Plante ou Coderre?

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Le « dégagisme » pourrait atteindre Montréal.

C’est demain que les Québécois choisiront leurs dirigeants municipaux.


À Québec, cela semble dans la poche pour Régis Labeaume, même s’il n’a plus les niveaux de popularité hallucinants du passé.


La surprise vient de Montréal, où Valérie Plante, une parfaite inconnue jusqu’à tout récemment, talonne Denis Coderre.


Vous auriez cru cela il y a quelques mois ? Pas moi.


Pourquoi ?


Quand on y regarde de près, on réalise que M. Coderre n’avait recueilli que 32 % du vote il y a quatre ans.


Pour le dire autrement, 68 % des Montréalais avaient voté pour d’autres candidats que M. Coderre.


Or, cette fois, Mme Plante est seule. Le vote anti-Coderre ne sera pas divisé.


Cela reste tout de même surprenant.


M. Coderre est omniprésent, a l’appui de tout l’establishment montréalais, et dispose sans doute d’une machine électorale et de ressources financières très supérieures à celles de sa rivale.


Le marché immobilier montréalais va bien. Le chômage a baissé. Les projets sont innombrables.


M. Coderre avait aussi l’immense avantage de succéder à Gérald Tremblay. Son énergie et son sens du concret faisaient du bien en comparaison de l’impression d’apathie que dégageait son prédécesseur.


Certes, il y a des sources de mécontentement légitimes. Les chantiers de construction donnent envie de hurler aux automobilistes.


M. Coderre a admis avoir mal géré le dossier de la course de Formule E. Il y a eu aussi d’autres coches mal taillées.


Mais cela ne suffit toujours pas à expliquer que la course soit à ce point serrée.


On trouve peut-être un début de réponse dans un récent sondage CROP-CBC : 55 % des Montréalais disaient trouver M. Coderre « arrogant ».


On pourra chipoter sur le sens du mot, mais il est vrai que M. Coderre nous a montré occasionnellement un côté autoritaire, notamment quand il a lourdement rappelé à une policière qu’il était son patron.


Une mise en scène comme la démolition, avec un marteau-piqueur, de la surface en ciment qui devait accueillir une boîte postale, en guise de protestation contre la fin projetée de la livraison du courrier à domicile, n’était pas l’idée du siècle.


On échappe difficilement à l’impression que seul Justin Trudeau peut, pour le moment, se comporter comme un imbécile et ne pas en payer le prix politique.


Changement


Au fond, l’explication la plus plausible de cette course si étonnamment serrée est peut-être que Mme Plante tire profit de ce qu’elle se présente comme l’anti-politicienne, la personne « normale », la nouveauté, à un moment où, absolument partout, beaucoup de gens veulent « du-autre-chose-que-ceux-qui-sont-là-depuis-toujours ».


Or, même si M. Coderre n’est maire que depuis quatre ans, il a été un politicien pendant toute sa vie adulte.


Il devrait tout de même gagner, mais au fond, son principal adversaire aura été l’air du temps.