Un «exode» se prépare, disent les syndicats

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C'est exactement ce que souhaite le gouvernement Couillard

Tant le Syndicat des professionnelles et des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) que le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) prédisent un « exode » de plusieurs milliers de leurs membres vers une retraite anticipée à la suite du dépôt des offres du gouvernement à ses employés.

« C’est la panique générale chez nos membres », a affirmé le président du SPGQ, Richard Perron. « Ce qu’on provoque, c’est un exode vers la retraite. »

La révision des conditions du RREGOP (le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics), annoncée lundi par le Conseil du trésor, mais aussi les changements au régime de congés de maladie, contenus dans les offres sectorielles dévoilées mercredi, sont en cause.

Le gouvernement entend réduire de 12 à 7 jours le nombre de congés de maladie auquel ont droit les fonctionnaires. De plus, les congés non utilisés ne pourraient plus être accumulés par l’employé pour lui permettre de prendre sa retraite plus tôt : ils seraient remboursés à la fin de l’année à 70 % de leur valeur pécuniaire.

Au SFPQ, le téléphone ne dérougit pas, a soutenu la vice-présidente Maryse Rousseau, chargée de la négociation de la convention collective. « Ça crée une panique », a-t-elle souligné, estimant que de 2000 à 3000 fonctionnaires prendront une retraite anticipée en raison de la menace que fait planer le gouvernement. Le SFPQ représente 42 000 salariés de la fonction publique et des organismes de l’État.

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a répété, mercredi, que l’objectif poursuivi par le gouvernement n’était pas de pousser à la retraite un plus grand nombre de ses employés. L’élimination des banques de congés tient du « gros bon sens », a-t-il fait valoir. « C’est une disposition qui est extrêmement généreuse qui n’existe pas dans les réseaux de l’éducation et de la santé. » Elle crée une « dette qui est énorme » pour le gouvernement.

Perte d’expertise

« C’est idéologique. Pourquoi veut-on charcuter l’État comme ça ? » s’est demandé Richard Perron. « On est en train, avec un dépôt comme ça, de dégrader l’ensemble de nos conditions de travail. On fait le contraire de ce qu’il faut faire pour attirer les experts dont on a besoin. »

Or la commission Charbonneau conclut que le gouvernement doit valoriser la fonction publique et rebâtir son expertise tandis que le premier ministre Philippe Couillard, dans son discours d’ouverture ce printemps affirmait que l’État doit être en mesure d’attirer les jeunes, a rappelé Richard Perron.

Déjà, l’État québécois éprouve des problèmes de recrutement en raison d’une rémunération plus basse qu’ailleurs, font observer les syndicats. À la suite de la publication du rapport Duchesneau, le Conseil du trésor avait annoncé en 2011 l’ajout de 970 ingénieurs et techniciens en travaux publics au ministère des Transports pour la surveillance des travaux. Deux ans plus tard, le ministère n’a pu engager que 73 ingénieurs et perdait 8 techniciens, si on tient compte des départs, selon une compilation du SFPQ tirée des rapports annuels de gestion du MTQ.


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