Au début des années 70’, lorsque j’ai débuté ma carrière dans l’enseignement, les classes des facultés des sciences de l’éducation étaient bondées. La profession d’enseignant occupait une place honorable dans l’échelle sociale du Québec. Les salaires étaient abordables et les conditions de travail, notamment la tâche, fort appréciables.
Or, dans la rubrique Faites la différence du Journal du 1er mars, un jeune élève de 13 ans, Gabriel Morin, de Val-des-Monts, signe une lettre titrée «Je n’ai pas de prof d’anglais depuis octobre». Devant cette situation pour le moins inquiétante, Gabriel a cherché des ressources autour de lui qui lui ont permis de cheminer en anglais. « Plus que jamais, le gouvernement doit agir pour combler le manque de personnel dans les écoles, car ce n’est pas tous les élèves qui ont ma chance. Ma génération mérite autant une éducation de qualité que celle que les générations précédentes ont reçue », lance Gabriel à la fin de sa lettre en guise de cri d’alarme.
Une tâche lourde
Si l’école désire valoriser la profession d’enseignant, elle devra d’abord s’attaquer, pour une majorité des nouveaux enseignants, à la lourdeur de leur tâche. Je veux parler ici des groupes dits réguliers dans lesquels son concentrés les élèves à besoins particuliers, communément appelés les élèves en difficultés d’apprentissage.
Dans le contexte actuel, l’enseignant qui a la charge de ces groupes, et ce sont souvent des nouveaux enseignants puisque les professeur d’expérience, ayant priorité, choisissent les groupes à projets particuliers, tels sports-études ou arts-études, se voit confronté à des groupes turbulents sans possibilité d’obtenir l’aide de personnels spécialisés, tels des psychologues, des travailleurs sociaux, des orthophonistes, des orthopédagogues et autres puisque ce secteur subit lui aussi une pénurie de personnel.
Une solution pour pallier cette pénurie est venue du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à l’effet que le personnel de garde à l’école pourrait venir « dépanner » les enseignants littéralement pris en otages par les élèves en difficulté. Une autre solution serait de demander aux étudiants inscrits dans des programmes spécialisés de faire des stages dans les groupes réguliers et ainsi appuyer les enseignants de ces groupes.
Redorer la profession d’enseignant
Depuis plusieurs années, la valorisation de la profession d’enseignant est devenu un sujet tabou. Or, dans la réalité, quelles solutions ont été effectivement mises de l’avant pour atteindre cette valorisation ? À mon avis, tant et aussi longtemps que l’enseignement portera le fardeau de tâches extrêmement lourdes pour plusieurs enseignants, peu d’étudiants issus des cégeps feront le saut en sciences de l’éducation de peur d’être confrontés à des situations de gestion de classe qui les rendent réticents à plonger dans une profession perçue socialement comme problématique.
À mon avis, il faut concentrer les efforts de valorisation en amont. À titre d’exemple, des rencontres entre des étudiants en sciences de l’éducation et des cégépiens pourraient susciter chez certains une curiosité qu’ils auraient peut-être le goût d’explorer. Des campagnes publicitaires attrayantes sous l’égide du Ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) pourraient être mises sur pied et présentées sur les médias sociaux quelques semaines avant la période d’admission dans les universités.
Enfin, la profession d’enseignant est en manque d’amour. Et pourtant, elle incarne, à mes yeux, le plus beau métier du monde, à savoir de permettre aux jeunes québécois de développer leurs capacités intellectuelles et sociales, et de former les adultes de demain. Que demander de mieux comme défi professionnel
https://www.journaldequebec.com/2023/03/02/revalorisons-le-plus-beau-metier-du-monde-celui-de-lenseignement
Henri Marineau, Québec
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