J’ai remarqué sur mes réseaux sociaux que plusieurs contacts du Parti libéral du Québec ont partagés le dernier texte de la chroniqueuse Francine Pelletier du Devoir.
Le président de la campagne désastreuse du PLQ Alexandre Taillefer a d’ailleurs dit ceci de la chronique :
Alexandre Taillefer@ataillefer
Tu veux éliminer le hijab et javelliser les religions: cette chronique est pour toi. Du grand Pelletier. Implacable.
Alexandra Mendes✔@AlexandraBrStL
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« Javelliser les religions »... Ouf. M’est avis que de tels mots, de la bouche, mettons, d’un Jean-François Lisée, auraient été dénoncés avec véhémence... Mais bon.
Et que dit cette chronique au juste? Il s’agit d’une réponse de Pelletier aux critiques, nombreuses, de ces gens de gauche, des féministes notamment, qui défendent le port du voile, et tout ce que cela implique.
Un passage tiré du texte de Francine Pelletier m’a intéressé particulièrement :
« On pourrait donc discuter longtemps sur qui de la gauche, devant une question aussi fondamentale que la laïcité « se trompe lourdement ». Rappelons, d’ailleurs, que le terrorisme islamiste n’est pas le fléau numéro 1 de l’Occident. Partout sur la planète, le terrorisme est en baisse depuis quelques années. On n’a qu’à constater ce qui se passe chez nos voisins pour comprendre que la véritable menace n’est ni la religion ni la culture venues d’ailleurs, mais tout simplement la peur de l’Autre.
Aux États-Unis, « près des deux tiers des attaques terroristes sont le fait d’extrémistes de droite motivés par des sentiments racistes, antimusulmans, antisémites, homophobes, xénophobes ou antigouvernementaux ». La tuerie à la synagogue de Pittsburgh est le dernier exemple de cette fracture qui, les insinuations malveillantes de Trump à propos des « criminels et des inconnus moyen-orientaux » aidant, s’opère de plus en plus entre les citoyens blancs de souche et les soi-disant envahisseurs. En Europe, à la suite des migrations massives des dernières années, un phénomène semblable prend forme. Et ici, l’attentat de la grande mosquée de Québec est là pour nous rappeler que la peur des musulmans est un problème bien plus réel que les pratiques musulmanes comme telles.»
Vous remarquerez toujours le même phénomène quand on cause «terrorisme» et qu'on y plaque la situation du Québec : on évoque systématiquement l'attentat de la mosquée de Québec (normal et légitime, cet attentat innomable doit être condamné chaque fois et nous ne devons pas craindre de le dire : Alexandre Bissonnette est un terroriste) mais on occulte tout aussi systématiquement l'attentat québécophobe de Richard Henry Bain de l'équation.
Il est légitime de se demander pourquoi.
Au cours des dernières années, au Québec, ces deux funestes tragédies nous ont rappelé que la haine de l’autre prend différentes formes. Et l’une d’elles c’est le racisme, le mépris des Québécois, des Québécois nationalistes en particulier.
Refuser de nommer ce fait ou le taire, systématiquement, est révélateur en soi. Car si l’on doit toujours s’indigner des manifestations de mépris envers nos concitoyens québécois musulmans ou juifs, il faut aussi accepter d’inclure dans toute analyse le fait que la collectivité québécoise « de souche » a aussi été la cible de beaucoup de mépris au cours des dernières années.
Le simple fait qu’un parlementaire (François Legault) demande que l’on se penche sur les seuils d’immigration (c’est sa job de débattre au parlement) lors de la dernière législature s’est traduit par les accusations de racisme implicites (souffler sur les braises de l’intolérance).
Peut-être que ceux qui font les frais, systématiquement, de ces accusations en ont ras le pompon. C’est une des explications de ce qui s’est passé lors de la dernière élection.
Quand je constate à quel point on fait tout pour éviter de considérer l’attentat politique de Richard Henry Bain pour ce qu’il est, soit l’un des crimes haineux les plus toxiques de notre histoire, je me dis que ces « oublis » quand il est question de référer au « terrorisme » n’ont rien de fortuit.
Rappelons que si l'arme de Bain ne s'enraye pas aux portes du Métropolis le soir du 4 septembre 2012, on assiste au pire attentat politique de l’histoire politique du Québec. L’homme, enragé par la victoire des indépendantistes, aurait abattu des gens dans un lieu précis en fonction de leurs convictions. Selon plusieurs analystes en sécurité, il aurait pu aisément abattre la première femme à atteindre la fonction de première ministre du Québec.
L’homme a justifié son geste. Il a clamé et hurlé sa motivation politique au moment de le commettre.
Le jour même où la PM Pauline Marois annoncera la composition de son premier conseil des ministres, un moment d’importance pour elle, pour son parti, le tout sera occulté par une nouvelle infecte...
Car si François Legault a joui des flashs et des tribunes pour célébrer son moment de formation d’un premier cabinet, il en fut tout autre pour Pauline Marois. Son moment à elle fut assombri par la nouvelle qu’un réseau anglophone avait réussi à conduire une entrevue avec le terroriste Bain. Rappel des faits dans La Presse :
« Mercredi après-midi, alors que Mme Marois annonçait la composition de son gouvernement, la station radiophonique anglophone montréalaise CJAD diffusait des extraits d'une entrevue avec Bain, effectuée depuis l'infirmerie de l'établissement de Rivière-des-Prairies où il est détenu.
Un extrait de l'entrevue a aussi été diffusé sur les ondes de NRJ 94,3, une autre station de radio qui appartient à Astral. »
Quelques jours avant, un homme était tué, un autre mutilé pour la vie et bien des gens, dont la PM elle-même, venaient de frôler la mort. Pas grave. On diffuse des extraits de l’entrevue de Bain à la radio. On évite de diffuser l’essentiel du message politique de Bain, mais le mal est fait.
C’est absolument épouvantable. Richard Henry Bain est un terroriste. Un homme qui a commis un attentat politique. Et quand on traite du climat politique et social qui a cours au Québec, quand on cause des « fractures sociales » qui déchirent des collectivités, on ne doit pas choisir celles qui nous conviennent.
On doit les dénoncer toutes.