Grâce à un été chaud, les eaux étaient finalement calmes autour de Philippe Couillard. Le premier ministre espérait enfin pouvoir recentrer son programme politique. Profiter de l’automne de déchirements qui s’annonce au Parti québécois pour faire virer le navire.
Ce ne sera pas le cas. Chaque fois que le gouvernement libéral croit pouvoir tourner la page sur ses malheurs en série, une autre tuile s’abat.
Fausse bonne nouvelle
Jacques Daoust a annoncé qu’il quittait la vie politique, mais comprenons qu’il a plutôt «été démissionné». Les déclarations du premier ministre vendredi étaient sans équivoque. Il n’avait plus confiance en son ministre des Transports.
Le fait que M. Daoust se retire de la vie politique pourrait s’apparenter à une bonne nouvelle pour les libéraux. Celui qui avait réussi à surpasser David Heurtel au titre de grand mal-aimé du gouvernement multipliait les controverses à un rythme effarant. Celle entourant la vente de RONA aura finalement eu raison de ce mauvais politicien.
N’empêche. Le premier ministre s’enlève peut-être une épine du pied, mais il met en lumière un manque de flair politique qui lui colle de plus en plus à la peau. A priori, il n’aurait jamais du recruter Jacques Daoust. Sa mauvaise réputation dans les milieux politiques et économiques le précédait. Mais l’attrait d’une candidature «vedette» fut plus fort que la raison. Après un passage catastrophique au Développement économique, le remaniement ministériel de janvier 2016 aurait dû être l’occasion d’éjecter l’ancien PDG d’Investissement Québec. M. Couillard décida plutôt de le parachuter sous les projecteurs dans un ministère tout aussi névralgique que problématique.
Les partis d’opposition martèleront que le chef du gouvernement ne sait pas s’entourer et qu’il prend de mauvaises décisions. Qui plus est, ils ne lâcheront pas le morceau dans la rocambolesque histoire de la vente de RONA.
Pas sorti du bois
Et le premier ministre n’est pas au bout de ses peines. Laurent Lessard est un ministre expérimenté, un député de terrain, proche de ses citoyens, mais il n’est pas reconnu pour faire de la haute voltige politique. Le temps nous dira s’il aura le flegme nécessaire pour changer la culture et l’image négative du mammouth que représente le MTQ.
Il ne faut pas oublier non plus la colère qui continue de gronder dans les rangs libéraux. En ne réintégrant pas Robert Poëti au Conseil des ministres, Philippe Couillard maintient le flou entourant les réelles motivations qui ont mené à son retrait. Puis, il y a Sam Hamad qui piaffe d’impatience à l’idée d’être réhabilité. Il ne faudrait pas se surprendre de voir ce dernier siéger comme indépendant ou carrément claquer la porte si le chef libéral tarde trop à remplir ses promesses.
En clair, la rentrée politique est une fois de plus ratée pour les libéraux. Reste à voir combien de faux départs ils pourront effectuer avant d’être disqualifiés aux yeux de la population.
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