Alain Juppé, maire de Bordeaux et ancien premier ministre français, faisait hier une visite de courtoisie à Philippe Couillard. De passage à Québec, il venait saluer un ami, ne visant ni à embarrasser notre premier ministre ni à créer une controverse.
Sauf qu’il a été interrogé sur le flux de migrants. Homme bien au fait des enjeux de son époque, il a exprimé sa vision. Et il a parlé du danger que des demandeurs d’asile détournent le concept. Juppé a dit clairement que « l’asile est parfois détourné par des migrants économiques ».
En d’autres mots, des gens qui ne sont pas en danger dans leur pays, mais qui veulent améliorer leur sort tenteront de passer pour des réfugiés plutôt que de faire une demande formelle d’immigration. Faisant cela, ces faux demandeurs d’asile abusent de la générosité des pays hôtes et court-circuitent le processus légitime d’immigration.
Juppé n’a pas condamné en bloc la démarche des migrants récemment arrivés au pays. Il a invité le Canada à la prudence. Tout en insistant sur le devoir des pays riches envers les véritables réfugiés, il a rappelé qu’aucun pays ne peut accueillir tous les gens mal en point sur terre.
Malaise
Philippe Couillard n’a sans doute pas apprécié la réponse du politicien français. Mais il ne l’a pas admonesté, ni sermonné, ni éduqué. Il s’est contenté d’une réponse toute faite pour minimiser l’écart de vision accompagné d’un sourire mal à l’aise.
Pourtant, on imagine la réaction qu’aurait concoctée le même Philippe Couillard si les mêmes déclarations avaient été faites par ses vis-à-vis Jean-François Lisée ou François Legault. Il aurait déploré leur manque d’ouverture, il aurait sous-entendu que ceux-ci flirtent avec l’intolérance.
Il se serait présenté en défenseur des valeurs de générosité et d’ouverture faisant face à des adversaires peu scrupuleux et suspects. Or, le maire de Bordeaux n’a pas eu droit à ce traitement auquel le premier ministre du Québec nous a habitués. Lorsque le propos sort de la bouche d’un Français, la discussion publique deviendrait possible...
La mise en garde d’Alain Juppé se voulait ferme et claire. Mais elle n’avait rien de déplacé, rien d’offensant. Et Alain Juppé est un élu français modéré sur les questions d’identité et d’immigration. Juppé, ce n’est pas le Front national de Marine Le Pen. Même dans son parti, la droite, il avait une position plus modérée que François Fillon. Mais être modéré ne signifie pas être naïf.
Pas de tabou
Le maire de Bordeaux nous a simplement rappelé hier que ces questions d’immigration peuvent et doivent être discutées. Elles doivent être approchées avec doigté et respect, mais jamais elles ne doivent être renvoyées sous le tapis sous prétexte qu’il s’agirait d’un tabou. Ni sous la menace que tous ceux qui formulent des objections ou posent des questions sont de potentiels intolérants à mettre au ban de la société.
La prochaine fois que monsieur Couillard se posera en donneur de leçon, ses interlocuteurs vont sourire en lui rappelant qu’il a passé un tour en face de Juppé.
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