Pour la loi 101 appliquée au Cégep

Cégep en français

J’aimerais bien qu’on comprenne que la Loi 101, avant de s’appliquer aux groupes minoritaires du Québec, s’applique d’abord à cette vaste majorité de Québécois qui ont encore la prétention de parler français.
- Pierre Bourgault

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Le Forum Jeunesse du Bloc Québécois (FJBQ) appuie avec enthousiasme la campagne qui vient d’être lancée en faveur de l’application de la loi 101 au Cégep. Nous joignons ainsi notre voix à messieurs Bernard Landry, Charles Castonguay et Mario Beaulieu, de même qu’à tous ceux et celles qui ont à cœur le rayonnement de notre langue.
Cette question nous interpelle personnellement car de nombreux cégépiens militent au sein de notre instance, qui représente les jeunes bloquistes de 16 à 30 ans.

Force est d’admettre que les enfants de la loi 101, ces jeunes élèves allophones qui fréquentent l’école primaire et secondaire française, ne sont pas nécessairement portés à fréquenter ensuite le cégep français. Loin de là. À l’heure actuelle, 50% des allophones s’inscrivent au cégep anglais, et ce, qu’ils aient été soumis ou non à la loi 101 au primaire et au secondaire. Or, ceux qui auront opté pour l’éducation collégiale en anglais opteront ensuite pour l’université en anglais, et iront ensuite sur le marché du travail sans jamais avoir acquis une connaissance suffisante du français, notre langue nationale. La suite est prévisible : « Sorry, I don’t speak french ».
La langue d’enseignement est intimement liée à la langue de travail et à la langue parlée au foyer. L’application de la loi 101 au Cégep hausserait inévitablement la part d’allophones qui suivraient une éducation collégiale et même universitaire en français, incitant par la suite ces individus devenus adultes à élever leurs enfants dans la langue de Molière.
Cela a d’autant plus d’importance que la plupart des jeunes choisissent leur carrière future lorsqu’ils fréquentent le Cégep. Parfois même, des allophones relativement âgés qui viennent juste d’arriver au Québec s’inscrivent au Cégep afin d’obtenir l’éducation professionnelle nécessaire. Nous sommes déjà minoritaires sur l’île de Montréal. N’attendons pas qu’il soit trop tard et que des situations similaires se produisent dans toutes les grandes villes du Québec.
Le Forum jeunesse tient à rappeler le rôle fondamental des institutions d’enseignement dans l’intégration linguistique. Les écoles anglaises du reste du Canada furent d’ailleurs d’excellents outils d’assimilation des minorités canadiennes-françaises, si bien que ces petites communautés ne plus que des « cadavres encore chauds », pour reprendre l’expression de René Lévesque.
Il y a urgence pour le seul gouvernement légitime des Québécois, celui qui est élu à l’Assemblée nationale, de se comporter comme un État national et de renforcer la cohésion sociale, l’unité et la solidarité populaire en appliquant véritablement l’unilinguisme français, conforme à tout modèle républicain. Nous ne pouvons plus nous permettre la peur, les hésitations ou les excuses. Avant la Révolution tranquille, nous avions opté pour la survie de notre langue. Après la victoire du Parti Québécois en 1976, nous avons opté pour l’affirmation de notre langue. Et le Québec a toujours été gagnant lorsque nous avons eu des gouvernements qui se sont battus pour nos intérêts fondamentaux.
La langue française est un formidable joyau collectif. Nous devons respect à toutes les générations de Québécois qui nous ont précédés, qui se sont battus pour qu’elle survive et qu’elle rayonne. Et il ne s’agit pas uniquement de mouvements nationalistes, mais aussi d’artistes, de poètes et d’écrivains, qui ont grandement contribué à sa richesse.
La langue est un outil de communication, le français est une « langue publique commune » s’appliquant à l’enseignement, au travail et à l’affichage commercial. Mais, plus encore, une langue constitue le cœur de l’identité, de l’histoire et de la culture d’une nation. Une langue en santé représente un peuple qui s’assume pleinement.
Le Forum jeunesse considère la langue française comme un bien commun, une richesse collective qui doit être traitée comme un précieux héritage que nous devrons à notre tour transmettre aux générations qui nous suivrons.
Notre situation géographique ne nous permet pas de ne pas avoir recours à un renforcement de la Charte de la langue française. Notre peuple est une minorité au Canada et en Amérique du Nord, où nous sommes entourés par 300 millions d’anglophones et soumis à une forte immigration qui se conjugue au modèle canadian de non-intégration.
La loi 101 est une des plus belles réussites du gouvernement de René Lévesque. Cependant, la Cour suprême fédérale ne s’est jamais gênée pour en charcuter des pans entiers au nom du multiculturalisme et du bilinguisme, principes sacrosaints enchâssés dans une Constitution qu’aucun gouvernement du Québec, libéral ou péquiste, n’a jamais envisagé de signer. Se battre pour notre langue au nom de notre histoire, de notre unité nationale et de notre volonté d’intégrer les nouveaux arrivants ne peut qu’aller de pair avec une dénonciation de ces idéaux menant à l’exclusion, à la ghettoïsation, à l’affaiblissement du tissu social et à la criminalisation de l’identité du groupe majoritaire.
Pour se libérer définitivement de cette idéologie étrangère et utopique et assurer la pérennité du français au Québec, le Forum Jeunesse tient à rappeler qu’il faut se libérer du système canadian qui la prône et tente de forcer son application à n’importe quel prix. En somme, comme Camille Laurin l’avait affirmé au sujet de sa loi, si nous voulons qu’il en reste quelque chose il faut que nous parvenions à l’indépendance politique.
Nous sommes de ceux qui y voient toujours l’unique solution, en plus d’être un formidable projet.
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Simon-Pierre Savard-Tremblay, Jason Bischoff, Arianne Bouchard, Sarah Désilets-Rousseau, Isabelle Hétu, Jean-François Landry, Philippe Leblanc-Lamothe, Marie-Andrée Plante et Jean-René Roy.
Exécutif national du Forum Jeunesse du Bloc Québécois


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