En visite mardi à l’Expo agricole de Saint-Hyacinthe, au sud de Montréal, le chef conservateur, Andrew Scheer, a réitéré son engagement de réviser le nouveau Guide alimentaire canadien pour qu’il reflète davantage les recherches menées par l’industrie alimentaire.
La semaine dernière, M. Scheer avait suscité l’ire des libéraux en disant à des agriculteurs de Saskatoon que le nouveau guide était imparfait et qu’il devrait être réexaminé. Le nouveau guide a fait table rase sur les groupes alimentaires et les portions, pour se concentrer sur des directives plus générales, notamment sur la consommation accrue de protéines végétales et d’eau.
Les libéraux affirment que le guide a été reçu très positivement au pays, y compris par des experts en nutrition. Ils estiment que M. Scheer s’incline devant des intérêts particuliers et déclare la guerre aux recherches de Santé Canada.
« La réaction est exagérée, ils méritent un Oscar », a-t-il ironisé en point de presse.
« J’ai promis une révision pour que toute la science soit considérée. On sait qu’il y a des inquiétudes de quelques scientifiques, a-t-il soutenu. Ce n’est pas à moi, comme premier ministre, de diriger le guide, c’est à moi de s’assurer que le processus est propre et que toute l’information est incluse. »
Bien que M. Scheer ait rejeté les accusations des libéraux selon lesquelles il serait à la solde de l’industrie agricole, lui et les producteurs laitiers de la province ont une histoire commune.
L’ancien rival d’Andrew Scheer à la direction du Parti conservateur du Canada, Maxime Bernier, l’accuse d’avoir travaillé de connivence avec les agriculteurs de la province au cours des derniers mois de la course de 2017. Selon M. Bernier, environ 10 000 Québécois se sont joints aux conservateurs pendant cette période, mais n’ont pas renouvelé leur adhésion l’année suivante.
Maxime Bernier, qui souhaite l’abolition du système fédéral de gestion de l’offre qui protège l’industrie de la volaille, des produits laitiers et des oeufs de la concurrence étrangère, prétend que les agriculteurs ont adhéré au parti afin de s’assurer qu’il soit défait par M. Scheer, qui appuie la gestion de l’offre. Andrew Scheer avait finalement remporté la course, par une très faible marge.
Marcel Riendeau, âgé de 71 ans, était l’un de ces agriculteurs qui ont voté pour M. Scheer dans la course à la direction du Parti conservateur. Mais il demeure membre du parti.
« Quand [Justin] Trudeau s’est présenté, j’ai lâché de voter libéral, a affirmé cet agriculteur de Saint-Hyacinthe. Il dit qu’il se tient deboutte, mais il est pas deboutte, il est assis », a-t-il soutenu, faisant référence au dernier sommet du G7 à Charlevoix, lorsque le président américain Donald Trump avait traité le premier ministre canadien de « faible et malhonnête ».
Andrew Scheer aura besoin de plus de gens comme M. Riendeau de son côté pour remporter la circonscription de Saint-Hyacinthe–Bagot. La région agricole est actuellement représentée par la néodémocrate Brigitte Sansoucy et les conservateurs ont fini quatrièmes en 2015 avec un candidat vedette, l’ancien journaliste Réjean Léveillé.
Cette année, le candidat conservateur est l’ancien analyste de boxe à la télévision, Bernard Barré.
Lise Boulay, âgée de 56 ans, a confié que, même si elle a voté pour les libéraux en 2015, elle était ouverte à considérer d’autres partis, mais pas les conservateurs.
« Je ne crois pas, a indiqué cette électrice de la région de Granby. Ce n’est pas dans mes convictions, dans mes valeurs. Il est trop conservateur. »