Questions concernant La Presse

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Une manœuvre décriée par tous

Le pavé dans la mare jeté par la famille Desmarais avant-hier continue de faire des vagues.


Voici d’ailleurs quelques questions que je me pose au sujet de la transformation du quotidien de la rue Saint-Jacques en organisme de bienfaisance vivant de dons et de subventions...


UNE PRIME À L’INCOMPÉTENCE


1) Chaque fois qu’on parle de la SAQ, on demande toujours : « Mais qu’est-ce que l’État fait dans la business de la vente au détail ? Est-ce que ça fait vraiment partie de sa mission ? »


De même, on peut se poser la question : « Mais qu’est-ce que l’État vient faire dans le journalisme ? »


2) Si Alexandre Taillefer, pour ne nommer qu’un philanthrope, décide de verser des millions dans la fiducie qui va diriger La Presse, les journalistes de La Presse se sentiront-ils libres de critiquer Téo Taxi ?


Et dans la population, ce don ne risque-t-il pas d’être perçu comme une police d’assurance – je verse de l’argent dans votre fiducie et vos journalistes me foutent la paix ?


3) Il y a une différence entre recevoir des subventions de l’État (la plupart des entreprises québécoises en reçoivent) et vivre exclusivement de subventions et de dons.


La formule OSBL ne rend-elle pas les médias trop dépendants des autorités qu’ils sont censés critiquer ?


4) Pourquoi l’État récompenserait des entreprises qui ont pris de mauvaises décisions et qui se sont plantées, plutôt que des entreprises qui se sont adaptées, qui ont pris de sages décisions d’affaires et qui ont fait ce qu’il fallait faire pour survivre et prospérer ?


N’est-ce pas une prime à l’incompétence ?


LE DESIGN DES CHAISES LONGUES


5) La Presse deviendra un OSBL, soit.


Mais ses employés continueront-ils à recevoir les mêmes salaires et à bénéficier des mêmes conditions de travail qu’ils avaient quand ils travaillaient pour une entreprise milliardaire comme Power Corporation ?


Comment l’État va-t-il justifier que monsieur Poitras qui gagne 50 000 $ par année paie des taxes et des impôts pour qu’un journaliste qui œuvre au sein d’un OSBL en gagne 100 000 $ ?


Tu ne peux pas travailler dans un OSBL et avoir les mêmes conditions qu’un employé qui travaille pour Power Corporation...


6) L’État ne pourrait-il pas dire : « On vous donne des subventions récurrentes pour vous maintenir en vie, mais vous devrez en contrepartie faire du ménage dans vos finances et gérer vos affaires de façon un peu plus serrée ?


« Ce n’est pas vrai qu’on va vous subventionner pour que vous permettiez à une journaliste de passer une semaine en Scandinavie pour faire un reportage sur le nouveau design des chaises longues... »


Bref, attacher les subventions à certaines conditions ? Des garanties de gestion responsable ?


DE NON LUCRATIF À LUCRATIF ?


7) Est-ce possible que dans deux ans, l’OSBL La Presse ait la langue à terre et qu’un entrepreneur comme Graeme Roustan ramasse le journal pour une bouchée de pain, afin de le transformer à nouveau en entreprise privée à but lucratif – avec le retour d’une édition papier ?


Ça serait une bonne nouvelle pour les employés...


8) Les directeurs de La Presse disent qu’il n’y aura pas de pertes d’emploi. Quelqu’un croit ça, sérieusement ?