Pendant la trêve, les étudiants ont-t-ils le devoir de manifester systématiquement contre la judiciarisation du conflit actuel ?
Non, non. Ne craignez rien, je n’irai pas fouiller dans le dictionnaire afin de trouver la définition des mots « trêve », « manifester » ou « judiciarisation ». Pas nécessaire, puisque la ministre de l’Éducation a informé le bon peuple qu’elle souhaitait une trêve de 48 heures. Elle a par la même occasion clairement indiqué que le gouvernement n’encouragerait plus l’émission d’injonction.
Chacun reste sur ses positions et n’attaque plus l’autre !
Épuisée après plus de deux mois de perturbations, la population est d’accord à ce que les parties restent sur leurs positions afin de créer un climat propice à un rapprochement permettant de sortir au plus sacrant de cette crise sociale.
En clair, la trêve signifie que les établissements déjà fermés en vertu d’un vote majoritaire des étudiants restent tels, et ceux qui sont ouverts continuent à pouvoir le faire librement, sans aucune pression de qui que ce soit.
La ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, a aussi indiqué que les associations étudiantes pouvaient continuer d'organiser des manifestations légitimes dans une société démocratique tout en respectant les activités qui, selon le sens commun, permettent aux travailleurs d'avoir accès à leurs bureaux et aux citoyens de circuler en toute sécurité.
Comme dirait mon petit-fils… Gooood !!!
En fait, Mme Beauchamp demande que la trêve dure tout au long des négociations. Et, dans un désir évident de maintenir un climat de négociations serein, elle évite même de définir en quoi consistent les actions de perturbations économiques et sociales visées par la trêve et a refusé de se prononcer sur des cas précis. Je ne commencerai pas à commenter chaque événement, a-t-elle répondu, lorsqu'on l'a questionnée au sujet d'une manifestation à Sherbrooke.
Voilà qui est fort rassurant. Du moins, cela permet de voir venir les choses sur le front gouvernemental.
Quoiqu’il faille se méfier de J.-J. Charest qui aime bien jouer aux gros bras sur le dos des porteurs du carré rouge, chose qu’il vient tout juste de reprocher à la cheffe de l’opposition durant la période des questions sans réponses.
Mais bon, trêve de politicaillerie…
Il y a tout lieu d’envisager de régler un autre problème plus urgent encore, et c’est celui provenant du front judiciaire.
En effet, depuis le début de la trêve, nous avons encore assisté à plusieurs dépôts de demande d’injonction. Celles qui furent entendues ont toutes été modifiées afin d’être encore plus restrictives pour les étudiants et même dans un cas … pour les profs que le tribunal a refusé d’entendre sous prétexte qu’ils n’étaient pas partie à la demande d’injonction initiale !
C’est ainsi que le pathétique juge Gaétan Dumas a accordé à 17 étudiants (malgré la trêve) une prolongation de 10 jours en étant encore plus ferme qu’antérieurement dans ses propos. Il a déclaré que l’association estudiantine n’avait pas les qualifications juridiques au sens de la loi pour jouir du droit de grève et encore moins celui d’imposer « le boycott des cours » aux étudiants.
Boycott des cours !!!
N’est-ce pas copier le langage gouvernemental ça ?
Dois-je comprendre que les étudiants devront aller chercher formellement un droit de grève en retournant dans la rue puisqu’ils se le font dénier à travers le processus judiciaire ?
Faudra-t-il aller chercher ce nouveau droit de haute lutte, tout comme on a un jour obtenu le droit à la syndicalisation ? À une loi antiscab ? Et même au droit de vote pour les femmes ?
Imagine-t-on aujourd’hui que des femmes manifestaient dans les rues à l’encontre des désirs de leur mari et de la bonne société du temps ? Hé oui…
Ce refus des juges d’attendre la fin de la trêve avant de se prononcer en cette matière fait constater un sentiment de mépris de la part de ceux qui se croient au-dessus de l’évolution de la pensée et qui considèrent que le droit d’un individu doit primer sur le droit collectif.
Or, ces gestes d’intimidation (?) provenant des juges (le bras juridique) m’ont rappelé que le gouvernement a exigé des étudiants de dénoncer des actes de violence, alors qu’il ne l’a jamais fait par rapport à quelques erreurs d’évaluation de la situation par la police (son bras armé).
J’ai en mémoire quelques cas d’espèce, dont celle d’envoyer un projectile dans l’œil d’un étudiant. Dont celles - au pluriel - où les policiers se ruent sur une ligne de piquetage passive en enfonçant leur bâton télescopique dans les côtes de jeunes qui se tenaient tranquilles, les mains levées en l’air, les doigts en signe de V, signifiant le mot paix.
Ces bons juges qui ne cessent d’aller à l’encontre du gros bon sens sont-ils à ce point déconnectés de la réalité ?
Ne lisent-ils pas les journaux comme tout le monde ?
Ne regardent-ils pas les infos à la télé, eux ?
