Depuis le début de l'insurrection en Syrie, le président Bachir al-Assad s'est distingué en déclinant mille et une promesses qu'il n'a jamais respectées. Pour être plus exact, il a montré un don particulier pour l'évocation de mesures à l'enseigne de l'apaisement immédiatement suivie d'un sursaut répressif. Résultat? Selon un bilan récent de l'ONU, ses troupes ont massacré 3500 personnes. Conséquence de ce résultat? Après des mois de louvoiement, la Ligue arabe vient de décider la suspension de la Syrie, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné l'arrêt de l'exploration pétrolière dans les environs de Damas, qu'il a accompagné de la menace que la distribution d'électricité serait suspendue, l'Union européenne a confectionné un train de sanctions. Quoi d'autre? Des soldats ayant fait défection ont attaqué le siège d'un service de sécurité. Bref, à la suite des décisions prises ces jours-ci, Assad est attaqué sur tous les fronts.
Aux gestes évoqués, il faut maintenant greffer un signe symbolisant l'abandon dont Assad est l'objet. La Russie, l'alliée de toujours, a rencontré des dirigeants de l'opposition repliés en Turquie. Autrement dit, le Kremlin vient de signaler qu'à l'instar de la Ligue arabe et d'autres, sa patience est pratiquement épuisée. Le duo Poutine-Medvedev n'est certes pas favorable, du moins pour l'instant, au remplacement d'Assad par les leaders syriens actuellement à Ankara, mais il est clair qu'il jongle avec un certain nombre d'hypothèses ayant en commun l'après-Assad.
Qu'il s'agisse de membres de la Ligue arabe, d'un ministre européen des Affaires étrangères, du chef de la diplomatie russe ou du responsable américain du pupitre moyen-oriental, tous concentrent des énergies d'autant plus angoissées que la Syrie est le carrefour de l'instabilité régionale, du littoral méditerranéen au golfe Persique. Tous estiment que les variables ou facteurs inhérents à la guerre civile ne sont pas loin d'être rassemblés et que, si conflit il y a, alors on assistera à d'autres vacillements politiques régionaux mais aussi internationaux. En clair, Washington, Moscou et d'autres s'emploieront évidemment à participer à la redistribution des cartes géopolitiques qui pourraient commencer à très court terme.
En effet, la Ligue arabe a souligné qu'outre la suspension, Assad s'exposait à un chapelet de punitions. Au terme de son sommet, la Ligue a indiqué «qu'elle donne trois jours au gouvernement syrien pour arrêter la répression sanglante contre la population civile, mais si Damas n'accepte pas de coopérer avec la Ligue, des sanctions économiques seront adoptées contre la Syrie». C'est à se demander si les nations sunnites comme l'Égypte et l'Arabie saoudite ne sont pas en train de prendre leur revanche sur un pays dominé par les alaouites, frères en religion des chiites, donc des Iraniens.
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