Faire de la politique autrement a été l'apanage des populistes en 2016. Qu'ils soient de gauche ou de droite, qu'ils viennent des Amériques ou du Vieux Continent, qu'ils se nomment Marine Le Pen, Donald Trump ou Beppe Grillo, bien des politiciens ont pris plaisir à flatter « le peuple » dans le sens du poil cette année, traînant leurs adversaires dans la boue, exagérant les problèmes, simplifiant les solutions à outrance...
Mais comment faire de la politique différemment sans verser dans le populisme ? Comment répondre au cynisme grandissant, au ressac anti-establishment et aux frustrations nées de la crise de 2008 sans tomber dans les excès et les extrêmes ?
On peut regarder vers la France pour trouver un début de réponse à ces questions. Il y a là-bas un candidat à la présidence qui propose une voie alternative, un certain renouveau qui mérite en effet l'attention. Emmanuel Macron, politicien rafraîchissant issu du sérail socialiste, s'y démarque par sa capacité à briser les codes, à attirer les électeurs déçus, à convaincre les jeunes de s'impliquer. Bref, à faire de la politique autrement sans démagogie.
Cet homme à suivre en 2017 n'a pas 40 ans, il n'a jamais été élu, n'a ni carte de membre de parti ni plateforme électorale. Il a été banquier dans le passé, inspecteur des Finances et même ministre de l'Économie sous François Hollande. Et il est politiquement inclassable.
Alors que la droite française se range derrière François Fillon et que la gauche se disperse en attendant la primaire de janvier, Emmanuel Macron se faufile entre les deux, refusant les étiquettes de « gauche » ou de « droite », voire celles de « socialiste » et « républicain ».
L'homme est social-libéral. Il est de centre gauche, partisan d'un libéralisme teinté de justice sociale, chantre d'un réformisme à la fois progressiste et ouvert à l'économie de marché, favorable à une mondialisation réglementée ainsi qu'à une lutte contre les inégalités. Emmanuel Macron est aussi un partisan de l'Europe, d'une laïcité inclusive et d'une baisse des impôts pour redynamiser la France.
Mais ce n'est pas dans ce seul positionnement qu'Emmanuel Macron se distingue sur la scène politique. Après tout, il s'inscrit dans la lignée de l'ancien premier ministre de la « deuxième gauche » Michel Rocard, et a une parenté avec la troisième voie qu'ont incarnée Tony Blair, Gerhard Schröder et Bill Clinton dans les années 90.
Là où il se démarque, donc, c'est d'abord dans sa volonté de rassembler plutôt que de polariser, une approche « transpartisane » en perte de vitesse en Occident.
Il incarne ainsi le trait d'union entre la gauche pragmatique (comme Manuel Valls), et la droite modérée (comme Alain Juppé). Certains commentateurs français le comparent à Justin Trudeau, mais c'est davantage dans les pas de Barack Obama version 2008 qu'il semble vouloir marcher.
Emmanuel Macron est ensuite un partisan de la décentralisation dans un pays foncièrement jacobin. Il pense « global », mais veut agir local, en favorisant la petite entreprise, en augmentant la mixité socio-économique dans les quartiers, en accordant plus d'autonomie aux écoles et en développant la police de quartier.
Et il se démarque, enfin, par sa manière de faire de la politique sur le terrain. Il a bien sûr pondu un livre pour coucher sa vision sur papier (passage obligé en France), mais il a surtout créé un mouvement, En marche !, qui gagne chaque jour en popularité.
Cette association politique - mais non partisane - permet une adhésion gratuite en un clic sur le web, la création de « comités » un peu partout dans l'Hexagone, la participation de membres de tous horizons et la tenue de « meetings » occasionnels.
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