Tous analysent les résultats des élections du 26 mars et tentent de les
expliquer en faisant ressortir divers facteurs ayant pu influencer le vote.
Il est normal de se questionner sur les facteurs majeurs au lendemain d’un
scrutin où l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont devient le parti
d’opposition officielle et le Parti Québécois termine troisième.
Certains
facteurs peuvent sembler plus évidents que d’autres, par exemple la volonté
de changement de la part des Québécois ou bien la popularité des chefs de
parti. Toutefois, certains facteurs peuvent passer inaperçus, malgré le
fait que l’influence ait été majeure. Notamment, la présence de Québec
Solidaire dans la campagne électorale de 2007, une formation politique
récente, dirigée par Mme Françoise David et M. Amir Khadir. Bien entendu,
le faible pourcentage de vote accumulé et l’absence de siège récolté dans
cette campagne en font un parti plutôt marginal. Mais qu’en est-il de
l’impact de leur présence sur les résultats des autres partis? Il est connu
que plusieurs membres de Québec Solidaire sont des anciens sympathisants du
PQ, notamment Françoise David. De plus, Québec Solidaire est identifié
comme étant un parti de gauche et souverainiste, tout comme le PQ. Il est
donc normal, que la présence de Québec Solidaire aux élections puisse
diviser le vote gauchiste et souverainiste.
À la lecture des résultats des élections, nous pouvons identifier cinq
circonscriptions où le PQ a possiblement été défait, dû à la présence de
son «petit frère» dans la campagne électorale.
Dans Johnson, le candidat
adéquiste. Éric Charbonneau l’a remporté devant son plus proche rival, le
député sortant du PQ, Claude Boucher par seulement 177 voix, alors que la
formation de Françoise David et Amir Khadir a récolté 770 voix.
Dans
Joliette, le candidat péquiste Claude Duceppe a été devancé par le candidat
adéquiste qui a récolté 747 voix de plus, alors que Québec Solidaire a
récolté 1703 voix.
Dans Laurier-Dorion, la plus jeune députée de l’Assemblée
Nationale avant les élections, la péquiste Elsie Lefebvre a été devancée
par le libéral Gerry Sklavounos avec 1086 voix d’écart, alors que la
formation de la nouvelle formation de gauche a récolté 2421 voix.
Dans
Prévost, la députée sortante Lucie Papineau a été défaite par l’adéquiste
Martin Camirand qui l’a devancée par 582 voix, alors que le «petit frère»
du Parti Québécois obtient 1676 voix.
Finalement, c’est surtout en jetant
un coup d’œil sur la circonscription de Sherbrooke où nous pouvons
constater l’impact majeur que peuvent avoir les petits partis politiques
sur le résultat du vote. En effet, le premier ministre sortant Jean Charest
a possiblement été sauvé par la présence de Québec Solidaire en devançant
son adversaire péquiste Claude Forgues par 1382 voix alors que le «petit
frère» a récolté 2263 voix.
Si nous ajoutons aux votes récoltés par le Parti Québécois, ceux récoltés
par la formation de Mme David et M. Khadir, nous obtenons une répartition
des sièges à l’Assemblée Nationale qui est bien différente. L’Assemblée
Nationale actuelle se compose de 48 libéraux, 41 adéquistes et 38
péquistes. Dans ce scénario qui consiste à additionner les votes récoltés
par les deux partis souverainistes, le PQ est le parti d’opposition
officielle, récoltant 41 sièges, alors que l’ADQ n’en a plus que 38 et le
PLQ conserve toujours le pouvoir en tant que gouvernement minoritaire avec
46 sièges.
Maintenant, tentons d’obtenir une projection plus réaliste de la
composition de l’Assemblée Nationale sans la présence de Québec Solidaire
dans la campagne électorale de 2007. Le précédent scénario présumait que
tous les citoyens ayant voté pour Québec Solidaire auraient eu le PQ comme
deuxième choix. Ce qui n’est pas nécessairement exact. Certains auraient
préféré faire confiance aux Verts, annuler leur vote, ne pas voter ou dans
une moindre mesure… voter pour l’ADQ ou le PLQ. Supposons que la moitié des
votes de Québec Solidaire sont convertis en votes supplémentaires au Parti
Québécois, nous obtenons des résultats presque identiques à ceux de la
première projection, à la différence que le premier ministre conserve son
siège de député de Sherbrooke. Le PQ serait donc à l’opposition officielle
avec 40 sièges alors que l’ADQ a encore 38 sièges.
Revenons aux vrais résultats, pour l’ADQ, hormis le fait de devenir
dorénavant le parti d’opposition officielle, c’est une première depuis son
existence et cela contribue grandement à véhiculer le message que les
Québécois avaient une volonté de changement le soir du 26 mars. Quant au
PQ, non seulement il perd le titre de parti d’opposition officiel, mais son
image en est affectée. Depuis 1970, la formation souverainiste avait
toujours été première ou deuxième, alors que les résultats du 26 mars la
classe troisième, laissant même croire à plusieurs citoyens que les deux
principaux partis sur la scène politique pourraient devenir le PLQ et l’ADQ
alors que le principal parti souverainiste ne serait plus qu’un parti de
second plan comme Québec Solidaire.
La réalité est bien différente, le PQ a
tout de même récolté un nombre de sièges respectable et un pourcentage de
vote considérable avec 28%, suivant de peu le PLQ et l’ADQ, mais il demeure
que cette surprise majeure qui s’est produite hier a causé un choc
considérable au PQ, un choc qui aurait pu être amorti si le petit frère
n’avait pas été de la course pour diviser le vote souverainiste.
Dominic Cournoyer
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --
QS - diviser le vote gauchiste et souverainiste
Par Dominic Cournoyer
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