Il y a 10 ans, le seul fait d’évoquer une banque chinoise dans une transaction mettait tous les voyants au rouge et rendait la transaction douteuse, sinon suspecte. Patients, les chinois ont subi cette étape sans broncher, au cours de laquelle leurs banques, leur monnaie, leurs produits étaient considérés comme de la pacotille. Ils ont travaillé en profondeur tout en renforçant leur réserve en devises et le socle de leur économie en respectant les normes des uns et des autres suivant les exigences de leurs clients. Peu à peu, ils ont détrôné Taïwan et la Corée du Sud, les deux principaux ateliers du monde occidental en Asie du Sud-Est.
Aujourd’hui, les premières banques mondiales sont chinoises, fruit d’une stratégie à long terme formant le socle d’une construction patiente et minutieuse qui aboutira, à terme, à la suprématie mondiale de la Chine dans le domaine économique. En Occident, nous ne voyons la montée en puissance de la Chine que comme le résultat de soubresauts conjoncturels, ce qui explique les erreurs prévisionnelles systématiques des analystes. Les rapports de forces, tels qu’ils étaient prévus il y a moins de cinq ans pour l’horizon 2020-2025 sont déjà en train de se concrétiser sous nos yeux. Nous assistons aujourd’hui à une accélération, et la montée en puissance de la chine n’est plus arithmétiquement linéaire, elle est exponentielle sous la poussée d’une politique, non plus passive, mais volontariste.
Le Renminbi, dont peu de gens avaient entendu parler il y a seulement 10 ans, entre dans toutes les places fortes. La Chine s’offre même le luxe, à travers divers accords signés avec les banques centrales, de fixer des quotas aux pays demandeurs, ce qui a pour effet de donner encore plus d’attrait à ce nouvel inconnu. Pendant que les Etats-Unis tentaient d’encercler la Chine avec des bases militaires, la Chine avait déjà encerclé les Etats-Unis avec le Renminbi. En douceur. La capitulation américaine se fera également en douceur, progressivement.
L’invasion terrestre du territoire américain par le Renminbi est même en train de se faire. Il y a encore un an, seulement 9% des entreprises américaines utilisaient la monnaie chinoise pour payer leurs fournisseurs en Chine. Selon le Wall Street Journal, cette année ce taux a triplé, atteignant 28%. Ce n’est qu’un début et cela concerne tous les secteurs du commerce entre les Etats-Unis et la Chine. La raison en est limpide. En payant leurs fournisseurs chinois en RMB, les américains économisent de 4 à 5% en frais de commissions. En amont, le gouvernement chinois avait pris soin de mettre en place, durant ces dernières années, tout un système incitatif pour pousser les exportateurs chinois à accepter des paiements en RMB. Ce travail en amont concerne également l’assouplissement de certaines restrictions concernant le Renminbi. Etant donné la masse des importations américaines à partir de la Chine, on peut gager que les banques vont s’engouffrer dans toutes les brèches.
Sous peu, et beaucoup plus tôt que ne le prévoient les spécialistes, le Renminbi prendra la place qui correspond au poids économique de la Chine. Bien sûr, le dollar en pâtira, car les deux monnaies ont des dynamiques contraires, du fait même de la nature du dollar. Mais, ce que nous voyons comme une sorte de course de formule1 où l’important est de savoir qui dépassera l’autre, ne semble pas être la vision des dirigeants chinois. Jusqu’à présent, ce que nous voyons de l’action chinoise dans le monde tend à montrer un désir d’indépendance totale et de prospérité de la Chine à travers des relations bilatérales non contraintes avec les autres pays.
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