Pause

Plus de 940 billets d’écrit, et au fond ça donne quoi?

Le destin québécois

Je ne vous conterai pas de blagues: je n’ai plus l’énergie ou le temps, en ce moment, d’écrire sur ce blogue. Depuis que j’ai commencé à bloguer à la fin 2006, c’est la première fois que ça m’arrive. Je ne peux même pas donner l’excuse d’avoir d’autres projets. La vérité, c’est que si j’ai déjà eu d’autres projets, ceux-ci ne m’ont jamais empêché d’écrire sur ce blogue. Même quand on me laissait savoir qu’une occasion X ou un emploi Y l’exigeait, j’ai continué d’écrire et j’ai simplement mordu plus fort encore.
En ce moment, pourtant, je ne peux pas. Outre le fait que je travaille d’une manière très intellectuelle ces temps-ci, l’autre vérité, c’est que je ne sais plus quoi écrire. Faire autre chose, peut-être en aurais-je l’énergie, mais à quoi bon? Ça fait quoi, plus de 940 billets que j’écris, et pas toujours des billets à l’eau-de-rose. J’ai parlé de tout. Et de rien. Et mon dernier billet sur les ti-counes résume peut-être mieux que quoi que ce soit d’autre ma pensée actuelle sur la politique québécoise.
Dit autrement, et plus platement: pourquoi passer des heures à écrire, des semaines à argumenter, des mois à s’informer et à propager la raison, les statistiques, la science, des idées de progression humaine et de gestion collective de notre environnement si plus personne ne lit, si les décisions politiques se prennent sous le coup de l’émotion, si les cliques et le carriérisme ont remplacé l’ouverture et les joutes verbales.
À quoi bon écrire quand ceux qui vous lisent ont voté pour des individus ne parlant même pas leur langue, ne s’étant même pas présenté dans leur comté et n’ayant même pas fait campagne?
À quoi bon? À ce point, je pourrais prouver que la Terre est ronde qu’on continuerait de la dire plate.
Obscurantisme.
Alors, je prends une pause. Non, je ne quitte pas définitivement. Je déteste les gens qui quittent et qui reviennent ensuite, ayant empoché tous les remerciements d’usage comme autant de félicitations jetables et usées. Je prends une pause, ça laisse une ouverture.
Un jour, une semaine, un mois, une année, dix ans. Qui sait?
Plus de 940 billets d’écrit, et au fond ça donne quoi?
Harper est majoritaire, le seul parti indépendantiste à Ottawa a été virtuellement rayé de la carte, le Parti Québécois fait la promotion du bilinguisme généralisé à l’école, on va imposer l’anglais aux enfants québécois du primaire pendant qu’on refuse d’imposer le français aux anglophones vivant chez nous, on baisse les impôts des entreprises, on coupe nos services, on lit Écho Vedettes.
Tiens, c’est ça que je vais faire moi aussi.
Le monde part en chiotte, mais on va s’intéresser à la vie secrète du Sperminator.
C’est ainsi que meurent les grandes nations.
À bientôt.
(J’espère)
Louis Préfontaine


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé