Le 26 septembre 2012, on s’en souviendra.
Une journée marquée par la régression idéologique dans un pays moderne.
Le mercredi aux couleurs du passé où la ministre canadienne de la condition féminine, Rona Ambrose, s’est levée en Chambre pour aller voter en faveur d’une motion visant à rouvrir le débat sur l’avortement au Canada. C’est à en donner la chair de poule!
Dans un article qu’elle a publié via le réseau Cap sur l’indépendance, la présidente de l’Action féministe pour l’indépendance, Laurence Beauchemin, m’a fait réaliser une chose très importante. Je la cite d’abord :
«Malgré que l’Assemblée nationale du Québec ait adopté en 2010 une motion unanime pour le droit des femmes à l’avortement, il n’en demeure pas moins que c’est la majorité canadienne-anglaise qui en décide via les institutions d’Ottawa, les questions juridiques sur l’avortement étant de compétence fédérale. C’est ça être une nation annexée ! » [Extrait du communiqué de presse L’avortement aux Communes : les droits des femmes au Québec «entre les mains du parlement d’une autre nation», 27-09-2012]
Comme peuple, nous laissons aux mains des autres, aux mains d’une nation extérieure, aux mains d’un autre gouvernement le sort d’un droit fondamental de nos femmes. Heureusement, la motion a été battue en Chambre et pour l’instant, le débat sur l’avortement ne sera pas rouvert.
Je rappelle que nous sommes en 2012, plutôt difficile de le croire ces jours-ci, mais quand même, il faut se faire à l’idée. Ce que madame Beauchemin m’a fait réaliser ne porte même pas sur le débat « pour ou contre l’avortement ». Il porte sur le droit des femmes à « gérer » leur corps, à prendre des décisions sur leur corps par elles-mêmes. C’est leur droit à l’autodétermination, leur droit d’être les seules à gouverner leur corps. En 2012, on peut encore débattre des avantages et inconvénients du recours à l’avortement, mais certes on ne peut nier un droit fondamental reconnu aux femmes québécoises et confirmé à l’unanimité par les élus de l’Assemblée national en 2010, celui du DROIT à l’avortement.
Or, comme peuple qui ne possède pas tous les instruments permettant son autodétermination, aujourd’hui, nous ne sommes même plus capables de garantir nous-mêmes ce droit à l’autodétermination de nos femmes, un droit fondamental. Ainsi, le sort des droits de nos femmes, au Québec, relève des décisions et des pouvoirs d’autrui. Pas très rassurant!
Seule cette situation ne permet pas de réveiller toute l’ampleur du problème auquel le peuple québécois fait face quant à son incapacité de protéger convenablement le droit de ses femmes. Cependant, cette situation combinée au contexte politique dans lequel la ministre fédérale de la condition féminine est favorable à la réouverture du débat sur l’avortement traduit toute l’impuissance du peuple québécois à défendre et à protéger les droits qu’il reconnaît légitimement aux femmes, car en fait, il peut leur reconnaître tous les droits qu’il veut, mais il n’est pas en mesure d’appliquer toutes les reconnaissances qu’il fait à l’égard de leurs droits. Qui peut appliquer ces reconnaissances?
C’est le gouvernement fédéral, celui qu’une autre nation du Canada, la nation majoritaire canadienne anglaise est bien capable de choisir seule.
De cette façon, nous, nation québécoise, laissons le pouvoir de décider des droits réels des femmes du Québec et par le fait-même laissons la porte grande ouverte pour que d’autres puissent venir gérer le corps de nos femmes. C’est à la limite de la prostitution ça! C'est un constat qui dégoûte.
Mais pourtant, c’est la réalité dans laquelle nous baignons avec de l’eau par-dessus la tête. Ce n’est pas une campagne de peur ni de la démagogie. Depuis l’arrivée au pouvoir des Conservateurs, nous craignons que le débat sur l’avortement soit rouvert et qu’ultimement, ce droit soit supprimé. C’est une possibilité bien en place, même si le premier ministre Stephen Harper dit qu’il ne rouvrira pas ce débat. Sa ministre de la condition féminine ne pense pas comme lui en tout cas. Ni le député Woodworth. Ni les 10 ministres conservateurs qui ont appuyé la motion. Ni les 91 députés de la Chambre des Communes qui ont appuyé la motion. Nous avons beau reconnaître un droit fondamental aux femmes québécoises, si ce n’est pas nos propres institutions qui ont le pouvoir de le faire appliquer, rien ne nous garantit que ceux qui ont le pouvoir de l’appliquer vont le faire et d’autres que nous peuvent choisir les personnes qui auront ce pouvoir.
Un exemple que l’indépendance est une question qui a un aspect personnel qui concerne tous les Québécois et Québécoises comme individu.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2012Quel est le message? On doit refuser aux femmes le droit à leur propre corps pour stimuler la natalité?
J'ose espérer que ce n'est pas ça parce que ça serait d'une ridicule lâcheté.
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2012http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/national/201205/29/01-4529576-le-quebec-vieillit-plus-vite-que-le-reste-du-canada.php
Serge Jean Répondre
29 septembre 2012Le peuple québécois,c'est nous ça les vivants.
Il serait tout de même incroyablement surréaliste par exemple dans un référendum gagnant sur l'indépendance, d'obtenir un pourcentage massivement décisif, grâce à une partie importante du vote essentiellement motivé par le droit aux femmes de gérer leur corps à leur façon, en l'occurence l'avortement.
Donc notre peuple naîtrait, en partie grâce à tous ceux et celles qui auraient été refusé-es à la porte du monde. Une sorte de génocide expiatoire pour nous faire naître en quelque sorte.
D'autre part comme la décision de mettre fin à une grossesse est souvent reliée à la propre survie économique de l'hôte, soit vivant seule ou en couple, probablement que si les nouveaux-né-es se présentaient avec un million de dollars en main, les voltes-faces sur cette décision se feraient de plus en plus nombreux.
Commencerait alors possiblement l'ère des vols de banque sur les foeutus et gare à celui ou celle qui aurait oublié de passer à la banque des limbes avant de se réincarner.
Jean