GÉRARD CODERRE
L'auteur est employé de Patrimoine canadien.
Depuis quelques années déjà, on essaie de nous passer un sapin à Patrimoine canadien pas un sapin de Noël, mais de solstice d'hiver. Bon nombre d'employés sont de plus en plus mal à l'aise face à cette invitation à participer à des célébrations dites du solstice d'hiver plutôt que de parler de fête de Noël.
On nous parle, à grand renfort de tambour, de diversité culturelle à Patrimoine canadien et on nous invite à bâtir une société inclusive. On encourage les néo-Canadiens à conserver leur culture et leurs traditions et, pour y arriver, il semble qu'on n'ait rien trouvé de mieux que de mettre sous le boisseau la culture et les traditions d'une majorité de Canadiens. Si les néo-Canadiens ont le droit d'exprimer ouvertement leurs différences, qu'en est-il du droit des Canadiens qui véhiculent certaines traditions au pays depuis une vingtaine de générations? Pourquoi ces derniers devraient-ils s'effacer devant toutes les autres cultures et traditions? Pourquoi devraient-ils faire le vide culturel autour d'eux? N'ont-ils rien à offrir aux nouveaux arrivants? N'ont-ils aucun pouvoir d'inclusion? Cet ostracisme culturel, cette émasculation de nos traditions pour laisser toute la place aux autres cultures ne fera pas de nous, j'en ai bien peur, une société plus ouverte aux autres.
Devra-t-on un jour parler de solstice d'été plutôt que de fête de la Saint-Jean, d'équinoxe du printemps pour Pâques et d'équinoxe d'automne pour l'Action de grâces?
Plus qu'une fête religieuse
La fête de Noël est beaucoup plus qu'une fête religieuse et couvre beaucoup plus que quelques jours au calendrier. C'est d'abord et avant tout un moment de l'année pour les retrouvailles; c'est aussi un moment rassembleur qui invite les gens, tous les gens à partager. C'est probablement la fête la plus inclusive de l'année. Alors, où est le problème?
J'ai visité quelque 120 pays et ce fut toujours un honneur et un privilège pour moi de prendre le thé avec les Touaregs, dans le Sahara, de participer à la cérémonie du Lao Baci, dans le Triangle de l'opium au nord du Laos, d'être invité aux cérémonies funéraires des Torajas, sur l'île de Sulawesi en Indonésie, ou de prendre part aux célébrations de la fête du Sang, aux confins des Andes au Pérou. Et je ne vois pas pourquoi les néo-Canadiens n'accepteraient pas, s'ils ont compris le sens du mot intégration et ne serait-ce qu'à titre d'expérience culturelle, de participer à nos fêtes et de mieux connaître et comprendre nos coutumes. Et je ne vois pas pourquoi nous devrions revenir à l'époque des druides en soulignant le solstice d'hiver.
La sous-ministre et la ministre de Patrimoine canadien pourront se déguiser en Panoramix et nous servir de la potion magique si elles le jugent bon, mais rien n'y fera. Je ne serai pas de cette fête du solstice d'hiver. Je veux "sauver" Noël.
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