Subissant des pressions trop importantes de la part du gouvernement provincial, de l’entreprise Pétrolia et de la population, le maire d’Anticosti a annoncé sa démission, mardi.
Jean-François Boudreault aurait fait connaître sa décision de quitter ses fonctions de maire à la municipalité de l’Île d’Anticosti, par lettre, mardi. Il était en poste depuis 2013 et il s’agissait de son premier mandat comme maire.
Dans sa lettre, l’élu aurait évoqué des «raisons personnelles», sans donner de précisions. Le préfet de la MRC de la Minganie, Luc Noël, a lui aussi appris la nouvelle mardi et s’est entretenu avec le maire démissionnaire.
Les pressions découlant du projet d’exploitation d’hydrocarbures de Pétrolia et de ses partenaires seraient devenues impossibles à gérer pour le maire de la petite municipalité de 200 âmes.
«C’est un petit milieu fermé, ce n’est pas facile. Tous les jours, il côtoie les gens, soit les pour, soit les contres. Ceux qui ont des critiques à lui émettre, il les rencontre partout où il va dans la petite communauté», a expliqué au Journal, Luc Noël.
Ce dernier n’a pas été surpris par l’annonce. «Je savais depuis un certain temps que Jean-François subissait beaucoup de pression», a-t-il admis.
Pas de support du Plan Nord
Il déplore qu’Anticosti soit exclue du Plan Nord. Il est d’avis que l’encadrement de la Société du Plan Nord aurait été nécessaire pour la municipalité et le maire.
«On l’a laissé seul, à la merci des journalistes, des mouvements de pression, des environnementalistes, des pour, des contres, du gouvernement, de la compagnie. À un moment donné, un homme, c’est un homme. Le résultat c’est qu’il vient un moment où il y a trop de pression, il vient fatigué et il prend la décision, pour sa santé, de s’en aller», a dit Luc Noël.
Les ressources très limitées dans un milieu aussi isolé qu’Anticosti ne permettraient pas de faire face à des projets de cette ampleur.
«L’entreprise veut que le conseil municipal soit pour ce qu’elle fait, le gouvernement veut aussi que le conseil municipal réponde à la commande. Lui, à un moment donné il ne sait pas nécessairement quoi faire, quoi dire. Il n’y a pas personne pour l’aider à faire un plan de communication, à faire de la recherche sur le dossier. Il y va selon son jugement, ce n’est pas facile dans ce temps-là», a défendu le préfet.
Il croit que la situation n’ira pas en s’améliorant et que le successeur de Jean-François Boudreault sera confronté aux mêmes problématiques, voire encore plus grandes, si le projet pétrolier se concrétise. «S’ils font le choix d’y aller, il va y avoir encore plus de pression.»
Couillard le «fait rire»
Alors que la démission du maire d’Anticosti survient peu de temps après que Philippe Couillard se soit dissocié du projet pétrolier sur l’Île, le préfet Luc Noël n’accorde pas beaucoup de crédibilité aux propos du premier ministre.
«C’est le gouvernement libéral qui a débuté le projet au tout début. C’est sûr que le gouvernement péquiste l’a poussé, mais le gouvernement libéral ne peut pas s’en laver les mains, ça a été les premiers à donner des permis et des droits d’accès pour Pétrolia. Le gouvernement libéral n’arrêtera pas ce projet-là», a-t-il commenté. Ajoutant que les propos du chef libéral l’avaient «fait rire».
BV- Le maire d’Anticosti, Jean-François Boudreault a annoncé sa démission mardi. Photo : Facebook
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