Le multiculturalisme: l'État, c'est moi.

Pour une laïcité ouverte et… progressiste

Ne faisons pas le jeu de tous les intégristes.

Tribune libre

Les tenants de la laïcité ouverte oublient les conséquences à long terme d’une laïcité ouverte qui laissent aux traditionnalistes de tout bord, le pouvoir d’imposer leurs valeurs et leurs normes conservatrices et discriminatoires. En plus d’être ouverte, la laïcité doit être progressiste, c’est-à-dire, faciliter l’émergence de normes égalitaires. La neutralité de l’État se conjugue naturellement avec le principe fondamental de l’égalisation des droits entre les hommes et les femmes, dans la cité et la famille.

À cet égard, Québec Solidaire (QS) ne propose rien qu’une dénonciation de la Charte dont l’application aurait, selon eux, un effet discriminatoire sur les femmes qui veulent porter le foulard car elles ne pourraient pas devenir des représentantes de l’autorité étatique. Or, cette position formelle n’est pas ancrée dans le quotidien de ces femmes qui sont aussi des jeunes filles, des épouses et des mères.
Ces symboles cautionnent donc aussi des valeurs conservatrices et passéistes qui normalisent ainsi les rapports sociaux entre les citoyens et entre parents dans la famille.
Par exemple, pour certains dont QS, le foulard est un symbole religieux et pour d’autres, comme moi, il représente plutôt l’emblème d’une société patriarcale et par conséquent son corollaire dans la sphère privée, la famille patriarcale ou la puissance paternelle. Ce dernier concept perpétue ainsi l’inégalité des droits entre les hommes et les femmes.

Quoi qu’il en soit, nous sommes confrontés à un clivage entre des systèmes de valeurs incompatibles.
Au Québec, en 1977, le concept d’autorité parentale et celui de l’enfant, sujet de droits, sont devenus les normes juridiques qui balisent les rapports entre père et mère dans la famille et ceux entre les parents et les enfants. Ces changements établissaient l’égalité des droits entre le père et la mère concernant l’éducation de leurs enfants et bannissaient le concept de puissance paternelle au sein du couple et de la famille québécoise.
C’était une révolution dans nos mœurs et une victoire pour tous les progressistes qui voulaient une société de droits plus égalitaire et laïque.
Le Québec, comme société d’accueil de nombreux immigrants, doit comprendre qu’un changement aussi important dans la sphère publique et privée peut heurter de plein front des individus er des communautés qui sont encore régis par d’autres normes.
Il reste que la laïcité ouverte ne peut pas entériner à long terme des modèles ou des symboles qui cautionnent l’inégalité entre les hommes et les femmes.
Nous sommes dans une société de droits. Pour bien indiquer que le concept de laïcité ouverte ne conduira pas à une société soumise à certains dogmes religieux qui ne sont, en fait, que des règles conservatrices, les tenants de cette notion doivent clairement formuler que deux des normes principales juridiques qui guident notre société est l’égalité des droits entre les hommes et les femmes et la laïcité des institutions de l’État, les deux fondements étant nécessairement interreliés. Toute autre règle juridique doit être compatible avec ces deux principes de base.
Ce constat nous amène à proposer une période d’informations intenses sur l’ensemble des normes juridiques qui régissent la vie quotidienne de tous les citoyens. L’adoption d’une charte de la laïcité doit être précédée par un débat ouvert sur ces questions délicates et une campagne d’informations sur les valeurs qui font consensus dans la société (égalité des droits entre les femmes et les hommes, neutralité de l’État, autorité parentale, légalité du mariage homosexuel, légalité de l’avortement, etc.)
La laïcité ouverte ne peut pas être un bar ouvert dans lequel chacun peut faire à sa guise, en prétextant le faire pour des raisons religieuses. Il est clair qu’il faut maintenant affirmer que tout tribunal guidé par la charia ou la torah sur des questions familiales ne peut pas avoir une existence juridique et doit être condamné. Seul, un tribunal laïc, guidé par les principes d’égalité des droits entre les parents et l’intérêt de l’enfant, pourra permettre un jugement selon nos normes juridiques.
La laïcité ouverte doit permettre que tous les individus soient soumis, à terme, aux mêmes lois.Hier, j'ai remarqué une pancarte d'une manifestante contre la charte de la laïcité, sur laquelle, était écrits les mots suivant:"L'État, c'est moi". Cette vision erronée de l'État qui devient une simple superposition d'individus aux intérêts personnels est à la base de ce multiculturalisme informe et surtout ingérable qui noie le nous dans un marécage d'intérêts égoïstes. Je ne veux pas de cette société-là.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    1 décembre 2013

    "(...)les femmes qui veulent porter le foulard car elles ne pourraient pas devenir des représentantes de l’autorité étatique. Or, cette position formelle n’est pas ancrée dans le quotidien de ces femmes qui sont aussi des jeunes filles, des épouses et des mères"
    Mais les préjugés vous rognent la tête ?
    Je vous conseille de faire des tours dans quelques cegeps et universités. Nous, les voilées, aspirons à les plus haut postes, et laissez-moi vous dire que, pour ma part, mes notes me permettent d'accéder à beaucoup plus qu'une simple chroniqueuse.. ;-)
    Sur ce, j'espère que vos stéréotypes concernant les femmes portant le hijab, risquent de changer!
    Vous ne connaissez pas la nouvelle génération...
    :)