Le ministre de l’Intérieur reproche à Eric Drouet d’avoir appelé à un «soulèvement sans précédent» après la grave blessure à l’œil du Gilet jaune Jérôme Rodigues. Le communiqué de la discorde avait pourtant été signé «La France en colère !!!».
Christophe Castaner voit rouge. Le ministre de l'Intérieur a plaidé, ce 29 janvier, pour le lancement de poursuites contre Eric Drouet, l’une des personnalités emblématiques des Gilets jaunes, qu'il accuse d'avoir appelé à «un soulèvement sans précédent par tous les moyens nécessaires» après la blessure à l'œil d'une autre figure du mouvement, Jérôme Rodrigues.
«C'est un appel à l'insurrection. C'est quoi tous les moyens utiles et nécessaires auxquels pense [Eric Drouet] ? Les boules de pétanque jetées sur les policiers, c'est déjà fait. Les pavés, c'est déjà fait. Les cocktails Molotov, c'est déjà fait», a déclaré le patron de la place Beauvau dans l’émission Bourdin Direct sur BFM TV. «Cette dernière déclaration relève à mon sens de l'infraction pénale. Nous ferons ce qu'on appelle un article 40 pour que le procureur décide s'il veut poursuivre ou pas. Vous vous rendez compte qu'il appelle à utiliser de nouvelles armes alors qu'aujourd'hui il y a des cocktails Molotov ?», a-t-il poursuivi dans la même veine.
Un appel d’Eric Drouet ou de la «France en colère !!!» ?
Le communiqué polémique avait été publié dans la foulée de l'hospitalisation de Jérôme Rodrigues sur la page Facebook «La France en colère !!!», groupe fondé par Eric Drouet. Pour autant, la signature qui figurait en bas du texte, depuis retiré, précisait bien que l'appel avait été fait au nom du groupe.
Face à la polémique naissante sur le contenu du texte, Eric Drouet avait tempéré le 28 janvier ces propos dans un Facebook Live. «J'étais au chevet de Jérôme [Rodrigues] quand l'équipe d'administrateurs l'a rédigé. [...] Je ne l'ai lu qu'après. Le mot "soulèvement" était de trop», avait-il reconnu, tout en appelant dans la foulée «au plus grand pacifisme» pour la prochaine journée d'action, le 2 février.
Eric Drouet est déjà dans le collimateur de la justice : arrêté le 2 janvier à Paris non loin des Champs-Elysées pour organisation de manifestation sans déclaration préalable, il était sorti de garde à vue le 3 janvier. Le procureur de Paris, Rémy Heitz, avait alors annoncé dans un communiqué qu'une convocation devant le tribunal correctionnel lui avait été délivrée par un officier de police judiciaire pour le 15 février.