Un controversé ex-collecteur de fonds impliqué dans l’élection partielle de Louis-Hébert

Marcel Leblanc avait comparu à la commission Bastarache sur la nomination des juges

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Toujours les mêmes relents pestilentiels autour des Libéraux

Le Parti libéral du Québec a recours aux services d’un controversé ex-collecteur de fonds qui a déjà été éclaboussé par des allégations de trafic d’influence pour encadrer le vote dans la circonscription de Louis-Hébert.


Notre Bureau d’enquête a découvert que Marcel Leblanc, ancien responsable de l’organisation du PLQ dans l’est du Québec, agit comme travailleur d’élection à l’occasion de l’élection partielle qui connaîtra son dénouement lundi soir.


« J’ai été scrutateur, j’ai été réviseur », a-t-il reconnu dans une entrevue téléphonique.


Marcel Leblanc a fait les manchettes en 2010, à l’occasion de la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges, à la suite d’allégations de trafic d’influence de la part de l’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare.


Dans son témoignage, M. Leblanc avait reconnu avoir transmis au ministère de la Justice ou au bureau du premier ministre Jean Charest des dossiers de candidature d’avocats qui voulaient devenir juges.


Employé du PLQ de 1997 à 2009, il a travaillé avec deux collecteurs de fonds influents, Franco Fava et Charles Rondeau. Tous deux ont récemment fait les manchettes relativement à des allégations de fraude lors de la vente d’immeubles gouvernementaux.


Recommandé par le PLQ


En 2010, M. Rondeau avait reconnu avoir suggéré à M. Bellemare de nommer Michel Simard juge en chef de la Cour du Québec, à l’été 2003.


Un porte-parole du PLQ, Maxime Roy, confirme que la formation politique a soumis le nom de M. Leblanc à la directrice de scrutin qui est mandatée par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) pour l’embauche de travailleurs d’élection dans Louis-Hébert.


« M. Leblanc, qui a déjà occupé cette fonction à plusieurs reprises dans le passé auprès du DGEQ, figure parmi une liste de 300 personnes fournie par le PLQ, a-t-il indiqué. Le choix du personnel électoral relève strictement de la directrice de scrutin. »


M. Leblanc a exercé les fonctions de réviseur de la liste électorale et de scrutateur, dimanche dernier, lors du vote anticipé qui s’est tenu dans une résidence pour personnes âgées de Québec.


« Il est minutieux »


La directrice de scrutin Dorothée Rondeau a déclaré à notre Bureau d’enquête que M. Leblanc était un travailleur expérimenté qui a prêté un serment de neutralité.


« C’est un monsieur qui est neutre et qui fait bien son travail. Il est minutieux », dit-elle.


M. Leblanc, de son côté, a contredit le porte-parole libéral et a affirmé à notre Bureau d’enquête qu’il n’avait pas été référé par le PLQ.


« J’ai quitté la politique en 2008, alors j’ai été référé par le DGEQ parce que j’ai travaillé aux trois dernières élections », a-t-il soutenu lorsque nous l’avons joint au téléphone.


M. Leblanc a expliqué qu’il n’est plus membre du PLQ et qu’il ne milite pas pour la candidate libérale dans Louis-Hébert, Ihssane El Ghernati.


« Je ne travaille pas en politique », a-t-il assuré.



Ce qu’a dit Marcel Leblanc devant la commission Bastarache en 2010


«Ça a été comme mes mentors là-dedans » [en parlant des controversés organisateurs politiques Franco Fava et Charles Rondeau].


« Ça pouvait arriver que je fasse suivre, si j’avais une demande, parce que je ne pouvais pas prendre le C.V., puis le mettre dans la poubelle. Si c’était, par exemple, pour un poste de juge, j’envoyais ça au cabinet du ministre de la Justice ou je l’envoyais à la coordonnatrice au bureau du premier ministre. »



Éclaboussé par un chef de cabinet libéral



Photo courtoisie


Pierre Milette

Chef de cabinet


Un directeur de cabinet du gouvernement Couillard affirme que l’ex-collecteur de fonds Marcel Leblanc a fait pression sur lui pour favoriser l’octroi d’un contrat à une firme proche des libéraux.


Pierre Milette, le directeur de cabinet de la ministre du Travail, Dominique Vien, a déclaré à notre Bureau d’enquête qu’il travaillait au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), en 2010, quand il a reçu un appel téléphonique de M. Leblanc.


Ce dernier était alors à l’emploi d’une filiale de la firme de génie SNC-Lavalin.


L’intervention visait un contrat de 10 000 $ pour la conception d’une page du site internet du CALQ, selon Pierre Milette.


« Il m’avait appelé au CALQ en disant : ‘‘ Écoute, il y a une des firmes à qui tu as envoyé le dossier, c’est une bonne firme, y a-t-il moyen qu’elle ait le contrat ? ’’ »


M. Milette avait alors indiqué à M. Leblanc que l’offre de cette entreprise n’était pas la meilleure.


« Je lui ai dit que moi je n’embarquais pas là-dedans. »


M. Milette ne se souvient pas du nom de l’entreprise appuyée par M. Leblanc.


Leblanc nie


Interrogé à ce sujet, M. Leblanc a affirmé qu’il y a erreur sur la personne.


« Vous n’avez pas le bon nom. Vous n’avez pas la bonne personne. »


L’ancien collecteur de fonds a soutenu qu’il n’a aucun souvenir de M. Milette ni d’un appel qu’il lui aurait fait au sujet d’un appel d’offres.


« Je ne le sais pas, ça fait neuf ans que j’ai quitté la politique », a-t-il dit.


M. Leblanc a affirmé n’être jamais intervenu dans les processus d’octroi de contrats publics.


« En aucune façon. Ça ne m’est jamais arrivé dans ma carrière. J’ai été pendant 28 ans en politique, je n’ai jamais fait ça. »