Team Canada: l'anglais doit primer!

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Ce pays qui n'est pas le nôtre


Au nom de l’esprit d’équipe et du devoir de performance, l’anglais est LA seule langue officielle de l’élite sportive chez Hockey Canada.  




Team Canada: l'anglais doit primer!

AgenceQMI




On se souvient de la chose, en 2017, un membre de l’équipe nationale junior de hockey (U-20), Julien Gauthier, affirme haut et fort ce que d’autres avaient déjà dit sous la couverte, dans le monde de l’élite du hockey: la seule langue que l’on veut entendre, c’est l’anglais.  


Selon ce jeune hockeyeur d’élite, «l’usage du français était découragé au sein d’équipe Canada», laquelle comptait pourtant, en 2017, sept francophones et était dirigée par un Québécois. 


Rien de nouveau sous le soleil. On peine à imaginer que, lors des nombreuses éditions du championnat mondial junior de hockey où l’équipe canadienne ne compatit qu’une poignée de Québécois, l’usage du français soit toléré.  


Sauf que la franchise de Gauthier a convaincu trois citoyens différents de porter plainte au commissariat des langues officielles du Canada.  


L’un de ceux-ci, Stefan Allinger, est président de la fondation Équipe Québec, laquelle milite pour que la nation québécoise se représente elle-même sur la scène sportive internationale, au même titre que plus de trente nations non souveraines le font au sein de différentes instances sportives internationales.  


La FIFA (soccer), la plus importante association sportive du monde, permet depuis longtemps que des nations non souveraines se représentent dans ses compétitions.  


Pour ceux que ça intéresse, la FIHG (Fédération internationale de hockey sur glace), qui organise les championnats mondiaux comme celui qui nous passionne en ce moment, le permet aussi. Honk Kong et Taiwan sont membres à part entière de la FIHG.  


Allinger, dans son entrevue avec Dan Bigras, avance aussi un exemple fort intéressant: celui de la nation iroquoise, qui, au sport de la crosse, se représente comme nation et affronte régulièrement le Canada dans les compétitions, sans que cela cause de remous. 




*NO RESALE / AUCUNE REVENTE*<br>Équipe Québec a remporté la médaille d'or aux Jeux du Canada ce vendredi 22 février 2019, à Red Deer, en Alberta.<br>PHOTO COURTOISIE/Hockey Québec

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*NO RESALE / AUCUNE REVENTE* Équipe Québec a remporté la médaille d'or aux Jeux du Canada ce vendredi 22 février 2019, à Red Deer, en Alberta. PHOTO COURTOISIE/Hockey Québec




Il est tout à fait envisageable (et pour moi souhaitable) que le Québec fasse de même avec son élite sportive, tous sports confondus. Les athlètes pourront parler leur langue sans problème et, surtout, en plus grand nombre, se frotter à l’élite internationale de leur discipline, meilleur tremplin vers l’excellence. 


Un rapport «bidon» 


Le 26 décembre dernier, à l’antenne de Dan Bigras au 98,5 Montréal, Stefan Allinger a pu commenter le rapport du commissariat aux langues officielles qui a fait suite aux plaintes déposées après le championnat mondial junior de hockey de 2017. 


Ce rapport est loin d’être satisfaisant selon lui, on s’en doute. On peut résumer la réponse du commissariat de la manière suivante: «speak white». Point barre.  


En partant, pour ceux qui commenceront leur lecture de ce court rapport par la fin, on comprend ce qui s’en vient: plainte non fondée et aucune recommandation à formuler. Plus haut dans le texte, le commissariat octroie la note de 5/5 à Hockey Canada pour sa gestion des impératifs linguistiques au terme de la partie VII de la loi.  


En passant, non seulement l’usage du français était-il «découragé», rappelons que l’ensemble des communications reçues par le plaignant Allinger de la part de Hockey Canada étaient in english only.  


Et ce rapport, en fin de compte, cautionne la décision de Hockey Canada d’imposer l’anglais comme seule langue d’usage dans ses activités au cours du dit championnat (pages 4 et 5 du rapport):  


«D’après PCH [Patrimoine canadien], Hockey Canada a justifié sa décision comme suit: à l’instar de toutes les équipes nationales, l’équipe nationale junior du Canada est composée de joueurs des quatre coins du pays qui ne jouent pas ensemble régulièrement, et se connaissent à peine dans certains cas. PCH a affirmé que malgré la décision de désigner l’anglais comme la langue de l’équipe, aucun joueur n’avait reçu l’ordre de ne pas parler français. La décision des entraîneurs visait à accroître l’esprit d’équipe et la chimie entre les joueurs ainsi qu’à les aider à mieux se connaître et à se faire confiance, tant sur la patinoire qu’en dehors de la patinoire. Si une personne dans le groupe ne parlait pas français, les joueurs ou le personnel devaient interagir en anglais.» 


 Manifestement, l’organisme fédéral n’a pas accordé grande valeur au témoignage du jeune Julien Gauthier: 


«M. Gauthier, 19 ans, a indiqué à TVA Sports vendredi qu'il lui a été difficile de s'adapter à cette politique. "C'est pas facile parce que là-bas, t'as droit à aucun français, a expliqué le jeune attaquant. Tu parles aucunement français, t'as pas le droit, vu que [pour] tout le monde, la langue première, c'est l'anglais là-bas. À un moment donné, t'essaies de parler en français avec tes chums, mais tu peux pas. Alors c'est un peu dur de s'adapter. Ce n'est pas fatigant à la longue, mais faut s'habituer dans un court laps de temps."» 


Et pourtant, dans le rapport du commissariat, Hockey Canada ne s’en cache pas, au nom des performances et de l’esprit d’équipe, l’anglais doit primer:  


«Lors de la rencontre du 28 janvier 2018, des représentants du Commissariat et de Sport Canada ont discuté de la décision de Hockey Canada de désigner l’anglais comme la langue d’Équipe Canada pendant le Championnat mondial junior de 2017 de la FIHG. Sport Canada a confirmé qu’il appuie la décision de Hockey Canada compte tenu du contexte et d’autres facteurs, comme l’esprit d’équipe, le rendement, l’excellence et les résultats.» 


Autrement dit, à la lecture de ce rapport, Hockey Canada sera maintenant tout à fait justifié de continuer sa politique linguistique discriminatoire envers les francophones.  


C’est hallucinant quand même comment toutes les précautions sont prises pour qu’un joueur qui proviendrait de Moose Jaw et qui ne parlerait pas un mot de français ne soit jamais discriminé, mais aussi comment le même kid, originaire d’Alma et ne maîtrisant pas l’anglais soit, lui, toujours, dans la situation de s’assimiler à l’anglais. 



Team Canada: l'anglais doit primer!

Dominic Chan / Agence QMI




«T’essaies de parler français avec tes chums, mais tu peux pas», nous rappelle Julien Gauthier. Ce qui est taxant pour le joueur francophone. Un désavantage que son coéquipier anglophone n’aura jamais à subir.  


Car on a tous compris, et depuis longtemps, que ce beau grand pays n’est bilingue que parce que les francophones apprennent l’anglais.  


Au sein de Team Canada, pour le jeune francophone, c’est simple... Speak White, or go home.  





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