Le documentaire sur Lise Payette ouvre sur une scène étonnante. L’animatrice Sophie Thibault demande à de jeunes cégépiens s’ils connaissent la grande dame. Lise Payette ? Heu, c’est la première femme dans l’espace avance un étudiant qui confond Lise et Julie, mais aussi Julie et Valentina Terechkova. Les autres gardent un silence un peu gêné.
Tout le reste de l’heure et demie de télé propose de se souvenir de Lise. De la communicatrice hors pair que l’homme de télévision Stéphane Laporte décrit comme « l’Oprah Winfrey du Québec des années 1970 ». De la féministe qui explique au leader étudiant Gabriel Nadeau- Dubois que c’est grâce à elle, enfin grâce à une de ses réformes en tant que ministre de la Condition féminine, s’il porte deux noms. De la scénariste aussi, celle qui a créé plusieurs séries de la fin du XXe siècle, dont Lesdames de coeur, avec le célèbre personnage de Jean-Paul Belleau en macho adultère qu’elle a fini par faire aimer malgré elle.
À femme extraordinaire, moyens spéciaux. Le documentaire qui revient sur cette riche carrière sera présenté sur deux réseaux, à Télé- Québec d’abord, le dimanche 12 janvier, puis à TVA au printemps 2014. Il s’agit d’une première collaboration pour ces deux réseaux.
Les balises viennent par paires dans cette bonne aventure. Il a fallu deux producteurs (Productions J et Argus Films) et deux réalisateurs, Jean-Claude Lord et Flavie Payette-Renouf. Cette jeune cinéaste est la petite-fille de la vedette. Elle a été utilisée pour convaincre sa super mamie de se laisser tirer le portrait sur quelque 90 minutes. Au visionnement de presse, lundi, Mme Payette a confié que cet exercice étendu sur tout l’été dernier lui avait finalement sauvé la vie alors qu’elle était condamnée par son médecin.
La production traverse sa riche existence au pas de charge. D’abord la jeunesse dans Saint-Henri sous la figure tutélaire de Marie-Louise, la super mamie de Lise. Puis le mariage malheureux avec André Payette, mari adultère, et les années passées à Paris, au début des années 1960, qui lui font rater le coeur de la Révolution tranquille. Ensuite, la carrière fulgurante, à la radio, à la télévision, en politique. La production a même retrouvé une bande originale où on entend Mme Payette glisser la petite phrase de trop sur les Yvettes, un des moments forts du référendum de 1980 — certains cégépiens n’ont qu’à googler pour comprendre.
La biographie filmée s’intitule Lise Payette : un peu plus haut, un peu plus loin, en référence à la chanson de Jean-Pierre Ferland interprétée par Ginette Reno lors des fêtes de la Saint-Jean, sur le mont Royal, en 1975. Mme Payette était l’organisatrice de ce grand pow-wow de cinq jours qui l’a ensuite décidée à plonger en politique.
La dernière partie fait témoigner Gilles Vigneault, Pauline Marois, Céline Dion, mais aussi le très rare Claude Charron, et les trois leaders étudiants du printemps 2012. C’est franchement la plus faible, ou la plus agaçante, parce qu’elle accentue le volet hagiographique et larmoyant de la production. Ce choix de ne pas faire intervenir de critiques de Mme Payette, ou de ses idées politico-idéologiques, ou de ses productions télévisuelles est parfaitement assumé. « Je ne voulais pas faire ça, dit Jean-Claude Lord. C’est plus une sorte de testament, de legs. Les gens jugeront après… »
Souvenez-vous de Lise
TQ et TVA s’allient pour diffuser un documentaire sur Lise Payette
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