ÉTUDIANTS DE LA FRANCOPHONIE AU QUÉBEC

Réparer la bourde qui a offensé la France

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{{Celle du Général De Gaulle, on veut bien, mais celle de Sarkozy et de Hollande...}}

Depuis près d’un demi-siècle, le lien à la France et le lien aux pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (77 aujourd’hui) ont fait l’objet d’un large accord politique au Québec. La famille libérale peut s’enorgueillir d’avoir créé la relation diplomatique avec la France, et la famille péquiste d’avoir négocié la formule assurant la présence du Québec au sommet francophone. Les deux familles peuvent se féliciter de n’avoir pas fragilisé l’héritage construit par l’une et l’autre. Cette attitude devrait servir d’exemple à nos dirigeants, tant il illustre le besoin de cohésion durable dans les domaines où nos intérêts vitaux sont en cause.

La présence des étudiants français au Québec appartient à ces intérêts, les nôtres, les leurs et ceux virtuellement des étudiants de l’espace francophone international.

D’un succès bilatéral à un succès multilatéral

Une bourde a été apparemment commise par l’ancien gouvernement. Dans son dernier budget, il aurait proposé une modification aux règles concernant les droits de scolarité des étudiants français au Québec. Cette posture unilatérale est offensante pour la France. Il faut prendre acte. À la vérité, cette bourde est lettre morte, le projet de budget n’ayant jamais été débattu et accepté par l’Assemblée nationale, son contenu est, en conséquence, sans effet. Il appartient au nouveau gouvernement de trouver une sortie de ce malaise avec Paris, une sortie par le haut, pour m’associer au souhait du consul général de France à Québec. Cette sortie passe par la Francophonie.

Peut-on imaginer l’extension de l’entente entre le Québec et la France à l’ensemble des pays francophones ? Imaginer la fusion des ressources consacrées à cette entente et celles dédiées à la réduction des droits de scolarité dont bénéficient certains étudiants africains inscrits dans nos universités comme contribution du Québec à un fonds multilatéral alimenté par l’ensemble des pays francophones du Nord et du Sud. Ce fonds pourrait être confié à l’OIF qui en assurerait la gestion en lien avec l’Agence universitaire de la francophonie. Oui, les pays de la francophonie du Sud peuvent apporter leur contribution comme ils l’ont fait, en son temps, pour le lancement de la chaîne TV5 Afrique.

L’entente Québec-France concernant les droits de scolarité est un grand succès. Elle a ouvert les chemins de la mobilité entre nos deux sociétés, conduit au Québec des jeunes instruits, francophones, dont plusieurs ont décidé de s’installer chez nous. Certes, son déploiement est déséquilibré tant le nombre d’étudiants français au Québec dépasse celui des étudiants québécois en France. Cette question pourrait faire partie des examens nécessaires et préalables au lancement du Fonds multilatéral pour la mobilité des étudiants universitaires et en technologie avancée en francophonie.

Le Québec, en partenariat avec la France, qui, elle aussi, cherche à enrichir la présence d’étudiants étrangers dans ses universités, peut et doit transformer son problème actuel en proposition utile pour le sommet de la Francophonie qui se tiendra à Dakar !

Le Québec trouverait alors de nombreux alliés autour de la table : le Maroc qui, sur ses ressources propres, accueille plus de 10 000 étudiants africains annuellement, et le Sénégal, le Cameroun, qui dispose d’établissements de haut niveau, et Maurice, la Communauté française de Belgique et la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Suisse et bien d’autres. Bienvenue au XXIe siècle, qui est celui de toutes les mobilités et de toutes les diversités.

Le Québec trouverait chez les jeunes, spécialement en Afrique, un appui enthousiaste tant ils ont le sentiment, à tort ou à raison, à raison selon moi, que l’espace francophone est aujourd’hui moins hospitalier pour eux que l’Inde ou la Chine, les États-Unis ou le Brésil, l’Allemagne ou la Turquie. Ce serait un grand moment si le sommet de Dakar, sur proposition du Québec et de la France et de quelques autres partenaires, lançait ce grand programme de mobilité qui manque cruellement à la francophonie. Alors l’espérance pourrait revivre dans l’esprit et le coeur de ceux qui sont l’avenir de notre communauté, les jeunes du continent africain.
L'auteur est délégué général du Québec en France (1986-1990), secrétaire général de la Francophonie (1990-1998)

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Jean-Louis Roy12 articles

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Jean-Louis Roy, Chercheur invité au Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal, secrétaire général de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie de 1990 à 1998 et actuel président du conseil d'administration du Centre de la francophonie des Amériques.





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