Est-il normal qu’après des mois de recherches intensives, personne dans la grande famille souverainiste n’ait voulu se porter volontaire pour diriger le futur Institut de recherche sur la souveraineté, à tel point que Pierre Karl Péladeau en soit réduit à payer un chasseur de têtes pour dénicher la perle rare ? De toute évidence, quelque chose semble faire hésiter les éventuels candidats.
Sur le plan légal, il appartiendra à la directrice générale des élections du Québec de déterminer si le nouvel organisme est indépendant du PQ ou s’il doit être soumis aux dispositions de la Loi sur le financement des partis politiques. Peu importe le statut qui lui sera accordé, il est cependant évident que des liens étroits l’uniront au PQ.
Non seulement M. Péladeau assurera-t-il une bonne partie son financement, mais il en a déjà défini le mandat dans sa plateforme durant la course à la chefferie. C’était même le seul élément concret du chapitre consacré à la souveraineté. Ses responsabilités incluront non seulement les questions de contenu, mais également la communication et l’organisation. L’institut sera en outre chargé de « cerner les gestes devant conduire à l’indépendance du Québec », ce qui devrait normalement relever du politique.
Un mandat aussi étendu fera de son directeur un véritable contremaître non élu du projet souverainiste. À ce titre, il sera appelé à travailler en étroite collaboration avec le chef du parti, pour ne pas dire sous ses ordres. M. Péladeau a la réputation d’être un gros travailleur, mais aussi de ne pas mettre de gants blancs avec ses adjoints quand les choses ne vont pas à son goût. Un emploi qui s’annonce périlleux.
Dans sa plateforme, M. Péladeau s’engageait à « définir, au terme des travaux de recherche et de réflexion et avant la prochaine élection générale, la démarche visant à conduire le Québec à l’indépendance nationale ».
On ne peut certainement pas lui reprocher de vouloir s’appuyer sur un argumentaire solide. Pour être crédibles, ces travaux devront toutefois être confiés à des experts reconnus, qu’il faudra d’abord recruter et qui auront besoin de temps pour faire le tour de questions souvent complexes et s’assurer que leurs conclusions résisteront aux contestations du camp fédéraliste, qui fera tout pour les démolir.
L’expérience enseigne qu’il faut se garder de toute précipitation. En 1995, les études effectuées sous la supervision du ministre délégué à la Restructuration, Richard Le Hir, avaient fait plus de mal que de bien, même si plusieurs d’entre elles étaient d’une réelle qualité. Plutôt que de chercher à séparer l’ivraie du bon grain, Lucien Bouchard avait préféré expédier le tout à la déchiqueteuse quand il avait pris les commandes de la campagne du Oui.
Un institut faisant correctement les choses peut certainement être utile, mais les attentes paraissent démesurées. Si compétent qu’il soit, cela ne sera jamais qu’un support. On a loué la qualité du livre blanc qui décrivait ce que serait une Écosse indépendante, mais le principal atout du camp du Oui lors du référendum de septembre 2014 était la crédibilité et l’habileté de son chef, Alex Salmond.
Le retard à mettre les choses en branle en inquiète néanmoins plusieurs au PQ, en raison de l’effet que cela pourrait avoir sur l’échéancier référendaire. Durant la course à la chefferie, Bernard Drainville avait eu le malheur de dire que le PQ ne disposait pas de suffisamment de temps pour préparer et tenir un référendum dans un premier mandat. Les militants ne lui avaient pas pardonné ce qu’ils avaient interprété comme un manque de détermination, mais la tournure des événements pourrait bien lui donner raison.
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