Comme à Bruxelles

Prendre le métro sans hésiter

Entre Charlie à Paris et Aéroport à Bruxelles

Tribune libre

Quelqu'un s'inquiète-t-il de s'engouffrer régulièrement sous terre dans le métro de Montréal, tous les jours?

Tristan Malavoy témoigne, dans le revue L'actualité du 1er mai 2016, de sa présence sur place au moment de la multi-attaque ultra criminelle du 22 mars dernier à l'aéroport et au métro de Bruxelles.

Juste avant ces vicieuses attaques, il était à rédiger un portrait "carte-postale" de la ville, qui se savait habitée par le réseau terroriste qui a décimé Charlie à Paris, mais qui tentait de "rester debout"... "la plupart du temps, on y parle d'autre chose, on prend le métro sans hésiter et... dans Malenbeek, réputé foyer de djihadistes, tout est paisible et plutôt bon enfant."

L'auteur s'apprêtait à écrire juste avant l'horreur de la Bête: "Bruxelles pétille et enchante."

Malavoy est là-même, sur place. Il parle à des amis, résidents occasionnels, gens de médias... il se façonne une opinion de la situation: "La journée est éprouvante, mais je continue de penser qu'il ne faut pas céder à la peur, à la haine, à l'ignorance. Il faut se relever, continuer de voyager. Le monde dans lequel on vit grandit dans le voyage et la rencontre. Personne ne peut faire sauter la solidarité et la découverte de l'autre..."

L'auteur de cet article n'est pourtant pas un rêveur: "...la cible des attentats n'est pas anodine. Un aéroport international, une station de métro à proximité de la Commission européenne... Bruxelles est une ville complexe... où se côtoient le français, le néerlandais et l'anglais, où l'on se chamaille souvent, mais où l'on cultive sans relâche l'idée du vivre-ensemble... Bien sûr qu'on va continuer d'y séjourner... Parce que les fous d'Allah ont beau se faire exploser, de plus en plus... les statistiques disent: 50 fois plus de risque de mourir frappé par la foudre, 250 fois plus de risque de mourir dans sa baignoire que dans un attentat terroriste!

"Cette ville est du côté de la vie et nous incite à y rester nous aussi."

Tristan Malavoy, on le connaît par ses participations à des émissions culturelles, mais on apprend beaucoup de lui ici. Il nous parle du pays de ses ancêtres, mais il semble nous suggérer aussi de réfléchir sur notre pays, sur Montréal. D'autres lucides témoins du bouillonnement pluri-ethnique de Montréal nous parlent de ces djihadistes qui nous habitent aussi. Djemila Benhabib, dans APRÈS CHARLIE, chez Septentrion, 2016, continue sa croisade pour la laïcité dans tous les pays. Elle nous trouve bien nonchalants, quand elle dit: "Vider les églises pour ériger d'autres temples ne chagrine pas grand monde au Québec... la tentation du repli identitaire catholique est d'autant plus illusoire que dans le même temps, des groupes intégristes organisés, issus des religions minoritaires, continuent de faire valoir leur droit à la différence pour obtenir toujours plus de compromissions des pouvoirs publics. À ce jeu-là, les islamistes raflent la mise. Chaque pouce de terrain que l'État cède est accaparé pour servir de base à de nouvelles demandes, qui la veille encore auraient paru déraisonnables. C'est un puits sans fond."(p. 48-49)

Les mêmes causes produisent les mêmes effets! Bruxelles ou Montréal: Craindre le métro... ou rester debout? Succomber à la peur de la fatwa des fous d'Allah? Ou s'organiser pour les neutraliser? (Montrél: le plan contre la radicalisation menant à la violence) S'écraser devant la menace de bâillon dite islamophobie? Plutôt choisir la vie tonitruante dans la vigilance auprès des foyers connus de propagande terroriste. Faute de quoi, la question ne sera plus SI l'attentat se produit, mais QUAND se manifestera la BÊTE en nos entrailles.

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    24 avril 2016

    "Prendre le métro" peut paraître un concept restrictif à une partie de la population québécoise. Même si ça peut toucher, autour du Grand Montréal, la moitié de la population. Il demeure sans doute des poches de résistance dans les banlieues centrifuges où l'on se déshonorerait de se dire Montréalais... ce n'est pourtant qu'une phase transitoire avant le temps où Montréal aura avalé toute sa périphérie, sortant de son île-prison. Tout comme New-York, la ville unifiée aura traversé ses ponts, sur du transport en commun espérons-le, avec l'avantage d'un moins grand risque d'inondation par la hausse des océans.
    Le revers de ce progrès démographique, c'est malheureusement l'attrait accru des malfaisants pour les agglomérations humaines inhumaines... Grand défi pour les gestionnaires de populations: éviter les clash entre les populations traditionnelles et les nouvelles arrivées! Entre les trads et les crémeuses! Entre les classes, les visibles et les invisibles, les autochtones et les allochtones. Les jeunes tchnos et les vieux manuels, papier. Les frontières, les pays, les jalousies, les générosités...oublions le mot tolérance, trop galvaudé de sens. Plutôt parler de respect, d'acceptation. d'espace vital, d'urbanité moderne...
    Éviter que la peur ne détruise la vie. Cela concerne le plus isolé des citoyens au fond d"un boisé menacé par le progrès sauvage.