Comment expliquer la montée de l’ADQ dans les sondages? Au-delà des
considérations tactiques, du ras-le-bol généralisé et du déficit de
popularité des autres partis, un sondage de Léger Marketing avançait un
élément de réponse : ce serait d’abord le programme de l’ADQ qui attirerait
les électeurs… Mais encore… quel élément particulier se démarque dans ce
programme? Réponse : l’autonomie.
L’autonomie est une idée-force qui semble avoir du souffle, un miroir dans
lequel les gens du Québec aiment se voir. Mais c’est un miroir à trois
faces :
L’autonomie, c’est « ne dépendre de personne», dans le langage courant
qu’affectionnent les adéquistes. Autonome face à l’État. Comme le coureur
des bois. Autonome en dehors de l’État. Autosuffisant.
L’autonomie, c’est aussi se gouverner « selon des règles librement
choisies» dans le langage philosophique qu’affectionnent les péquistes.
Comme les autonomistes Basques, Corses, Catalans. Un autre mot pour
Indépendantiste, Souverainiste, Séparatiste.
L’autonomie, enfin, c’est la «distance que peut franchir un véhicule sans
être ravitaillé en carburant» dans le langage pragmatique qu’affectionnent
les libéraux, branchés sur la péréquation et le pétrole de l’Alberta!
On accuse le PQ de jouer sur les mots avec le terme « consultation
populaire». Il n’y a pourtant aucune ambiguïté quant au projet politique
que propose André Boisclair.
M. Charest est lui aussi d’une clarté exemplaire : il propose le statu
quo.
Mais aujourd’hui, alors que Mario vient jouer dans la cour des grands, on
est en droit de lui demander ce qui en est. Il se doit d’être aussi clair
quant à sa position constitutionnelle qu’il l’a été en septembre 2002, au
Canadian Club à Toronto, alors qu’il affirmait que «ceux qui veulent
rouvrir les chicanes constitutionnelles, ils feraient une erreur de voter
pour l'ADQ». On ne peut promettre une chose et son contraire. A-t-il
vraiment changé d’idée? À lui de le démontrer.
Georges Lemieux