle-t-on?
Un Québécois de souche est un peu l’équivalent québécois des descendants des W.A.S.P. (white anglo-saxon protestant) américains. Au Québec, avant, nous avions la culture canadienne-française avec tous ses rites judéo-chrétiens, sa langue, ses mets comme le pâté chinois et son lot de traditions.
Puis vint la Révolution tranquille. Le Québec s’est construit une mentalité, s’est détaché de la religion, s’est ouvert sur le monde et est devenu beaucoup plus égalitaire socialement tant par rapport aux sexes qu’aux classes. Les Québécois de souche sont apparus à cette époque.
Issus d’ancêtres canadiens-français, les Québécois de souche forment cette branche de Canadiens-français devenu Québécois dans les années 60.
Ainsi, ils conservent un fort sentiment d’appartenance à la tradition canadienne-française (notamment en ce qui concerne les rites, la langue et de la nourriture) tout en se détachant de ses valeurs religieuses (les Québécois de souche pratiquent peu la religion), faisant place à un intérêt pour l’égalité sociale, à un certain pacifisme et finalement à une lente évacuation de la dualité anglo/franco omniprésente dans la culture canadienne-française.
L’importance de le définir
Même si les Québécois de souche sont la communauté la plus présente au Québec, tout ce qui est Québécois n’est pas nécessairement Québécois de souche. C’est bien de pouvoir faire la distinction surtout pour ceux qui n’en font pas partie, mais qui font quand même partie du Québec. Ainsi, mon ami, même si tu n’es pas Québécois de souche, tu es sans doute quand même Québécois. Je t’expliquerai ça dans ma prochaine chronique: un Québécois, c’est quoi.