Dans un texte publié récemment, M. Roy affirme qu'une alliance de tous les «partis souverainistes» serait souhaitable pour les prochaines élections de 2018. Nous ne doutons pas de la sincérité de M. Roy; nous cherchons tous à trouver la bonne approche électorale pour faire du Québec un pays. Cependant, le raisonnement avancé repose sur des présuppositions qui nous semblent erronées.
Québec solidaire constitue une alliance politique entre le milieu communautaire et les anciens marxiste-léninistes pour fonder un parti «progressiste». Leur souverainisme ne s'inscrit que dans une optique de réaménagement des structures démocratiques qui n'a rien à voir avec la lutte pour l'émancipation nationale du peuple québécois. La preuve, ils sont les premiers à défendre la Charte canadienne des droits et libertés pour protéger les minorités de la «tyrannie de la majorité». Les arguments de QS contre la laïcité sont les mêmes que le Parti libéral: ce sont des libéraux de gauche qui défendent systématiquement les droits individuels. Ils adhèrent à la vision libérale du Canada de P.E. Trudeau en appelant même à voter pour le NPD, lui-même soutenant le Parti libéral du Québec. QS a été créé par la haine que le Parti québécois suscite chez une certaine petite-bourgeoisie montréalaise.
Option nationale est pratiquement morte. Le départ de M. Aussant a complètement décrédibilisé le parti et M. Zanetti - qui a évoqué le changement du fleurdelisé pour y inclure des signes de la «diversité culturelle» - a définitivement ruiné ses chances d'être pris au sérieux. Nous soupçonnons d'ailleurs de nombreux membres d'ON d'avoir pris leurs cartes du PQ pour voter en faveur de M. Péladeau...
Soyons honnêtes deux secondes. Il n'y aura jamais d'alliance possible entre QS et le PQ. Ces deux partis sont en fait philosophiquement opposés. Le PQ défend un nationalisme historique, culturel et linguistique, QS veut détruire tout sentiment national; le PQ veut transcender le clivage gauche-droite, QS veut activer une lutte idéologique entre la droite et la gauche; le PQ veut ramener en son sein les électeurs caquistes, QS méprise complètement l'électorat de région «aliéné» par Québecor, les médias, la culture populaire; le PQ s'oppose au multiculturalisme issu de la Constitution canadienne de 1982, QS le défend, etc.
Il est même probable qu'en cas de débat référendaire, une grande partie de l'électorat solidaire vote contre l'indépendance du Québec pour des raisons de «pureté gauchiste» ou tout simplement par loyauté envers le Canada.
Arrêtons de nous mentir collectivement sur l'alliance impossible entre des partis irréconciliables... Même les militants cohérents de QS vous le diront: il n'y a pas d'alliance possible entre un parti défendant l'héritage fédéraliste des droits individuels appelant à voter pour la sociale-démocratie canadienne et un autre parti défendant le néo-nationalisme québécois travaillant à la création d'un État indépendant.
Nous irons même plus loin dans la logique de rupture entre les deux partis en affirmant que la haine du Parti québécois par QS est utile à la cause indépendantiste. Plus il y aura de distance entre le projet de société utopique, postmoderne et inclusif des solidaires d'un côté, et le projet de pays du Parti québécois de l'autre, plus ce dernier sera crédible aux yeux de l'électorat mollement nationaliste. L'objectif du Parti québécois est de ramener la majorité de l'électorat francophone au bercail afin d'amorcer une stratégie indépendantiste. Le PQ souhaite évidemment la récupération de l'électorat de la Coalition Avenir Québec et non pas une alliance avec Québec solidaire, parti marginal et principalement montréalais.
Comme le dit si bien M. Roy: «Dans les échanges futurs encouragés par le OUI, on discutera ferme sans doute, mais on discutera surtout de résultats et de rapprochements non-sectaires autour desquels le mouvement pourrait se reconstruire rationnellement. Le mot « rationnellement » est important.»
Effectivement, il faut raison garder et ne pas succomber à une lecture superficielle des forces en présence.
A. Cormier-D.