Le documentaire à succès Who Killed the Electrical Car? se termine à la manière d’un procès : les pétrolières, les constructeurs automobiles et le gouvernement Bush sont tour à tour reconnus coupables d’avoir volontairement tué l’auto électrique il y a 10 ans.
À l’instar des passagers de l’Orient-Express dans le célèbre roman d’Agatha Christie, ils auraient tous assénés un coup de couteau à la victime.
Cette explication, satisfaisante pour les amateurs de complots, ne tiendrait toutefois pas devant un juge, les preuves étant inexistantes.
Qui donc, dans ce cas, est le véritable responsable de la mort de l’auto électrique? Celui-là même qui est à l’origine de sa récente résurrection : le consommateur.
L’actualité récente nous prouve que les diktats du marché sont ceux qu’imposent les clients, et eux-seuls. Ils veulent de gros véhicules énergivores? Soit. Ils veulent des petits véhicules qui consomment peu? Sans problème.
«Si les cochons deviennent gros et populaires, je suppose que nous construirons des cochons», a déjà reconnu un des vice-présidents de GM, Harry Pearce.
Voilà pourquoi les fabricants autos multiplient les annonces depuis quelques mois, comme s’ils avaient soudainement trouvé le Saint-Graal environnemental.
Nissan s’est engagée à devenir la pionnière de l’auto électrique, GM, promet la Volt d’ici deux ans, Volkswagen vient de s’entendre avec Sanyo pour commercialiser une auto du même type. La Th!nk fera son retour en Amérique du Nord, Ford promet une auto rechargeable Toyota veut offrir l’ensemble de son parc en version hybride et Daimler planche sur une version électrique de la Smart.
Plus éloquent encore est le sort de l’archétype des VUS. Après avoir claironné la sortie prochaine d’un Hummer Xr roulant au biocarburant, en avril dernier, General Motors a retourné sa veste moins de deux mois plus tard en annonçant… la mort possible de ce monstre des routes. «Nous réfléchissons à toutes les options, a reconnu le grand patron de l’entreprise, incluant la vente de la marque au grand complet.»
Le virage est majeur, pour ne pas dire sans précédent. Exit l’éventuel modèle à l’hydrogène pour 2050, les constructeurs promettent maintenant l’auto verte pour 2010. Aussi bien dire demain.
La facilité avec laquelle ils s’adaptent au marché peut d’ailleurs laisser certains pantois. Mais il faut savoir que tout cela était dans les cartons depuis bien longtemps. Il ne manquait que la volonté des consommateurs pour que ces projets atteignent la chaîne de production.
La Volt en est le meilleur exemple. Après avoir essuyé une pluie de critiques en assassinant la EV-1 à la fin des années 90, comme le montre le film «Qui a tué la voiture électrique?», GM se retrouve aujourd’hui sous les projecteurs avec ce futur véhicule hybride rechargeable, dont le dévoilement est prévu cet automne.
Que s’est-il passé? L’apathie des consommateurs s’est transformée en engouement. Certes, la liste de clients intéressés par l’auto électrique était déjà longue il y a dix ans, comme l’affirment les écolos. Mais lorsque les limites de cette voiture étaient connues, rares étaient-ils à vouloir réellement s’en procurer une, ce qui explique la décision du constructeur d’abandonner ce coûteux projet.
Mais depuis, le portrait a complètement changé. Non seulement les prix de l’essence ont explosé, ils donnent surtout l’impression de ne plus jamais vouloir redescendre à leurs niveaux antérieurs. L’ère du pétrole à rabais ne sera bientôt plus qu’un vague souvenir, au même titre que les mastodontes de la route.
À lire
Rares sont les nouveaux venus dans le monde concurrentiel des magazines au Québec. «Nature Sauvage» étonne donc par son audace, mais surtout la qualité de ses reportages et de ses photos. Dévoilée jeudi par la grande famille des éditions Vélo Québec, cette revue paraîtra quatre fois l’an. On a déjà hâte de lire la prochaine livraison.
Un catalogue des produits bons pour la planète, voilà le défi à la fois prétentieux et original que s’est lancé le célèbre photographe Yann Arthus-Bertrand. Intitulé «Le catalogue GoodPlanet.org» , cet ouvrage de 300 pages est en quelque sorte une version verte (et française) du catalogue Canadian Tire.
Le vélo pour les ploucs
L’essence a beau faire des siennes, les Américains ne sont pas capables de se résoudre à prendre le vélo, un moyen de transport qui semble, à leurs yeux, réservé aux ploucs… Prenez la récente balade en vélo de Barack Obama.
Plutôt que d’applaudir, les tribunes ont critiqué… sa tenue vestimentaire. Cela fait écho à la dernière publicité télévisée du géant de l’assurance, State Farm: on voit un cycliste en shorts raillé par ses collègues – motorisés ¬–, à la fois pour ses vêtements et pour son vélo. La pub a depuis été retirée des ondes.
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