Plus tôt cette semaine, le gouvernement libéral de Jean Charest a franchi le cap de son premier anniversaire. À cette occasion, un sondage a montré que les principaux indicateurs sont à la hausse pour le premier ministre et son équipe. Cela durera-t-il? Pour un certain temps, si...
Cette première année réussie de Jean Charest apparaît d'autant plus extraordinaire que le précédent gouvernement Charest, celui élu en avril 2003, avait été désastreux. Le contraste est presque sidérant. Quand on voit que tout va plutôt bien aujourd'hui, on comprend mal pourquoi nous avons eu à l'époque cette accumulation d'erreurs, de mauvaises décisions et de mauvais casting au conseil des ministres. La promesse de changement a été si mal tenue que les électeurs ont eu pour réaction, le 26 mars 2007, de faire l'impasse sur le changement.
Un gouvernement minoritaire, c'est tout simplement moins de gouvernement, moins de grands projets qui chambardent tout, moins de déchirements inutiles entre groupes opposés. Les libéraux ont bien compris le message des électeurs. D'emblée, le premier ministre a mis la machine au ralenti, au risque d'être un gouvernement ennuyant. Les «gros» problèmes ont été renvoyés à des comités d'étude. Il n'y avait pas de décision à prendre et il n'y a donc pas eu de bévues.
La première manifestation du régime minceur a été la réduction du conseil des ministres à 20 membres. Le gouvernement y a trouvé plus de cohésion et plus d'efficacité. N'ayant aucun grand projet à faire avancer, on cherche plutôt à être reconnu comme le gouvernement qui règle les problèmes. La vitesse de réaction est bonne. On l'a vu cette semaine dans le dossier de la violence au hockey.
Le premier trio, formé de Monique Jérôme-Forget, Michelle Courchesne et Philippe Couillard, est rarement pris au dépourvu. Ils sont devenus les figures de proue de l'équipe libérale. De fait, le casting du conseil des ministres est plutôt réussi cette fois-ci. Les maillons faibles sont moins nombreux que sous le gouvernement précédent. Le premier ministre Charest avait alors dû remanier régulièrement son cabinet. Parfois, on a même souhaité qu'il se remanie lui-même tant il constituait une partie du problème. Or la quasi-défaite de mars 2007 l'a transformé. Il a une assurance et un plaisir à exercer sa fonction qui lui manquaient. Maintenant, les Québécois sont davantage portés à lui faire confiance.
Un gouvernement minoritaire est par définition condamné au compromis. Celui de Jean Charest a appris dès les premiers mois qu'il fallait mettre de côté toute arrogance et s'éloigner des zones de turbulence avec l'opposition. Tant qu'il continuera sur sa lancée actuelle, ça ira. La tendance positive amorcée pourra se poursuivre pendant quelque temps encore... en fait jusqu'à ce que l'actualité ramène sur le devant de la scène les grandes questions où le gouvernement doit trancher dans le vif. Pensons au dossier linguistique, à celui des accommodements raisonnables ou encore aux enjeux constitutionnels, où les visions défendues par les trois partis présents à l'Assemblée nationale sont irréconciliables. Il faudra alors beaucoup de doigté au premier ministre pour mener sa barque.
Pour admirable qu'il soit, le climat relativement serein qui prévaut à Québec ne pourra pas durer. À la première occasion, la polarisation du débat politique refera surface. Dès la première embellie, les libéraux seront tentés de provoquer des élections, avec l'espoir d'obtenir un mandat majoritaire. La manoeuvre pourrait être risquée. La preuve étant faite qu'un gouvernement minoritaire peut bien fonctionner, les Québécois comprendraient mal que, dans six ou douze mois, Jean Charest programme sa propre défaite. On pressent leur réaction. Ils pourraient bien réélire un autre gouvernement minoritaire.
***
bdescoteaux@ledevoir.com
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé