(Québec) Le mariage paraît parfait: dimanche dernier, le président du Parti québécois, Raymond Archambault, annonçait que sa formation politique produira un nouvel argumentaire en faveur de la souveraineté - «un énième», ont tout de suite raillé certains. Mais avançons dans la semaine.
Mercredi, Pierre Karl Péladeau a annoncé que, chef du Parti québécois, il créera un Institut de recherche scientifique et appliquée sur l'indépendance. Cet organisme sera chargé de mesurer «les bienfaits et les bénéfices» de la souveraineté.
Des péquistes appuyant d'autres candidats y voient un «mariage arrangé». Le contenant dimanche, le contenu mercredi... Ont-ils raison? Rappelons que tous les candidats à la direction du Parti québécois réclament des études de fond et un argumentaire moderne.
Mais puisque M. Archambault n'avait aucun détail à fournir sur le ménage à entreprendre dans les «vieux papiers», il se pourrait bien que ce soit cet éventuel Institut proposé par M. Péladeau qui l'accomplisse.
Avançons encore un peu. Les adversaires péquistes du magnat des médias sont réticents à en parler, et pour cause : ils ne veulent pas avoir l'air de mêler vie privée et vie publique. Mais s'il y a un mariage qu'ils redoutent - en raison de l'ampleur que lui donneront tous les médias québécois, soyons clairs là-dessus -, c'est celui qui unira Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder. Il fera les premières pages, les bulletins de nouvelles télévisées. Selon une information circulant chez des péquistes, il doit avoir lieu d'ici la fin de la course.
Qu'ils se rassurent, c'est totalement faux. L'attaché de presse de M. Péladeau, Marc-André de Blois, assure que le mariage ne sera pas célébré durant l'actuelle compétition. C'est ce qu'il a confié au Soleil, vendredi.
Le positionnement des partis
Chez les communicants du gouvernement libéral, on a cherché cette semaine à imposer l'expression «relance économique». Il s'agissait vraiment d'une opération de communication, puisque cette expression n'a jamais cessé d'être employée par le premier ministre Philippe Couillard et ses ministres ces derniers mois.
Le Québec n'en a pas fini pour autant avec la «rigueur» ou l'«austérité» budgétaire - selon le mot que chacun veut utiliser.
Pour l'année fiscale en cours, la croissance des dépenses gouvernementales se sera élevée à 2,4 %. En 2015-2016, cette croissance devra être réduite à... 0,8 %. Et il est prévu qu'elle soit contenue à 1,8 % en 2016-2017.
Austérité, rigueur, redressement... Le gouvernement libéral répète avoir la «majorité silencieuse» derrière lui. N'empêche que plusieurs de ses membres craignent un effet boule de neige des manifestations contre l'austérité. Le printemps 2012 trotte dans leur esprit.
Bien malin qui pourrait dire aujourd'hui si la mobilisation se répandra dans les rues une fois les douces journées et soirées du printemps revenues. Si elle fait boule de neige, ce sera en raison d'une désinformation de ses actions et d'une amplification médiatique de leurs effets, commence à suggérer l'équipe gouvernementale.
Philippe Couillard et Martin Coiteux chercheront le plus souvent possible à expliquer leur démarche afin de ne pas perdre la fameuse majorité silencieuse. Mais cela suffira-t-il?
La Coalition avenir Québec continuera à marcher sur un fil. Elle dénoncera la plupart des mesures du gouvernement, sans jamais soutenir ni de près ni de loin les manifestations de rue. Le parti de François Legault est honni par le collectif Refusons l'austérité.
Le positionnement le plus intéressant à observer sera celui du Parti québécois. Dans son travail parlementaire, le PQ se fait l'allié de tous les opposants. Il faut dire que le gouvernement lui fournit de la matière et qu'il n'est pas à court d'arguments non plus.
Que feront les candidats à la direction, les Pierre Karl Péladeau, Bernard Drainville, Alexandre Cloutier et Martine Ouellet? Descendront-ils dans la rue? La question ne se pose pas pour le «cinquième candidat», Pierre Céré. Il y sera. Mais les autres?
Au printemps 2012, la chef du Parti québécois Pauline Marois était descendue dans la rue pour taper sur des casseroles.
Ceci n'explique pas nécessairement cela, mais quelques mois plus tard, c'est de justesse - par moins de 33 000 voix - que son parti a délogé les libéraux.
La situation n'est pas sans risque pour le Parti québécois. Lui aussi a besoin de la majorité silencieuse. D'une partie de celle-ci, à tout le moins.
En fait, il n'y a que pour Québec solidaire qu'aucune question ne se pose. «Nous étions, nous sommes et nous serons dans la rue avec les citoyennes et les citoyens qui se battront contre l'austérité», a dit Françoise David mardi. C'est écrit.
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