Sondage CROP: vers un gouvernement minoritaire péquiste

Élection Québec 2012 - analyses et sondages


JEAN-MARC SALVET (Québec) À moins d'un revirement d'ici les quatre prochains jours, le Parti québécois (PQ) de Pauline Marois formera le prochain gouvernement du Québec. Mais attention : il sera minoritaire, prédit la firme CROP.



Un sondage CROP-Le Soleil-La Presse mené de lundi à mercredi auprès de quelque 1000 personnes donne le Parti québécois en première position, avec 32 % d'intentions de vote. Il est suivi par la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, qui pointe à 28 %, et par les libéraux de Jean Charest qui, avec 26 % d'appuis, enregistrent un score historiquement bas dans une telle enquête.
Après avoir engrangé des points depuis le début de la campagne, les caquistes n'ont pas progressé depuis le précédent CROP, conduit de vendredi à dimanche. Les libéraux, de leur côté, paraissent avoir stoppé leur lente mais inexorable glissade. Ils n'ont pas reculé depuis quelques jours, mais ils peuvent difficilement descendre plus bas, exprime le vice-président de CROP, Youri Rivest.
En fait, c'est le Parti québécois qui, bien qu'en tête, a perdu un petit point depuis le précédent coup de sonde, tandis que Québec solidaire en a gagné deux. Le parti d'Amir Khadir et de Françoise David est passé de 7 % à 9 % des intentions de suffrage.
Mais ce n'est pas cet échange de voix entre les deux formations souverainistes qui fait croire au sondeur que le PQ devra se contenter d'un gouvernement minoritaire, si ces résultats devaient se confirmer mardi.
C'est son avance insuffisamment importante chez les francophones - insuffisante pour lui permettre de semer la CAQ. Le PQ récolte le soutien de 37 % des francophones; la Coalition, de 30 %.


Libéraux en mauvaise posture

Stationnés à 19 % chez les francophones, les libéraux sont en très mauvaise posture. Ils devront s'appuyer sur les circonscriptions moins francophones ou non francophones pour conserver un nombre raisonnable de sièges à l'Assemblée nationale.
En entrevue, Youri Rivest note que le Parti libéral du Québec (PLQ) bénéficie de l'appui de 11 % seulement des francophones de moins de 45 ans! Une donnée qui ne présage rien de bon pour ce parti ayant l'habitude du pouvoir. Pour l'heure, il semble devenu le parti des personnes plus âgées et des allophones, constate le patron de CROP.
Revenons au PQ pour dire que ce n'est pas pour rien que la chef Pauline Marois multiplie les appels aux citoyens tentés de voter pour Québec solidaire et Option nationale (2 %) - pas pour rien qu'elle les presse de joindre leurs voix à la formation fondée par René Lévesque. À eux trois, ils recueillent 43 % d'intentions de vote. De quoi rêver à une majorité au Parlement!
Dans la capitale

Dans la région de la capitale, le classement des partis diffère. La Coalition avenir Québec domine le paysage avec 35 % d'intentions de vote. Le PLQ suit avec 27 %. Le PQ ferme la marche des trois principaux partis avec 20 % d'appuis. Québec solidaire est à 9 % et Option nationale, à 5 %. (Il faut prendre ces chiffres avec plus de précaution, car les personnes sondées sont moins nombreuses, ce qui accroît la marge d'erreur.)
À l'échelle de tout le Québec, l'intérêt pour cette campagne électorale estivale paraît élevé. Il est passé de 64 % à 75 % depuis le début du mois.
Notons que bien des électeurs seront déçus si c'est effectivement un gouvernement minoritaire qui sort des urnes le 4 septembre. Quelque 71 % des sondés ont affirmé que leur préférence irait à l'élection d'un gouvernement... majoritaire.
Souveraineté en berne?

Effet Legault? CROP mesure que moins de Québécois qu'en début de campagne ont envie de dire Oui à la souveraineté du Québec. Ils ne seraient plus que 28 % à le souhaiter, alors qu'ils étaient 36 % au début du mois.
Ces Québécois n'ont pas été joindre le camp du Non pour autant, puisque celui-ci a vu ses effectifs croître de deux points seulement, de 60 % à 62 %.
C'est le nombre d'indécis ou de discrets qui a augmenté. Ils sont passés de 4 % à 10 %.
Pauline Marois répète qu'elle ne souhaite pas s'enfermer dans la «mécanique référendaire». Une position qui l'aide dans les circonstances et pour l'instant, puisque seulement 29 % de tous les sondés désirent une consultation référendaire sur l'avenir du Québec dans un éventuel «premier mandat» péquiste.
La vie des éventuels élus péquistes «pressés» sera aussi compliquée du fait que, parmi les partisans du PQ, 37 % déclarent ne pas en vouloir, d'après CROP.
Méthodologie
Les chiffres présentés dans les articles et les tableaux sont ceux obtenus «après répartition proportionnelle» des 19 % d'indécis et de discrets, une proportion assez élevée à ce stade-ci de la campagne. Les résultats «avant répartition» sont les suivants : PQ, 26 %; CAQ, 22 %; PLQ, 21 %; Québec solidaire, 8 %; Option nationale, 2 %; Parti vert, 1 %; «autre parti», 1 %. La collecte téléphonique des données s'est déroulée du 27 au 29 août. Un total de 1002 entrevues ont été réalisées. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence ainsi que la langue maternelle, indique CROP. La marge d'erreur maximale de ce sondage est de 3,1 points, et ce, 19 fois sur 20.


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