C’est une tout autre réalité de travailler dans un centre de santé, mais surtout de s’y faire soigner. Voici le début d’un système de santé à deux vitesses que nos trois médecins du gouvernement ont toujours prôné. Aujourd’hui j’en appelle au jugement de la population concernant les coupures en santé que ce gouvernement, par son ministre de la Santé, fait subir non seulement aux employés mais aux bénéficiaires.

Je travaille dans un centre hospitalier. Bien que mon travail ne soit pas essentiel au bien-être direct des patients, il est néanmoins nécessaire afin d'alléger le travail administratif des infirmières.

Par les coupures dans les réseaux de santé, des suppressions de postes ne feront que diminuer la qualité des services offerts aux patients. Le ministre a décidé de couper dans le gras, alors il coupera directement auprès des employés de terrain.

Le quota de patients sera augmenté pour chaque infirmière ainsi que les préposées aux bénéficiaires. Des agentes administratives seront absentes dans certains départements. Je ne parle pas que des réductions par les soirs et les fins de semaine, mais pour les 365 jours, 24 heures sur 24.

Les répercussions? Les infirmières n’auront plus le temps de prendre connaissance de leurs dossiers (connaître l’état de santé de leurs patients, la raison de leur hospitalisation en arrivant sur leurs quarts de travail); elles devront prodiguer des soins sans trop savoir pourquoi. Le risque d’erreurs n’est-il pas évident ? Elles devront faire du même coup le travail administratif, car elles n’auront plus à leur disposition une agente administrative pour certains cas. Elles devront en cas de besoin aider le préposé aux bénéficiaires à effectuer quelques tâches mais ne doivent-elles pas prodiguer des soins ? Auront-elles le temps de le faire ?

Avec les coupures causées par l’absence de budget, l’hygiène se résumera au strict minimum (mains, visage, parties génitales). Il y aura moins de mobilisation de patients donc un déconditionnement assuré, un retour à domicile moins rapide et dans certains cas de moins en moins probable. Le risque de blessures et d’accidents sera bien plus évident. Certains patients requièrent de l’aide pour se nourrir. Lorsque l’aide sera nécessaire pour plusieurs patients dans un même département, comment le préposé y arrivera-t-il ? Un patient avec des problèmes d’incontinence sera-t-il changé et nettoyé rapidement où restera-t-il dans ses vêtements souillés faute de personnel?

Une autre répercussion très importante, selon moi. Pour le cas d’un patient non-violent à risque de fuguer, certains établissements comme le mien n’autorisent plus la surveillance 1 pour 1, comme on dit dans notre jargon. Alors le personnel soignant se verra dans l’obligation de confiner le patient à sa chaise ou à son lit. Si le patient se met en colère à cause de cette situation, le personnel utilisera les méthodes de confinement PINEL, des méthodes utilisées pour des patients violentsl. Imaginez un département avec cinq ou six patients souffrants légèrement d’Alzheimer … Vont-ils tous être attachés ?

Fini le temps des bons services de santé avec ce gouvernement! Fini! De cette façon, le gouvernement encourage les soins en privé. Donc les pauvres ne recevront plus de soins adéquats. Nos familles seront bien mieux traitées en prison. Cette situation est inacceptable.

Je demande à tout le personnel conscient d’une situation à risque ou dangereuse de faire un rapport de « mise en situation dangereuse » chaque fois que vous le jugerez nécessaire.

Je demande aussi aux familles de porter plainte lorsque celle-ci trouvera que la situation est inhumaine et dangereuse. (Exigez et demandez un formulaire de plaintes ou écrivez une lettre.) Il faut dénoncer cette situation.

Du même coup, je demande la démission du dangereux ministre de la Santé, monsieur Gaétan Barrette pour son incompétence et sa mauvaise gestion.

Manon Arsenault, agente administrative dans un CSSS.