Une inflexion récente dans la pensée de Renaud Camus rend son concept de grand remplacement plus acceptable, même par ses détracteurs. Des ennemis qui – soit dit en passant – tournent casaque. Dernièrement, une Ségolène Royal plus nationale que jamais et un Michel Onfray connu pour son anticléricalisme qui se mettent à défendre la dimension chrétienne de la civilisation européenne et à nous alerter contre la conquête musulmane.
C’est parce que notre civilisation doute, se complait dans la repentance, qu’elle offre un terreau favorable à la rétro-colonisation. C’est parce qu’il y eut au préalable le petit remplacement de la déculturation et de la non-transmission que le grand remplacement de population est rendu possible. D’autant que le terrain à conquérir est en friche : friche de traditions incarnées et de culture enracinée, d’esprits intelligents et raffinés, d’identité nationale bien définie. Je l’écrivais, voilà quelques mois : les barbares de l’extérieur prennent pied sur des territoires déjà saccagés par les barbares de l’intérieur, des Français au carré.
Les conversions de chrétiens à l’islam devraient nous alerter, ces anonymes enrôlés dans le terrorisme sur le sol français ou dans le djihad en Irak ou en Syrie jusqu’aux célébrités — Diam’s ou Franck Ribéry — dans ce mélange de conversion ostentatoire, de mode de vie tapageuse et de soumission aux rites religieux.
Les ordres de priorité s’en trouvent inversés. Il ne servirait à rien de se protéger de l’immigration, voire d’encourager le retour aux pays d’origine, si l’on ne prend pas le mal à sa racine, qui tient à notre fatigue culturelle, à la honte de soi. La preuve en est de la colonisation, plus insidieuse et plus sûre, et depuis des lustres, par la culture prosaïque et vulgaire états-unienne et qu’il n’est nul besoin pour cela d’imam, de halal ou de mosquée.
Ce n’est pas tant l’islam qui pose problème que nous-mêmes. L’Europe a su pendant mille ans se protéger de Mahomet. Il ne faut pas être naïf relativement au prosélytisme armé et à la fureur fanatique du Coran, mais il faut aussi reconnaître les beautés sublimes, même si elles sont passées, de cette civilisation, de la Perse d’Avicenne et Omar Khayyam aux mosquées de Soliman ou de l’art et de la douceur de vivre dans les royaumes chérifien et andalou, en des époques où nous autres Européens n’étions que des sauvages frustes et incultes. Une énorme littérature dite du Voyage en Orient atteste de l’admiration des meilleurs esprits d’Occident pour cette grande civilisation voisine de la nôtre.
Quand une nation a intégré un nouveau rapport de domination en acceptant l’image dévaluée d’elle-même, alors le déclin est proche. Telle est la leçon de la chute de Rome. L’abandon des traditions et des cultes anciens au profit du modèle impérial et de la croyance chrétienne a préparé le terrain aux nouveaux colons. Rome est tombée comme un fruit mur dans l’escarcelle des conquérants barbares car les Romains ne croyaient plus aux vertus de leur civilisation.
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