Québec -- On a profité du 399e anniversaire de la fondation de la ville de Québec hier pour dévoiler en grande pompe la fontaine de Tourny devant l'Assemblée nationale, en présence du premier ministre, de nombreux politiciens, de l'écrivaine Marie Laberge et de la famille Simons, qui a voulu offrir ce cadeau très particulier à la ville pour ses 400 ans.
Sous un soleil de plomb en fin d'après-midi, badauds, touristes et dignitaires ont convergé devant l'Assemblée nationale pour assister à la «mise en eau» de la fontaine à la suite d'une série de discours. «Nous espérons que la ville de Québec adoptera la fontaine de Tourny comme lieu de beauté, de rassemblement et de réflexion. Longue vie, prospérité et surtout beaucoup d'amour!», a lancé à la foule l'homme d'affaires Peter Simons avant que celle-ci ne se mette à scander: «Merci! Merci! Merci!»
M. Simons a acquis la fontaine de Tourny en 2003 après l'avoir trouvée par hasard chez un antiquaire des Puces de Saint-Ouen, à Paris, où il cherchait des boiseries pour la façade de son magasin. Cette oeuvre monumentale était alors en morceaux et nécessitait bien des soins. Les Simons ont investi quatre millions dans l'achat et les travaux de restauration, somme complétée par deux millions consentis par la Ville et la Commission de la Capitale Nationale pour l'aménagement et la mise en lumière.
Saluant la «magnifique idée» de Peter Simons, le premier ministre a invité les amateurs d'histoire de partout à venir l'apprécier et les amoureux à en faire bon usage. «Pendant des centaines d'années, des jeunes hommes et des jeunes femmes viendront ici se dire: ''Je t'aime"», a déclaré M. Charest qui se prépare à quitter pour la France où il doit rencontrer le président Sarkozy vendredi.
Fidèle à son goût pour les superlatifs, Mme Boucher a pour sa part souligné avec humour que «la beauté des Québécoises était en grande partie due à la famille Simons». D'origine écossaise, les Simons oeuvrent dans le secteur du vêtement. Tout a commencé pour eux en 1840 lorsque John Simons, 17 ans, a ouvert une boutique d'importation de produits écossais dans le Vieux-Québec. Cinq générations plus tard, la famille a toujours sa boutique dans la vieille ville mais, désormais, elle a également pignon sur rue en Estrie et dans la région montréalaise.
Un fleuve, des rivières et des grenouilles
Les festivités d'hier devaient se poursuivre toute la soirée avec un grand concert au Pigeonnier (en compagnie de Fred Pellerin, Florent Vollant, Yves Lambert et le Bébert Orchestra ainsi que les femmes au tambour de Wendake) et un feu d'artifices. M. Simons lui-même devait procéder à la mise en lumière de la fontaine en fin de soirée.
L'écrivaine Marie Laberge était également de la fête hier. Car c'est à elle qu'on avait confié le soin d'écrire le texte sur la plaque devant la fontaine. «L'eau venue du fond des temps. Du tréfonds de la terre / Du sommet des glaciers millénaires / L'eau du fleuve et des rivières /Forge notre pays», peut-on lire dans ce texte aux accents nationalistes qui salue les différentes nations autochtones et nos origines française, écossaise, irlandaise et anglaise.
«Ici, le passé croise l'avenir / Ici, le présent jaillit puissamment / Ici, le Québec s'affirme / Loyal et fier / Fort d'hier / Courageux pour toujours / Et déterminé à ne jamais mourir.» Très émue lors de la lecture de son discours, l'écrivaine voit son destin lié à celui de la famille Simons pour la seconde fois puisque c'est dans l'un de leurs magasins qu'elle a trouvé son premier emploi, a rappelé M. Simons hier.
La fontaine de Tourny est l'oeuvre de la fonderie française Barbezat et du sculpteur Mathurin Moreau à qui elle a valu la médaille d'or de l'exposition universelle de Paris de 1855. Elle tient son nom des Allées de Tourny, à Bordeaux, où elle a séjourné entre 1857 et 1960. Un bel hasard, ont signalé plusieurs, puisque Bordeaux et Québec sont des villes jumelles.
Construite sur trois niveaux, cette fontaine de près de sept mètres de hauteur est constituée de quatre personnages assis: un homme représentant le fleuve et trois femmes incarnant les rivières. On retrouve également dans la sculpture de petits enfants représentant la pêche et la navigation ainsi que 16 grenouilles. On recense actuellement cinq autres exemplaires de cette fontaine dans le monde: à Porto, Angers, Soulac, Saint-Quentin et Genève.
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Collaboratrice du Devoir
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