Les Occidentaux ont mené plusieurs «frappes de précision» contre la Syrie. Washington a de nouveau martelé avoir des preuves de l'implication de Damas dans l'attaque chimique présumée de Douma, mais ne pas pouvoir publier des informations classifiées
Dans la nuit du 13 au 14 avril, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont attaqué plusieurs cibles en Syrie. Les frappes ont été menées en représailles à l'attaque chimique présumée de Douma, une semaine plus tôt, que les Occidentaux attribuent à Damas.
Washington a approuvé des «frappes de précision» contre la Syrie, en coordination avec ses deux alliés. Peu après la déclaration de Donald Trump annonçant le bombardement, des explosions ont été rapportées à Damas. La défense antiaérienne syrienne a réagi aux tirs, abattant 71 missiles sur 103, d'après le ministère russe de la Défense. La France participé à des tirs contre deux sites dans la région de Homs, mais pas à ceux près de Damas. Moscou a par la suite confirmé qu'aucune frappe n'avait visé les abords de ses bases aérienne et navale situées dans le nord-ouest du pays.
Quelles étaient les cibles ?
Des frappes ont notamment concerné le complexe de Barzeh, au nord-est de Damas. La coalition occidentale affirme que ces installations sont impliquées dans la fabrication d'armes chimiques.
Le gouvernement syrien a déclaré de son côté que le bombardement avait détruit un centre d'éducation, ainsi que des laboratoires scientifiques, mais qu'aucune victime n'était à déplorer.
Le ministère britannique de la Défense a fait savoir dans un communiqué que quatre jets Tornado de la Royal Air Force avaient également tiré des missiles dans les environs de Homs, à environ 170 kilomètres au nord de la capitale, Damas. Londres affirme que le gouvernement syrien y stockerait des produits de base utilisés dans la fabrication d'armes chimiques.
«Notre action est proportionnée et vise spécifiquement à dégrader les capacités du régime à utiliser des armes chimiques», martèle le ministère britannique, bien qu'aucune preuve ne soit apportée pour l'heure, en dehors des allégations d'ONG pro-occidentales et anti-Damas, reprises par les médias occidentaux... Et reprises enfin par Paris, Londres et Washington. Une mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques devait arriver ce même jour à Douma pour enquêter sur l'attaque chimique présumée du 7 avril dernier.
Douze missile ont également visé la base aérienne syrienne de Dumeir, dans le grand est de Damas. L'armée syrienne a répliqué en tirant des missiles antiaériens de fabrication soviétique, de type Bouk.
Quelles armes ont été utilisées ?
L'armée américaine n'a pas précisé le type de missiles employés, mais lors de la frappe punitive d'avril 2017 contre la base aérienne syrienne d'Al-Chaaryate, Washington avait mis en œuvre des Tomahawks. Le secrétaire d'Etat à la Défense James Mattis a précisé ce 14 avril 2018, que deux fois plus de missiles avaient été utilisés que lors de la frappe d'avril 2017. «C'est une frappe massive», a-t-il souligné. D'après Fox News, des bombardiers à long rayon d'action B-1 ont aussi été engagés.
Le ministère russe de la Défense a noté de son côté que les Etats-Unis et ses deux alliés avaient déployé des avions de combat, des navires de guerre et avaient tiré plus d'une centaine de missiles air-sol sur des infrastructures syriennes civiles et militaires. Ces frappes auraient notamment été menées depuis deux navires battant pavillon américain croisant en mer Rouge.
Dans le détail, d'après l'AFP, la France, a engagé cinq frégates de premier rang et neuf avions de chasse dont cinq Rafale, a annoncé avoir tiré pour la première fois des missiles de croisière navals, 3 sur les 12 missiles qu'elle a lancés parmi la centaine ayant visé la Syrie au total. Londres a pour sa part utilisé quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force, équipés de missiles Storm Shadow
Médias, des réseaux sociaux et des informations classifiées occidentales, jugées «fiables»
La chronologie des frappes occidentales est notable, à quelques heures de l'arrivée des enquêteurs de l'OIAC sur le site de Douma, dernier bastion tenu par Jaïch al-Islam à tomber dans la Ghouta orientale.
Lors de l'annonce des raids aériens, la Maison Blanche a mis en avant des informations «fiables du renseignement» américain. L'exécutif américain a également fait valoir comme preuves les réseaux sociaux et des ONG, comme les Casques blancs, nominés aux Oscars à Hollywood. «Le 7 avril, des utilisateurs de réseaux sociaux, des organisations non gouvernementales ainsi que d'autres publications en open-source ont rapporté un bombardement à l'arme chimique à Douma», a affirmé Washington, cité par CNBC. Les Etats-Unis ont également martelé l'argument selon lequel le «régime syrien» aurait utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques. La raison ? «Pour compenser sa faiblesse militaire», affirme encore Washington
La face cachée des Casques blancs en #Syrie
EN SAVOIR + SUR https://francais.rt.com/international/33031-face-cachee-casques-blancs-syrie-video …
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Le 13 avril, le département d'Etat américain affirmait avoir des preuves de la culpabilité de Damas. La porte-parole de la diplomatie américaine, Heather Nauert, citée par Reuters, mettait en avant un «très haut niveau de confiance» des conclusions du renseignement américain, tout en se disant dans l'incapacité de les rendre publiques, faisant valoir que ces informations étaient classifiées... «C'est l'appréciation du gouvernement britannique, du gouvernement américain [et] du gouvernement français», a-t-elle encore avancé.
Aujourd'hui, Washington utilise les médias à la place d'un tube à essais
Réagissant aux frappes occidentales, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a déploré que les Occidentaux ne se soient reposés que sur des présomptions. «Les médias américains et occidentaux devraient se rendre compte de leur responsabilité dans cet incident. Il y a 15 ans [en 2003, au moment de deuxième guerre en Irak], la Maison Blanche a eu recours à un tube à essais et à son secrétaire d'Etat [Colin Powell]. Aujourd'hui, Washington utilise les médias à la place d'un tube à essais», a-t-elle déclaré.