«TransCanada dupe les Canadiens»

L’Oléoduc Énergie Est servira d’abord à exporter le pétrole des sables bitumineux, affirment des groupes environnementaux

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Au service de l'Alberta et de ses sables bitumineux

Un nouveau rapport produit par des groupes environnementaux canadiens, dont Équiterre, conclut que le projet Oléoduc Énergie Est de TransCanada ne servira absolument pas à desservir les raffineries du Québec et des Maritimes. En fait, ce pipeline serait essentiellement conçu pour exporter une production pétrolière albertaine en pleine croissance.

« TransCanada dupe les Canadiens avec ce dangereux projet. Il apparaît clairement qu’Énergie Est sera principalement un pipeline d’exportation. Les Canadiens auraient à composer avec les risques posés par le pipeline, mais n’en tireraient que peu d’avantages », a soutenu mardi Adam Scott, d’Environmental Defence, au moment de la publication du rapport. Celui-ci s’intitule L’Oléoduc Énergie Est de TransCanada : un projet voué à l’exportation qui n’apporte rien à l’économie nationale.

Selon les calculs mis en avant par les quatre groupes signataires du rapport, les raffineries situées sur le parcours de l’Oléoduc Énergie Est au Québec et au Nouveau-Brunswick ont une capacité de traitement de 672 000 barils de brut par jour. Cela comprend la capacité des deux dernières raffineries situées en sol québécois.

Or, estiment-ils, « une grande partie de ces besoins sont déjà comblés par le pétrole en provenance du Canada atlantique et des États-Unis. De plus, la canalisation 9 d’Enbridge viendra bientôt s’ajouter à ces sources d’approvisionnement ». L’inversion de l’oléoduc 9B — qui doit permettre de faire couler 300 000 barils avant la fin de 2014 — permettrait à elle seule de combler pour ainsi dire tous les besoins des raffineries du Québec. Enbridge a d’ailleurs dit que cela était son intention.

Pétroliers au Québec

Dans ce contexte, ils soutiennent que les 1,1 million de barils qui seraient transportés par l’Oléoduc Énergie Est seront, pour l’essentiel, exportés à l’état brut. Cela représenterait près d’un million de barils par jour. TransCanada prévoit effectivement la construction d’un terminal maritime à Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent. Ce terminal permettra de charger des pétroliers qui serviront à exporter le pétrole de l’Ouest. Un autre terminal est prévu au Nouveau-Brunswick pour exporter du pétrole par bateau.

Le Québec deviendrait ainsi un joueur clé pour l’exportation du pétrole des sables bitumineux. Cela nécessitera la construction, en sol québécois, de plusieurs centaines de kilomètres d’un pipeline d’un mètre de diamètre. Selon les échéanciers actuels, l’or noir coulerait dès 2018. Cet oléoduc de 12 milliards de dollars serait plus important que le controversé Keystone XL, dont le président américain tarde à autoriser la construction.

Étude environnementale

« Profitant de l’élection provinciale en cours au Québec, nous demandons à tous les partis de s’engager à mener une étude d’impact environnemental ainsi que des audiences publiques sur le projet Énergie Est », a par ailleurs souligné Steven Guilbeault, d’Équiterre.

En présentant les détails de son projet, au début du mois de mars, TransCanada a fait valoir que l’entreprise participerait à une évaluation environnementale qui serait menée par le gouvernement du Québec. Aux yeux de l’entreprise, ce sera cependant au gouvernement en place à Ottawa de prendre la décision concernant ce projet.

TransCanada n’a jamais caché son intention d’utiliser des terminaux maritimes au Québec et au Nouveau-Brunswick pour charger des pétroliers. Mais l’entreprise souhaite aussi que son projet puisse permettre « d’acheminer du pétrole aux raffineries du Québec, à Montréal, près de la ville de Québec et à Saint John, au Nouveau-Brunswick ». Selon l’entreprise, les retombées économiques pour toutes les régions traversées par le pipeline seraient substantielles, notamment lors de la phase de construction des infrastructures.


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