Promotion de la langue française : Un plan d'action critiqué de toutes parts

"Réussir ensemble en français"


Beauchemin, Malorie - Québec - Manque de "vision", de "ressources", de "cohérence": à peine présenté, le plan d'action du gouvernement de Jean Charest pour promouvoir la langue française a été largement critiqué, autant par les organismes de défense du français que par les partis de l'opposition.
L'organisme Impératif français rejette le plan présenté jeudi par la ministre Christine St-Pierre. La majeure partie de ce programme de 12 millions sur deux ans, pour promouvoir la langue française dans les entreprises, ira à l'embauche de 20 "conseillers" supplémentaires à l'Office québécois de la langue française (OQLF).
"Ce ne sont que des souhaits, il n'y a pas de mesures qui nous garantissent que la situation va changer, estime Jean-Paul Perreault, président d'Impératif français. On refuse de prendre les mesures responsables qu'exige la situation du Québec en Amérique du Nord. Le gouvernement cherche à gagner du temps."
Québec prévoit essentiellement une campagne de publicité et de sensibilisation auprès des commerces et des petites entreprises. Les comités de francisation des grandes entreprises verront, quant à eux, leurs budgets bonifiés. Enfin, le plan prévoit le remplacement du matériel informatique par des logiciels et claviers conformes à la Charte de la langue française.
"C'est comme tenter de remplir un seau percé, tant qu'on ne renforce pas l'application de la loi 101 et la loi 101 elle-même", a souligné Mario Beaulieu, président du Mouvement Montréal français, devant le refus catégorique de la ministre St-Pierre de modifier la loi.
Mesures insuffisantes
Mesures "saupoudrées", carotte "sans le bâton", le MMF estime que le plan d'action est "nettement insuffisant" alors que la situation du français à Montréal est préoccupante.
L'OQLF aurait besoin de beaucoup plus de ressources pour bien faire son travail, estiment les groupes de défense de la langue.
À l'Assemblée nationale, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a qualifié le plan de "faible et ridicule", tournant en dérision le programme prévu de "remplacement des claviers d'ordinateurs".
Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, juge pour sa part que certaines mesures ne sont pas inintéressantes, mais que l'absence de cibles démontre le peu de sérieux du gouvernement. "En termes de proportion d'entreprises, on ne se fixe pas des objectifs à atteindre, ce qui me serait apparu nécessaire dans le cadre de cette politique", a dit M. Dumont.
Avec les mesures annoncées dans les dernières semaines pour la francisation des immigrants et l'amélioration de la réussite en français dans les écoles, cela porte à 74 millions les efforts du gouvernement libéral en matière de langue française, a souligné la ministre St-Pierre, jeudi.
"Il n'y a pas de vision, il n'y a pas de cohérence dans les actions qui sont menées actuellement au sujet de la langue française par ce gouvernement-là", a estimé Pierre Curzi, porte-parole du Parti québécois en matière de langue.
"Nous sommes à la troisième annonce par trois ministres différentes concernant le français au Québec et nous n'arrivons toujours pas à déceler la ligne directrice qui guide ce gouvernement", a souligné Louise Chabot, vice-présidente à la Centrale des syndicats du Québec, par communiqué. La CSQ "reconnaît" l'effort budgétaire des nouvelles mesures, mais estime qu'il est "davantage guidé par l'envie d'éviter le débat public que par une réflexion sérieuse et une réelle volonté d'améliorer la situation".
Dans la bonne direction
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a pour sa part salué le plan proposé par la ministre. Des mesures incitatives, mieux adaptées aux PME, représentent "la façon la plus sage et la plus efficace de contribuer à renforcer le caractère francophone de Montréal", estime Isabelle Hudon, présidente et chef de la direction de la Chambre.
Pour René Roy, secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Québec, il s'agit "d'un pas dans la bonne direction". "Le dossier de la francisation, que ce soit dans les milieux de travail ou dans les commerces, nécessite une vigilance de tous les instants. Nous sommes condamnés à ne jamais baisser la garde, car si le français ne progresse pas, il recule", a conclu M. Roy, par voie de communiqué.


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