Font-ils exprès d’aller à l’encontre du désir du gouvernement d’arrêter la casse afin d’assainir le climat perturbé pendant trop longtemps ?
Qu’attend donc pour agir, notre bouffon-humoriste national qui, lorsqu’il n’est pas en visite à l’étranger ou dans le Grand Nârd, joue le rôle de premier ministre ?
Qu’attend-il pour dénoncer la situation et rappeler subtilement que c’est lui qui a le pouvoir de nommer les juges grâce à des « post-it » judicieusement placés quelque part sur les dossiers de candidature ?
Pourquoi n’indique-t-il pas aux juges que ceux-ci devraient se garder une petite gêne afin de ne plus fragiliser une trêve en ces temps si incertains ?
Après tout, ce n’est pas très compliqué pour les bons juges de reporter une cause ou de la prendre longuement en délibéré, d’ici à ce que la brume printanière s’estompe genre…
Entéka…
Je termine par une déclaration provenant de l'Association étudiante du Cégep de Sherbrooke : une judiciarisation de la lutte étudiante ne peut qu'entraîner des débordements, voir même une radicalisation des comportements et ainsi susciter une colère inusitée chez les étudiants et les étudiantes qui, depuis 10 semaines, mènent de front un combat d'une génération.
C’est tout à fait mon avis !
Serge Longval, Longueuil
Que faire de ces juges qui sans trêve ne cessent de juger ?
L'injonction continue...
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5 commentaires
Serge Jean Répondre
26 avril 2012Ils (les juges) se font appeler, << Honorable >> ces gens là. Je serais franchement gêné d'obliger mes semblables à m'honorer avant même qu'ils ne puissent m'adresser la parole.
On dit vous à quelqu'un pour démontrer son respect, mais ''honorable'' il me semble qu'il y a quelque chose d'irréel et de colonisant là dedans.
Qui honore se déshonore lui-même.
Jean
Archives de Vigile Répondre
26 avril 2012C'est facile, regardez sur ces liens:
http://www.tribunaux.qc.ca/c-superieure/liste-juges.html
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60435105&doc=A88EA3F2B34A16F1B8F941EAFC255DF972E0ED949E77F5F5CC7682C8166B0430&page=5
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60435105&doc=B5CE1F6793DBD0F41D7DA8ADCAF5DD006CEE2B1F7CC447DCF590DD3A2E84719B&page=3
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=7545A94025D39DBFD66EC38DA962C1D9E4507259B84787C5AF23DFF4DAC98944&page=1
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=BB731214EEB0C947CFF32CB93EE2A51F37470EECB9ADBF878C8F4CB2E0B32E1C&page=2
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=87E95A78A95ED15F8E65EEC7B6AB7E563FBF0969F79A066D4660D0E8F0334293&page=4
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=CF3E7B020F2B30160E4AED995260261A732E2BF88422A4A43248C9BB829469D5&page=4
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=48B9E61B21212F115D087A535D114CF2BDFAFA1DA9F71766D75CEE50264B652F&page=4
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=67564B025E24A6ED8DBB5A381C57CE2CA32B2FA6D3545791AB29EFB2F411EBF0&page=4
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=8FB9DF76299404BB2A21486911E9AC227BE47520E0D905C32CBC0526547AD141&page=5
http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=60427098&doc=9A5BCE3FB4CE2A3126B4EE283D7E1C4970E1AFFD28A3108ADC51080829493D53&page=7
Jugez par vous-même, toutes les dates de nominations de juges sont là.
plumo
Gilberte Boucher Répondre
26 avril 2012Le matracage sur la bouche d'une femme âgée ( pavillon Lucien Breault quand ils ont piégé 161 personnes ) . et une jambe cassée d'une vieux passant à MTL .... et .... interdiction pendant 2 hres de pisser ou boire au même pavillon ... +++
voilà la gestion de crise à la charest..(minuscule)
Jean-François-le-Québécois Répondre
25 avril 2012Juste une idée, comme ça...
Est-ce que par le plus pur des hasards, les juges impliqués dans cette triste affaire, se sont vus octroyer leurs postes (et leurs généreux salaires de magistrats) par le Ministère de la Justice du Québec, mais depuis le printemps 2002 (soit le moment où John James Charest et son gouvernement anti-québécois, ont pris le pouvoir)...?
Peut-être que la question mérite d'être posée, dans nos médias, et sur la place publique.
Stéphane Sauvé Répondre
25 avril 2012Voici ce que je pense de ces injonctions:
.................F-u-m-i-s-t-e-r-i-e-s......................
"L’injonction accordée à l’UDS, a été accordée par le Juge Gaëtan Dumas qui est :
(1) Conseiller juridique du Parti Libéral du Canada,
(2) Président de l’association Libérale de Sherbrooke.
(3) Candidat Libéral aux élections fédérales de 1993
(4) Président de la Commission juridique du Parti Libéral du Québec.
....
La démocratie c’est pas une fois par quatre ans ! " Le Devoir : http://www.ledevoir.com/societe/edu...