Donald Trump poursuivait samedi sa campagne électorale tambour battant à dix jours des élections de mi-mandat, sans changer de ton après l'arrestation d'un sympathisant soupçonné d'avoir envoyé une dizaine de colis piégés à des détracteurs du président américain.
Le locataire de la Maison-Blanche a tweeté à plusieurs reprises samedi, soutenant différents candidats républicains et devait tenir, dans l'Illinois, son quatrième rassemblement partisan de la semaine « Make America Great Again » en vue du scrutin du 6 novembre.
Le président a estimé vendredi n'avoir rien à voir avec les agissements de Cesar Sayoc, accusé par la justice d'avoir envoyé 13 bombes artisanales à des personnalités démocrates ou anti-Trump, dont l'ancien président Barack Obama, ou la candidate à la présidentielle de 2016 Hillary Clinton.
Le milliardaire républicain estime n'avoir « aucune responsabilité » dans cette série noire. « Je pense que j'ai baissé d'un ton », a-t-il encore dit à des journalistes qui l'interrogeaient sur la possibilité de modérer son discours de campagne.
Mais, a-t-il ajouté, « je pense que nous menons une campagne géniale. Les gens adorent ce qu'on fait. Ils aiment ce qu'on dit ».
Si le 45e président des États-Unis a appelé à la plus grande fermeté contre l'auteur de « ces actes terroristes » en rassemblement vendredi soir à Charlotte en Caroline du Nord, il s'en est de nouveau pris à la presse.
« On a vu un effort des médias ces dernières heures d'utiliser ces funestes actions venant d'un individu pour marquer des points politiques face à moi et au parti républicain », a-t-il lancé devant des supporteurs galvanisés.
Et ses partisans de reprendre en choeur un refrain bien connu lors de ces rassemblements de casquettes rouges « Make America Great Again » : « CNN sucks » (CNN est nulle).
La chaîne, que M. Trump a l'habitude d'accuser régulièrement de diffusion de « Fake News », a reçu deux colis suspects, adressés à l'ex-directeur des renseignements James Clapper et à l'ancien chef de la CIA John Brennan, deux critiques du président.
Théorie du complot
Cesar Sayoc a été appréhendé vendredi matin en Floride. Inculpé, il encourt 48 ans de détention. Même si les colis piégés n'ont fait aucune victime, son arrestation a été vécue comme un soulagement. Le chef du FBI Chris Wray a toutefois appelé à la prudence, estimant que d'autres colis pouvaient encore être en circulation.
Un quatorzième colis suspect a été envoyé à un autre détracteur du président, le milliardaire écologiste Tom Steyer.
Sur Twitter, certains partisans du président n'hésitaient pas à relayer des théories du complot, insinuant que les opposants de M. Trump pourraient même être derrière ces envois de colis suspects. Et d'autres exprimaient leurs doutes quant au calendrier de l'envoi de ces colis.
« Les républicains ont de bons chiffres dans les votes par anticipation et dans les sondages, et maintenant cette histoire de "Bombe" surgit et la dynamique ralentit », avait tweeté Donald Trump vendredi matin, avant l'arrestation du suspect.
Interrogé par la chaîne ABC, le vice-président Mike Pence a lui aussi assuré que M. Trump n'était absolument pas responsable, alors que les premiers éléments montraient que le suspect était un virulent supporter du duo à la tête de l'exécutif américain.
« Individu malade »
La camionnette de Cesar Sayoc, saisie par les autorités, était recouverte d'autocollants pro-Trump, selon les images diffusées par les télévisions américaines. Enregistré comme républicain sur les listes électorales, il prenait régulièrement pour cible des personnalités démocrates sur les réseaux sociaux.
Si l'avocat de la famille Sayoc, Ron Lowy, n'a pas rejeté la faute sur le président américain, il a estimé que M. Trump a bien été un facteur pouvant motiver le passage à l'acte de cet homme ayant selon lui la maturité d'un « adolescent de 14 ans ».
Cesar Sayoc « a été attiré par la façon dont Trump tend la main [...] à ce genre de marginaux », a-t-il expliqué vendredi sur CNN, parlant de M. Sayoc comme d'un « individu malade ».